Deux F16 belges © Belga

Les F-16 belges détruisent une raffinerie de l’Etat islamique

Les chasseurs F-16 belges engagés depuis trois mois dans l’intervention internationale contre les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ont effectué jeudi un raid nocturne contre une raffinerie artisanale de ce mouvement terroriste en Irak, qu’ils ont détruite, a-t-on appris de source militaire.

Cette frappe, avec deux avions, a été menée dans une zone désertique de l’ouest du pays, où l’EI (alias Daech en arabe) avait installé cette « raffinerie de pétrole modulaire » pour produire le carburant nécessaire à ses véhicules, a indiqué sous le couvert de l’anonymat à l’agence BELGA le pilote qui a conduit l’attaque, images à l’appui.

L’objectif a été détruit aux petites heures du 26 décembre par le largage de quatre bombes de 250 kilos à guidage laser que les chasseurs emportaient sous leurs ailes, après une longue attente – deux heures et demie – de l’autorisation de tir enfin délivrée par les autorités irakiennes, a-t-il précisé.

Il s’exprimait en marge d’une visite samedi du chef de la Défense, le général Gerard Van Caelenberge, au détachement belge engagé depuis début octobre dans l’opération « Desert Falcon », le volet belge de l’intervention anti-EI conduite en coalition par les Etats-Unis sous le nom d' »Inherent Resolve ».

Lors de ce raid, les pilotes ont utilisé des équipements sophistiqués qui leur permettent d’opérer de nuit, même sans lune: des jumelles de vision nocturne (en anglais « Night Vision Googles », NVG), accrochées à leur casque de vol, et le pod de désignation Sniper, fixé sur l’entrée d’air du F-16. Cette nacelle, bourrée d’électronique, est équipée d’une caméra à fort grossissement à deux canaux (noir et blanc pour la journée et infrarouge pour détecter les sources de chaleur de nuit) ainsi que d’un désignateur laser pour guider les bombes sur le point visé.

Il s’agissait d’une mission de « X-Int » au cours de laquelle les consignes sont « d’investiguer dans une zone bien précise », afin de rechercher « des traces » de la présence de l’EI au sol, a ajouté le même pilote.

L’armée belge a reçu pour cette attaque nocturne – qui n’a pas fait de victime dans les rangs de l’EI car la raffinerie ne fonctionnait pas à ce moment – les félicitations du centre d’opérations aériennes (le « Combined Air Operations Center », CAOC) qui dirige l’action de la coalition depuis le Qatar, a souligné le « patron » de la composante Air, le général-major Frederik Vansina, lui aussi en visite auprès de ses 113 hommes et femmes à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Les F-16 belges, au nombre de six, opèrent depuis une base jordanienne dont la localisation relève du secret militaire en raison de la susceptibilité des autorités d’Amman, réalisant près de 400 heures de vol mensuelles. Cette base accueille également douze F-16 américains et huit néerlandais, eux aussi engagés dans la lutte contre l’EI. Mais la coopération reste limitée entre les différents détachements.

Les pilotes belges effectuent leurs vols dans des tranches horaires de six heures qui changent régulièrement, selon des directives du CAOC.

Lorsqu’ils volent de nuit – comme en cette fin du mois de décembre -, ils ne reçoivent leurs ordres du Qatar que quelques heures avant le décollage. Ce qui contraint parfois les mécaniciens et armuriers à changer au dernier moment la configuration de l’armement, a expliqué un officier technicien.

Depuis le début de l’intervention, le 1er octobre, les appareils belges ont largué une soixantaine de bombes de 250 kilos, toutes à guidage de précision – par laser et/ou par GPS, de type GBU-12, 31, 38 et 54. Ils n’ont par contre pas fait usage de bombes plus lourdes, des GBU-10 d’une tonne à guidage laser, plutôt réservées à l’attaque d’objectifs comme des bunkers.

Par rapport à l’Afghanistan, où les aviateurs belges ont opéré durant six ans, de 2008 à fin septembre, au profit des troupes terrestres de l’Otan, la gamme de cibles visées en Irak est plus large car elle comprend à la fois les véhicules, le personnel et les infrastructures des djihadistes, a confié un des pilotes.

La Belgique contribue à hauteur d’environ 5% aux missions menées par la coalition, mais elle se limite, pour des raisons juridiques – l’absence de mandat du Conseil de sécurité de l’ONU – au territoire irakien, alors que les Etats-Unis et leurs alliés arabes frappent Daech en Syrie également. Les Jordaniens ont ainsi perdu lundi un F-16 et son pilote, le lieutenant Maaz al-Kassasbeh, a été capturé par les djihadistes, rappelant les risques que présentent ces missions de guerre.

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