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Où seront enterrés les kamikazes de Paris ?

Le Vif

Dix terroristes sont morts lors des attentats le 13 novembre à Paris et durant l’opération policière cinq jours plus tard à Saint-Denis. À l’heure actuelle, leurs corps sont encore examinés, mais la question se pose de ce qu’il adviendra de leurs dépouilles.

La loi française est claire. Toute personne décédée a droit à une inhumation dans la commune où elle résidait, où elle est décédée, où sa famille possède une sépulture ou dans la municipalité où elle était inscrite. Cependant, personne n’est très enthousiaste à l’idée d’inhumer les corps des terroristes sur son territoire.

En ce moment, leurs restes se trouveraient à l’Institut médico-légal à Paris où ils sont identifiés et examinés. Les chercheurs ignorent encore l’identité de deux terroristes porteurs de passeports syriens – probablement faux.

Après l’instruction judiciaire, les dépouilles seront transférées à leurs familles. Généralement, les autorités excluent la crémation, de sorte qu’elles puissent déterrer les corps en cas de nécessité pour l’instruction.

Si la famille ne réclame pas le corps, les communes où sont décédés les terroristes, dans le cas présent Saint-Denis et Paris, doivent s’occuper de l’enterrement. La ville de Paris a déjà laissé entendre qu’elle ne s’opposerait pas à l’inhumation d’un ou plusieurs terroristes dans la cité.

La question a également été soulevée lors des attentats précédents perpétrés sur le sol français. Chérif et Saïd Kouachi, les auteurs de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo en janvier dernier, ont été respectivement enterrés à Gennevilliers (près de Paris) et Reims après le refus initial du maire de Reims d’inhumer le corps sur son territoire. Les frères Kouachi ont été enterrés la nuit sous escorte policière et en l’absence de leurs proches.

Le corps d’Amedy Coulibaly, l’auteur de la prise d’otages dans un supermarché casher parisien, est enseveli au sud de Paris. Le Mali, le pays d’origine de sa famille, avait refusé le transfert du corps.

Le terroriste franco-algérien Mohammed Merah, qui a assassiné sept personnes près de Toulouse, a quant à lui été enterré aux alentours de la ville, après que l’Algérie ait refusé de s’en charger. « Il était Français, qu’il soit enterré et qu’on ne fasse pas de polémique avec ça » avait déclaré le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy.

Il est certain que les dix terroristes des attentats de Paris seront inhumés anonymement afin d’éviter que leurs tombes se transforment en lieux de pèlerinage de leurs partisans. Les frais sont à la charge des familles, mais si celles-ci n’ont pas les moyens, c’est l’état français qui paie.

Sur les dix terroristes, au moins trois ont un lien avec la Belgique. Comme Abdelhamid Abaaoud possédait la nationalité belge, il devrait être enseveli dans notre pays, même si la loi française autorise qu’il soit enterré à Saint-Denis. Les Français Bilal Hadfi et Brahim Abdeslam vivaient en Belgique et peuvent donc également être inhumés ici, en fonction des souhaits de leurs familles.

Matthias Verbergt

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