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Les lois antihomosexuelles et l’hypocrisie américaine

Muriel Lefevre

Alors que le président Obama critique la stigmatisation par la Russie de l’identité homosexuelle, huit états américains ont des lois limitant les droits des homosexuels telles qu’on peut les observer en Russie.

La délégation américaine qui se rendra à Sochi comptera dans ses rangs Billie Jean King, une ancienne championne de tennis ouvertement lesbienne et combattante de longue date pour l’égalité de traitement entre homosexuels et hétérosexuels. Elle aura forte à faire, une récente loi russe sanctionnant d’amendes et de prison la « propagande » homosexuelle devant mineurs. Cette loi a suscité de vives critiques dans le monde et ce compris aux États-Unis. Certains sportifs et responsables politiques appelant même à boycotter ces Jeux de Sochi.

Lors d’une récente intervention, Obama a d’ailleurs précisé qu’il avait  » hâte de voir certains homosexuels ou lesbiennes rapporter des médailles d’or, d’argent ou de bronze, ce qui ferait beaucoup pour rejeter le genre d’attitudes auxquelles nous assistons ». Si ses propos sont certes chevaleresques, ils sont également quelque peu hypocrites. Comme le font remarquer deux professeurs en droit de l’université de Yale dans une carte blanche du The Washington Post, pas moins de huit états américains ont eux aussi des lois du même acabit. Dont L’Utah qui organisa les Jeux olympiques d’hiver en 2002.

« L’homosexualité est punissable »

Par exemple : en Arizona, il est interdit de promouvoir la vie homosexuelle comme « un mode de vie possible et positif ». Le personnel enseignant ne peut pas dire qu’il existe un moyen protégé d’avoir des relations homosexuelles. L’Alabama et le Texas ont introduit l’obligation dans les cours d’éducation sexuelle de clairement stipuler que « l’homosexualité n’est pas un mode de vie accepté en public ». Dans ces deux états, on apprend aussi aux enfants qu’un comportement homosexuel « peut être un fait punissable ». Au-delà des huit états pointés du doigt par Ayres et Eskridge – les auteurs de la carte blanche -, de nombreuses villes et contés ont leurs propres règlements homophobes. Pourtant, précisent les deux professeurs de Yale, depuis 2003, il est anticonstitutionnel de criminaliser les actes homosexuels qui se font avec l’accord des intéressés et dans la cadre de la vie privée.

Selon les deux chercheurs, l’existence de lois limitant les droits des homosexuels dans certains états américains n’a rien de surprenant lorsqu’on connait l’importance du poids des partisans du « no promo homo ». Soit des Américains qui pensent, tout comme en Russie, qu’il faut protéger les enfants des homosexuels et des lesbiennes en n’expliquant pas l’homosexualité, voir en l’ignorant complètement. La ligne directrice de ces mouvements est mondialement là même « tout le monde doit être hétéro sexuel et l’homosexualité est par définition mauvaise ».

Ce qui fait dire aux deux professeurs que les États-Unis font pour le moins preuve d’une belle hypocrisie en s’indignant devant les lois russes puisqu’avant de pousser des cris d’orfraie, ils feraient mieux de s’atteler au problème dans leur propre contrée.

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