Jens Stoltenberg © Reuters

Les ministres de la Défense musclent l’appareil militaire allié

Les ministres de la Défense des 28 pays de l’Otan ont entériné mercredi à Bruxelles une série de mesures visant à renforcer la défense collective des alliés, en premier lieu celle des voisins de la Russie toujours inquiets face à l’expansionnisme de Moscou dans un contexte qui rappelle de plus en plus la période de la Guerre froide. Mais sans oublier le flanc sud de l’Alliance, exposé à une instabilité croissante.

Ils ont ainsi décidé de plus que doubler, en les portant à 30.000, voire 40.000 hommes, les effectifs de la force de réaction rapide alliée, la « NATO Response Force » (NRF) qui en compte actuellement 13.000 environ.

« Nous avons décidé d’encore renforcer les effectifs et les capacités de la NRF, y compris dans ses composantes aérienne, navale et de forces spéciales, a annoncé le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, devant la presse. L’élément le plus réactif, capable de se déployer en 48 heures vers une zone du territoire de l’Alliance menacée, sera la nouvelle VJTF (pour « Very High Readiness Joint Task Force »), aussi appelée « spearhead force » (« fer de lance ») de la taille d’une brigade – soit quelque 5.000 hommes.

Les ministres de la Défense alliés, réunis pour deux jours à Bruxelles, ont décidé mercredi d’approuver la nouvelle structure de la NRF, qui étoffe considérablement ses effectifs et renforce cette force essentiellement terrestre avec des composantes aérienne et maritime plus étoffées, ainsi que davantage de forces spéciales. Ils ont aussi accepté d’accélérer le processus de prise de décision politico-militaire, en donnant davantage d’autorité au commandant suprême des forces alliées en Europe – actuellement le général américain Philip Breedlove – pour mettre des troupes en alerte et les préparer à un déploiement dans l’attente d’une décision politique.

Les ministres ont enfin finalisé la composition de six nouveaux petits états-majors à créer dans six pays d’Europe de l’est (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie) pour préparer l’arrivée d’éventuels renforts en cas de crise. Ces « NATO Forces Integration Units » (NFIU) accueilleront chacun une quarantaine de militaires, dont une moitié de personnels des pays hôtes.

M. Stoltenberg a répété que ces mesures visent pour l’Alliance à répondre de « manière défensive et responsable » au comportement de la Russie, dont il a dénoncé les « actes agressifs » en Europe, dans une référence à l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014 et au soutien apporté – mais démenti par Moscou – aux séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine.

Le secrétaire général a toutefois assuré que l’Otan ne recherchait pas la confrontation avec Moscou et ne souhaitait pas de nouvelle « course aux armements ». Il a salué l’annonce faite par le secrétaire américain d’un « pré-positionnement » d’environ 250 pièces d’armement lourd, dont des chars et autres blindés, en Europe de l’est de l’Alliance pour participer à des exercices. Les Etats-Unis se sont aussi engagés à fournir des avions de transport et de ravitaillement en vol, ainsi que des forces spéciales à la VJTF.

« Nous voulons conserver nos nations en sécurité. Et confrontés à de nombreux défis venant de nombreuses directions, nous devons nous préparer », a-t-il lancé. Du côté belge, le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, a offert mercredi d’affecter un « battle group » (groupement tactique) de près d’un millier d’hommes, bâti autour du 2ème bataillon commando de Flawinne – à la VJTF. Avec d’autres éléments – soutien logistique, avions de combat F-16, hélicoptères Agusta et navires de guerre -, cela représente quelque 1.500 hommes et femmes, a expliqué le ministre. Tout en précisant que cette offre devait encore être approuvée par le Conseil de ministres.

Contenu partenaire