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Népal : après le séisme, le trafic d’êtres humains s’amplifie

Stagiaire Le Vif

Les trafiquants profitent du chaos provoqué par le séisme pour enlever des jeunes femmes népalaises et les obliger à se prostituer.

Au Népal, les paysages apocalyptiques post-tremblement de terre semblent attirer les vautours. Profitant du chaos qui règne depuis le séisme, les trafiquants d’êtres humains rappliquent en nombre, rodant entre les décombres de Katmandu et ses environs à la recherche de nouvelles proies, essentiellement féminines. Leurs pratiques y feraient déjà jusqu’à 15 000 victimes par an, mais la tendance risque de fortement s’accentuer au cours des prochaines semaines, alertent en choeur l’ONU et les ONG locales.

« Il n’y a rien de tel qu’une catastrophe pour trouver des opportunités de trafiquer plus de femmes », concède sur place, une secouriste occidentale. « Et ce tremblement de terre va certainement augmenter le risque d’abus », enchaîne Rashmita Shashtra, une médecin de Katmandu.

La méthode des trafiquants ? Se rendre sur place, de préférence dans les endroits les moins bien lotis, en prétextant venir en aide aux survivants, pour leurrer puis kidnapper les femmes. « Les gens ici sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à saisir n’importe quelle opportunité. Il y a des gens qui viennent en repérage dans les villages et persuadent les familles de les laisser emporter les jeunes filles », relate Rashmita. On leur fait miroiter un job bien payé ou un mariage avec de riches étrangers. Il n’en est évidemment rien.

« Des rapports sexuels avec 30 hommes par jour »

Enlevée par ces mêmes « commerçants » voici deux ans, Sita, aujourd’hui libérée de leurs griffes, sait parfaitement ce qui attend les captives. « Je suis vraiment inquiète pour elles, car elles vivront la même chose que moi », assure-t-elle. Un oncle était venu la chercher « pour un emploi » en Inde. Pauvres et analphabètes, ses parents avaient accepté le « deal ». « Je travaillais en fait dans un bordel, où j’étais forcée d’avoir des rapports sexuels non protégés avec 20 à 30 hommes par jour, pendant 1 an. J’y ai d’ailleurs contracté le SIDA. »

Filles et jeunes femmes népalaises font depuis longtemps le « bonheur » de réseaux criminels basés en Inde, où la plupart d’entre elles se voient d’ailleurs emmenées. Les autres finissent dans le Sud-est asiatique, voir en Afrique du Sud. Quelle que soit la destination, les conditions de vie sont épouvantables, et personne n’en sort indemne. « Je fais encore des cauchemars tous les jours », avoue Sita. A.V.

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