Kailash Satyarthi et Malala Yousafzay. © Belga

Nobel de la Paix : une réponse aux extrémistes islamistes

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les lauréats 2014, Malala Yousafzay et Kailash Satyarthi, sont honorés pour leur combat en faveur de l’éducation des enfants. La distinction de la jeune Pakistanaise est aussi un appel à la résistance à l’extrémisme de tous les islamistes

En désignant la Pakistanaise Malala Yousafzay et l’Indien Kailash Satyarthi lauréats 2014, les membres du Comité Nobel norvégien ont envoyé un triple message au monde.

Ils ont rappelé l’importance de l’accès à l’éducation des enfants alors que pour des millions d’entre eux, ce n’est pas encore un droit acquis. Malala Yousafzay, en défendant avec un courage inoui l’enseignement pour les filles pakistanaises, et le militant Kailash Satyarthi, en réussissant à travers son organisation Bachpan Bachao Andolan à sortir 80 000 enfants de l’injustice du travail contraint, ont tous deux fait progresser à leur manière l’idée de la paix à travers l’éducation.

En désignant un lauréat pakistanais et un autre indien, le Comité Nobel souligne aussi que deux Etats pourtant plus souvent engagés ces dernières années dans une logique de confrontation que de coopération peuvent porter des projets qui se rejoignent autour d’une valeur universelle. Les gouvernements d’Islamabad et de New Delhi sont donc implicitement invités à poursuivre l’oeuvre de leurs concitoyens reconnus désormais internationalement.

Enfin et surtout, l’octroi du prix Nobel de la Paix à Malala Yousafzay, qui à 17 ans devient sa plus jeune lauréate, est un appel à la résistance à l’obscurantisme. Son parcours est à lui seul un long combat contre l’extrémisme. Celui en l’occurrence des talibans pakistanais qui vont occuper, en deux périodes à partir de 2007, la Vallée de Swat, territoire reculé du nord-ouest du Pakistan. A…11 ans, Malala Yousafzay décrit sur un blog relayé par la BBC la tristesse que provoque chez elle qui rêve de devenir médecin l’interdiction imposée par les talibans aux jeunes filles de fréquenter l’école. Son message et son combat acquièrent une audience internationale. Une fois l’armée pakistanaise redevenue maître de cette zone frontalière de l’Afghanistan, elle est élevée au rang d’héroïne. Le 9 octobre 2012, ce symbole du combat pour l’éducation est la cible d’une tentative d’assassinat à la sortie de son établissement scolaire. Touchée d’une balle à la tête, elle est sauvée par les médecins de l’hôpital de Birmingham, au Royaume-Uni, spécialisé dans les soins prodigués aux soldats britanniques de retour du champ de bataille afghan.

A travers Malala Yousafzai, les membres du Comité Nobel ont aussi voulu stigmatiser l’arbitraire des extrémistes islamistes qui, hier en Afghanistan, au Mali, en Somalie, aujourd’hui en Irak et en Syrie, tuent, répriment, interdisent, violent les droits de l’homme au nom d’un islam dévoyé.

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