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Les réacteurs nucléaires européens sont sûrs mais pourraient l’être davantage

La sûreté des centrales nucléaires européennes est globalement satisfaisante mais elle pourrait être meilleure, selon un rapport de la Commission européenne qui évalue les investissements nécessaires à une fourchette de 10 à 25 milliards d’euros.

Dix-huit mois après la catastrophe de Fukushima qui avait poussé l’Union européenne à soumettre son parc nucléaire à des tests de résistance, le commissaire européen en charge de l’Energie, Günther Oettinger, a présenté jeudi son rapport d’évaluation final.

« De manière générale, la sûreté (nucléaire) en Europe est satisfaisante », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse. « Aucune centrale ne doit être arrêtée pour des raisons de sécurité mais, presque partout, il y a un potentiel en termes d’amélioration ».

L’évaluation montre en effet que les normes et pratiques internationales ne sont pas appliquées systématiquement en Europe et pointe une série de progrès possibles en matière de gestion de risques sismiques, d’inondations, de méthodes de surveillance, etc.

« Ce que nous voulons aujourd’hui avec ce rapport, c’est donner une impulsion pour que les normes européennes de sûreté arrivent au niveau le plus élevé qui soit », a ajouté M. Oettinger.

Le coût global de ces adaptations est toutefois évalué dans une fourchette variant de 10 à 25 milliards d’euros pour l’ensemble du parc européen, soit 100 à 200 millions d’euros par réacteur en moyenne.

Ces tests ont porté sur un ensemble de 145 réacteurs installés dans les 14 pays européens -dont la Belgique qui compte 7 réacteurs à Doel et Tihange- recourant à l’atome pour produire de l’électricité, plus l’Ukraine et la Suisse, ainsi que la Lituanie où une centrale nucléaire est en cours de démantèlement.

L’analyse a été pour l’essentiel menée par les opérateurs et les superviseurs nationaux, le tout visé par après par des experts européens.

La sûreté des centrales, notamment envers les risques terroristes, a été traitée par un groupe spécial mis en place par les gouvernements, mais ses conclusions resteront confidentielles.

Outre les risques liés à d’éventuels séismes ou inondations, le rapport pointe entre autres choses l’absence de recombineurs d’hydrogène, un équipement qui permet de prévenir des explosions d’hydrogène, dans une dizaine de centrales britanniques et cinq des six centralesespagnoles.

« Ceci n’est toutefois pas la fin de l’exercice. Nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle dynamique en matière de sûreté nucléaire », a encore dit jeudi M. Oettinger.

Il présentera à cet effet en février prochain une nouvelle directive sur la sûreté nucléaire, ainsi qu’une proposition législative en matière d’assurance et de responsabilité en cas d’accident.

Les conclusions du rapport devraient aussi être évoquées lors du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, dans deux semaines.

Dans un communiqué, l’organisation de défense de l’environnement Greenpeace juge toutefois que ces tests de résistance, même s’ils ont révélé certaines faiblesses, ont soigneusement évité certains dangers, comme la menace terroriste, le risque de chute d’avion et l’efficacité de plans d’évacuation en cas d’accident nucléaire.

« Les tests ignorent aussi l’âge des centrales et passent à côté des fissures présumées dans les vieilles cuves qui ont contraint deux réacteurs belges à la fermeture ces derniers mois », dénonce l’organisation.

Pour Greenpeace, la moitié des réacteurs européens pose en réalité danger, soit en raison de leur âge, de leur sensibilité aux séismes ou de l’absence d’enceinte secondaire efficace.

Le Vif.be, avec Belga

Les recommandations pour la Belgique Le rapport formule une série de recommandations aux différents pays européens recourant à l’atome civil. Voici celles adressées à la Belgique:

L’Agence fédérale de contrôle nucléaire doit mieux superviser l’analyse de risques sismiques pour les réacteurs du pays, ainsi qu’évaluer les mesures prises en conséquence et les marges de sécurité.

Pour la centrale de Tihange, les risques d’inondation doivent être mieux pris en considération. Quant à la centrale de Doel, le rapport suggère que l’agence de sûreté nucléaire contrôle mieux la mise en oeuvre effective du plan d’action annoncé par l’exploitant.

Le rapport pointe le fait que les conditions météorologiques extrêmes sont envisagées sur base de statistiques portant sur les 100 dernières années. Il conviendrait mieux de baser cette évaluation sur une période de 10.000 ans plutôt. Le risque de températures extrêmes doit aussi être mieux intégré.

En cas de tremblement de terre, les générateurs de secours fonctionnant au diesel à Tihange 1 n’ont qu’une autonomie de 7 heures et demie. Il conviendrait d’augmenter celle-ci.

Des recombineurs catalytiques passifs d’hydrogène devraient être installés dans les bâtiments accueillant des piscines de refroidissement de combustible usagé.

Les exercices de secours et les programmes de remise à niveau à Tihange et Doel devraient être élargis pour intégrer pleinement la gestion d’accidents graves.

Le rapport liste enfin tout une série de bonnes pratiques en Belgique, ainsi que les améliorations de sûreté déjà adoptées ou planifiées dans les centrales belges.

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