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ONU: les six dossiers chauds de l’Assemblée générale

Comme tous les ans en septembre, les dirigeants du monde se retrouvent à New York pour débattre des grands enjeux mondiaux à partir de ce mardi: Syrie, nucléaire iranien, Mali, RD Congo, Somalie et Yémen.

L’ouverture, ce mardi, de l’Assemblée générale de l’ONU principal organe de délibération de l’organisation, est, comme chaque année en septembre, l’occasion de passer en revue conflits et crises dans le monde. Les décisions sur des sujets importants tels que la paix et la sécurité internationales, l’admission de nouveaux Membres et les questions budgétaires sont prises à la majorité des deux tiers par l’Assemblée. Chacun des 193 États Membres dispose d’une voix à l’Assemblée.

Syrie

Bien que la Syrie s’enfonce de plus en plus dans la guerre avec une centaine de morts chaque jour depuis plusieurs mois, Il n’y aura pas de réunion formellement dédiée à la Syrie, pourtant « présente dans tous les esprits », selon le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, en raison des divergences entre grandes puissances. Les dirigeants occidentaux l’évoqueront dans leurs discours, mais Russie et Chine, qui paralysent l’action du Conseil de sécurité depuis 18 mois, n’enverront à New York que des ministres.

Le nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi, qui vient de conclure sa première visite à Damas sans résultat apparent, n’a pas dévoilé de plan précis pour faire cesser les combats et assurer une transition politique. Il a déclaré lundi devant le Conseil de sécurité que le conflit s’aggravait et que la Syrie faisait face à une crise alimentaire croissante. L’émissaire de l’ONU aura des consultations en marge de l’Assemblée. Une session ministérielle du Conseil consacrée au Printemps arabe devrait être dominée par la crise syrienne. L’Union européenne lancera aussi un appel humanitaire en faveur de la Syrie en marge de l’Assemblée.

Sahel

La prise de contrôle du Nord du Mali par des groupes liés à Al-Qaïda s’est ajoutée à une pénurie alimentaire affectant 18,7 millions de personnes dans neuf pays, du Tchad à la Mauritanie.
Le président français François Hollande et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton participent mercredi à un sommet qui devrait déboucher sur l’annonce par l’ONU d’une stratégie globale et d’un envoyé spécial pour le Sahel.

Les pays d’Afrique de l’Ouest souhaitent aider le gouvernement malien à reconquérir le Nord en déployant une force panafricaine sous mandat de l’ONU. Mais les voisins africains du Mali sont en désaccord avec Bamako sur l’ampleur de cette assistance militaire et le Conseil de sécurité n’est pas prêt à donner sa bénédiction sans connaître les modalités précises d’une ‘intervention dans un pays déstabilisé par le coup d’Etat du 22 mars.

La Belgique s’est dite prête lundi à soutenir une intervention militaire internationale au Mali, notamment via la formation et l’entraînement des troupes, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.

Nucléaire iranien

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui doit quitter le pouvoir en 2013 après deux mandats, prononcera son dernier discours devant l’Assemblée mercredi. Ses diatribes contre Israël, ou ses proclamations négationnistes ont à plusieurs reprises fait scandale, déclenchant le départ de la salle de diplomates américains et occidentaux.

Cette année, les spéculations autour de frappes israéliennes sur les installations nucléaires iraniennes (les Occidentaux soupçonnent l’Iran de vouloir acquérir l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil) seront dans toutes les têtes. Ces spéculations ont notamment fait monter, en pleine campagne électorale américaine, la tension entre Israël et son allié américain.
Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie et Allemagne se concerteront jeudi sur ce dossier. Le même jour, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu prononcera un discours à l’Assemblée dans lequel il a promis de dire « la vérité sur le régime terroriste de l’Iran ».

Yémen

Le Yémen, un des pionniers du Printemps arabe, est aujourd’hui confronté à des défis politiques et économiques. L’ex-président Ali Abdallah Saleh, qui a cédé sa place en février à Abd Rabbo Mansour Hadi après 33 ans au pouvoir, n’a pas renoncé à ses ambitions politiques. Le nouveau gouvernement fait aussi face à la menace d’Al-Qaïda, dont les partisans sont fortement implantés dans le sud et l’est du pays.

Au bord de l’effondrement économique, le pays a obtenu début septembre des promesses d’aide de 6,4 milliards de dollars lors d’une conférence de donateurs à Riyad, alors qu’il en réclamait presque le double. Une réunion des Amis du Yémen sera organisée jeudi par le Royaume-Uni et l’Arabie saoudite.

Somalie

Les grandes puissances ont salué l’élection le 10 septembre du nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud, aboutissement d’une transition politique complexe parrainée par l’ONU depuis 2000. Mais elles lui demandent d’agir vite pour empêcher son pays de replonger dans le chaos. Le Conseil de sécurité l’a encouragé à intensifier la lutte contre les islamistes shebab -qui ont tenté de l’assassiner deux jours après son élection- et contre les pirates somaliens et à combattre la corruption.

Un message que devraient répéter mercredi le Premier ministre britannique David Cameron et Hillary Clinton lors d’une conférence sur la Somalie. Selon l’ONU, deux millions de Somaliens affectés par la sécheresse et les combats incessants ont encore besoin d’une aide alimentaire, soit le quart de la population.

République démocratique du Congo (RDC)

Kinshasa et des experts de l’ONU accusent le Rwanda, qui dément, de soutenir en RDC les mutins du mouvement M23. Ceux-ci ont établi selon l’ONU une « administration de fait » dans le Nord-Kivu (est de la RDC). Plus de 500.000 personnes ont été déplacées par les combats dans cette zone depuis longtemps instable, où l’ONU a déployé une force de 17.000 hommes (Monusco) pour protéger les civils. Les présidents congolais et rwandais, Joseph Kabila et Paul Kagame, devraient participer jeudi à une réunion sur la RDC et plus largement la région des Grands Lacs.

Les onze pays de cette région tentent, en vain jusqu’ici, de mettre sur pied une force « neutre » pour surveiller la frontière RDC-Rwanda. Une autre réunion, mardi, évoquera la traque des rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), présents en RDC, Ouganda, Centrafrique et Soudan du Sud.

Et aussi, Palestine

Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé, début septembre qu’il lancerait les démarches pour l’accession de la Palestine au statut d’Etat non membre de l’ONU le 27 septembre, lors de son discours devant l’Assemblée. Mahmoud Abbas a manifesté à plusieurs reprises son intention de se tourner vers l’Assemblée générale, après avoir renoncé, faute de majorité, à demander un vote au Conseil de sécurité sur la demande historique d’adhésion à part entière d’un Etat de Palestine, déposée le 23 septembre 2011. Pour être adoptée, la résolution élevant la représentation de la Palestine du rang d’Etat à celui d’Etat non membre, comme le Vatican, doit être votée par plus de la moitié des 194 Etats membres, où elle est assurée d’une large majorité.

LeVif.be avec L’Express

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