Natascha Kampusch en 20110. © Reuters

Natascha Kampusch: 10 ans de liberté mais toujours pas de « vie normale »

Le Vif

L’Autrichienne Natascha Kampusch, séquestrée pendant huit ans dans une cave alors qu’elle était enfant, a confié à plusieurs médias ne pas avoir encore retrouvé la « vie normale » à laquelle elle aspire, dix ans après la fin de son calvaire.

« Le cirque médiatique » qui a duré plusieurs années après son évasion, le 23 août 2006, « a limité pour beaucoup de choses » cette jeune femme âgée de 28 ans aujourd’hui, qui s’est sentie longtemps dans « une sorte de deuxième prison », explique-t-elle dans une interview au quotidien Kurier.

« Ce qu’on appelle la vie normale n’existe pas », dit Natascha Kampusch, qui sortira début août un livre intitulé « Dix ans de liberté ».

Dans un long reportage sur sa vie en Autriche, diffusé lundi soir à la télévision publique ORF, la jeune femme dit ne s’être « sentie vraiment libre » qu’en de « rares moments » au cours de ces dix années.

En cause, « les préjugés » de l’opinion publique sur cette histoire qui a fasciné les médias internationaux et donné lieu à de nombreuses rumeurs sur ces années de captivité.

Ainsi, les rumeurs sur un complice de Wolfgang Priklopil, son ravisseur alors âgé de 35 ans, ont longtemps alimenté les articles de presse. Plusieurs enquêtes ont écarté cette hypothèse.

« Maintenant commence la phase où j’essaie de prendre ma vie en main (…), de dire +j’ai le droit d’être, de vivre, de m’épanouir+ », confie-t-elle encore à ORF. Elle raconte aussi prendre des cours de chant et d’équitation.

D’anciennes camarades d’école restées proches d’elle témoignent de sa « force » pour se reconstruire.

Natascha Kampusch visite également avec l’équipe de la télévision publique autrichienne la maison de Strasshof, à une trentaine de kilomètres de Vienne, où elle a été détenue, à quelques kilomètres seulement du lieu de son enlèvement.

La maison de son ravisseur lui appartient désormais et elle dit y venir tous les deux mois environ « lorsqu’il y a quelque-chose à faire » pour l’entretien des lieux, « changer le compteur d’eau ou faire réparer le toit », par exemple.

Enlevée à l’âge de 10 ans alors qu’elle se rendait à l’école, Natasha Kampusch a passé la plupart de ses années de captivité dans une cachette de moins de 6m2, construite par Wolfgang Priklopil sous le garage de ce pavillon.

Natascha Kampusch est restée enfermée pendant « 3.096 jours », titre son premier récit paru en 2010. Le 23 août 2006, elle avait réussi à s’enfuir et Priklopil s’était suicidé le soir même.

« Il admirait Hitler et voulait que je ressemble à une victime des nazis », explique-t-elle sur ORF. Son ravisseur lui donnait peu de vêtements pour se couvrir, peu de nourriture, l’humiliait, la forçait à des travaux pénibles et lui avait rasé la tête, ajoute-t-elle.

Un livre publié en mars en Allemagne par un journaliste et ancien policier a révélé que son ravisseur avait tourné des vidéos où on voit l’enfant dans ces postures dégradantes.

L’auteur affirme avoir eu l’autorisation de la jeune femme pour écrire ce livre mais Natascha Kampusch avait demandé son retrait en justice, qu’elle n’a pas obtenu.

Elle affirme ne pas vouloir gagner d’argent avec ses propres livres, mais vouloir « raconter elle-même » son histoire.

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