Des femmes yézidis © Reuters

« Les combattants de l’EI considèrent que le viol les rapproche de Dieu »

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

Des témoignages des victimes yézidis révèlent que les combattants de l’EI se réfèrent souvent à la religion et qu’ils prient avant de commettre un viol. Le viol les rapprocherait de Dieu.

The New York Times a rencontré des adolescentes yézidis qui ont été vendues sur les marchés d’esclaves ou qui ont été violées durant leur détention par les combattants de l’EI. La plus jeune avait douze ans lors de son premier viol.

Celle-ci raconte, encore très frêle, qu’avant de perpétrer son acte, son violeur lui a expliqué que ce qu’il faisait n’était pas un pêché. Selon lui, comme elle n’était pas musulmane, le Coran ne lui donnait pas seulement le droit de la violer, il l’encourageait même à le faire. Il lui attache les mains et la bâillonne avant de se mettre à genou pour prier. Après le viol, il s’est remis à prier. D’autres filles yézidis qui n’ont aucun lien entre elles racontent la même histoire. Il y a souvent une explication théologique et une prière avant le viol.

« Je ne cessais de lui dire qu’il me faisait mal » toujours selon la jeune fille. « Arrêtez, je vous en prie » lui dit-elle encore. « Tout ce qu’il a trouvé à me dire c’est que selon l’islam il avait le droit de violer celles qui n’étaient pas musulmanes. Qu’en me violant il se rapprochait de Dieu. » Après 11 mois de calvaire, elle réussit à s’échapper.

« Viol hallal »

Le journal donne aussi la parole à une fille de 15 ans qui avait été détenue dans les montagnes du Sinjar. Elle a été vendue à un militant irakien de l’EI d’une vingtaine d’années. « Il priait à chaque fois qu’il venait me violer. Je lui disais: ce que tu me fais est mal et cela ne va pas te rapprocher de dieu. Ce à quoi il répondait: Non, c’est faux. C’est permis. C’est halal. »

Selon les chiffres qui proviennent de la communauté yézidi, il y aurait encore 3.144 yézidis dans les geôles de l’EI, et il s’agirait principalement de femmes et de jeunes filles. L’État islamique a mis en place un marché d’esclaves, avec des actes notariaux spécifiques. Ce commerce, où les filles sont montrées non voilées à de potentiels acheteurs, ne concernerait que les yézidis. Un peuple considéré comme polythéiste et donc comme plus méprisable encore que les chrétiens ou les juifs. Il représente 1,5% de la population irakienne et pratique une religion qui a repris des éléments du christianisme et de l’islam.

Une technique de recrutement

La possibilité de relations sexuelles avec des esclaves et le fait que celles-ci soient même présentées officiellement comme un acte de dévotion par l’EI a, selon The Times, un puissant pouvoir d’attraction. Ce serait même une technique de recrutement de l’EI pour attirer vers lui de potentiels combattants issus des pays arabes et des territoires musulmans plus conservateurs aux alentours où le sexe hors mariage est tabou.

Selon les témoins interviewés par le journal, l’offensive, qui a commencé il y a 1 an, le trois août exactement, n’était pas qu’une tentative pour élargir leur territoire. C’était aussi une invasion sexuelle. En effet, tous les hommes, mais aussi les garçons qui avaient des poils sous les aisselles ont été tués de façon systématique. Les femmes étaient, elles, réduites en esclavage. Depuis, une sorte d’administration a été mise en place pour s’occuper des esclaves. Des préceptes théologiques ont aussi été mis en place avec des citations du Coran pour argumenter que cet esclavage est une pratique islamique.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire