A Mons, de futures juristes ont découvert qu'un vieux château en Hainaut valait bien un décor de Game of Thrones. © HATIM KAGHAT POUR LE VIF/L'EXPRESS

Marie de Bourgogne, aussi star que Sansa Stark

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Des étudiants en droit à Mons ont trouvé aussi bien que les décors et les héros de Game of Thrones : d’authentiques traces de leur passé en Hainaut.

Sansa Stark, fille de châtelains, n’a fait qu’une bouchée de Marie de Bourgogne, fille unique de Charles le Téméraire, qui accorda aux Hennuyers le Grand Privilège en 1477. Robert Baratheon, vilain usurpateur, a mis KO debout Childéric Ier, roi mérovingien qui fit de Tournai sa capitale au ve siècle. Les héros de Game of Thrones n’ont laissé aucune chance à deux authentiques gloires de notre passé.

Pour champ clos de leurs affrontements : un auditoire de la faculté universitaire de Mons. En guise de ring, un grand écran. Et pour désigner vainqueurs et vaincus de ces drôles de joutes : l’applaudimètre confié à des étudiants en droit. Y’a pas eu photo : autant les bobines des stars de Hollywood projetées sur la toile blanche leur ont été d’emblée familières, autant les portraits-robots des personnages de jadis les ont laissés sans voix.

Un château en Hainaut digne d’un décor médiéval hollywoodien

Grosse claque pour feu Childéric Ier et feue Marie de Bourgogne, proprement envoyés dans les cordes. Le cruel test de notoriété n’avait d’autre ambition que de mettre les pieds dans le plat :  » Pourquoi diable se passionner pour Game of Thrones et pas pour notre propre histoire ? Pourquoi connaissons-nous mieux des acteurs hollywoodiens que les acteurs de notre passé ?  » A l’origine de cette mise à l’épreuve, Anne-Emmanuelle Bourgaux, professeure à l’école de droit de l’université de Mons, a lancé ses étudiants en première année de bachelier en droit sur les routes du Hainaut. A la rencontre de vestiges ou de sources écrites dignes de décors ou de scripts imaginés dans des studios d’outre-Atlantique.

Dans le hall de la faculté universitaire, le temps d’une expo, panneaux photos et montages vidéo ont témoigné du fruit de ces découvertes. Pas de doute : les ruines de l’abbaye d’Aulne, le château-fort d’Ecaussinnes, la cathédrale Notre-Dame de Tournai, le beffroi de Mons ou le compte-rendu d’un authentique procès en sorcellerie du xviie siècle, soutiennent la comparaison avec les lieux de tournage ou une scène de supplice de la série télévisée médiéval-fantastique. Sauf qu’ici, en terre hennuyère, tout fut vrai.

Qu’ils ou elles se prénomment Coralie, Pauline, Cyril, Valentin ou Laure, tous confessent n’avoir jamais prêté attention aux traces du passé qu’ils croisent parfois tous les jours. Tous admettent n’être sortis de l’école secondaire qu’avec de vagues notions d’histoire de Belgique. Tous avouent tirer de cette expérience sympa la sensation qu’un témoignage du temps jadis peut faire autant vibrer que l’épisode bien ficelé d’une fiction made in USA. Childéric Ier et Marie de Bourgogne reviennent de loin.

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