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Peine de mort :Hank Skinner se bat pour obtenir un sursis

Condamné à mort au Texas, Hank Skinner doit être exécuté le 24 mars à minuit, heure belge. Il se bat pour obtenir un sursis. Et de nouvelles analyses ADN qui pourraient l’innocenter.

Hank Skinner bénéficiera-t-il d’un nouveau sursis? Son dossier sera-t-il rouvert? Cet Américain de 47 ans, condamné à la peine capitale en 1995 pour le meurtre de sa compagne, Twila Busby, et des deux fils adultes de celle-ci, doit être mis à mort par injection le 24 mars à la prison de Livingston (Texas). Une exécution déjà reportée d’un mois le 24 février par une cour texane.

Les espoirs de Skinner et de son épouse française, Sandrine Ageorges, sont désormais entre les mains de la Cour suprême des Etats-Unis et du gouverneur du Texas, Rick Perry. Eux seuls peuvent leur accorder un répit supplémentaire de 30 jours et ordonner ce que Skinner et ses défenseurs réclament à cors et à cri depuis des années: des analyses ADN qui, selon eux, pourraient prouver l’innocence du condamné.

Des éléments jamais analysés
Curieusement, plusieurs objets et éléments matériels rassemblés sur les lieux du crime n’ont jamais été exploités -un blouson d’homme, deux couteaux ensanglantés, des résidus de peau prélevés sous les ongles de Twila et des cheveux trouvés dans sa main. « L’opposition [de l’accusation] aux analyses ADN semble avoir grandi depuis qu’un test sur l’un de ces cheveux a montré qu’il n’appartenait pas à l’accusé », ironise David Protess, professeur de journalisme, dans la lettre qu’il a envoyée au Bureau des grâces du Texas pour soutenir Skinner.

Protess s’est taillé une solide réputation, outre-Atlantique, à travers son Projet Innocence, lancé en 1999 à l’école de journalisme de la Northwestern University, dans l’Illinois. Ses étudiants passent au crible les dossiers pénaux des accusés et mènent leurs propres enquêtes de terrain. Un travail de fourmi qui leur a permis de faire innocenter 11 détenus, dont 4 pensionnaires du « couloir de la mort ».

Seuls les tests ADN pourraient établir une vérité

Dans son courrier, le Professeur Protess étrille l’enquête et le procès qui ont conduit à la condamnation de Skinner. Une curieuse affaire, dans laquelle « il n’y a pas de confession (au contraire, M. Skinner a constamment protesté de son innocence), pas de témoin visuel, pas de mobile, pas d’antécédents de violence [chez l’accusé], pas de preuves matérielles de sa culpabilité. »

Conclusion de Protess: « J’ai rarement vu un accusé jugé coupable sur la base d’un dossier aussi branlant. » En prime, le témoin numéro 1 de l’accusation a avoué après le procès avoir menti. Quant à l’avocat commis d’office de Skinner, il était l’ancien procureur du comté… Un conflit d’intérêt qui laisse Protess pantois. A ses yeux, la culpabilité de Skinner est « sujette à caution, au mieux. En fait, il pourrait bien être innocent. » Seuls les tests ADN peuvent permettre d’en avoir le coeur net .

Anne Vidalie

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