Le "oui" au Brexit, défendu par le parti UKIP et Nigel Farage, remonte petit à petit dans les sondages. © EPA

Les attaques de Bruxelles pourraient avoir une influence sur le Brexit

Stagiaire Le Vif

La peur croissante et l’insécurité en Europe ainsi que la crise migratoire pourraient inciter les Britanniques à voter « oui » au Brexit, en juin prochain.

Après les attaques terroristes qui ont, une fois de plus, frappé l’Europe, certains observateurs ont émis l’hypothèse de conséquences particulières sur le référendum sur le Brexit qui se tiendra en juin prochain.

Selon un article du site politico.ue, qui se base sur plusieurs sondages, les Britanniques seraient bien plus enclins à voter « oui » au Brexit dans quelques mois. On estime à 36% actuellement les chances que le pays quitte l’Union européenne. Cette augmentation peut s’expliquer facilement : le climat ultra-sécuritaire qui sévit actuellement en Europe, conjugué à l’augmentation constante des inquiétudes de la population en matière de sécurité nationale, sans oublier les débats et les inquiétudes liées à la crise des réfugiés et l’immigration sont autant de raisons qui pousseraient les Britanniques à voter « Yes ».

De nombreuses preuves tendent à montrer que les gens sont bien plus réceptifs à l’idée de quitter l’Union européenne après un évènement marquant, telle qu’une attaque terroriste. Après les attentats de Madrid en 2004, une équipe de psychologues avaient démontré qu’on devenait significativement plus conservateur, autoritaire et moins attaché aux valeurs « libérales » après un tel évènement. Le constat est le même en Israël, où des recherches ont conclu qu’à la suite d’attaques terroristes succédait irrémédiablement une augmentation du soutien pour les partis de droite. Sans oublier que les évènements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont eu pour conséquence une montée massive du soutien populaire aux partis anti-Islam et anti-immigration.

L’exception anglaise ?

Le lien entre terrorisme et augmentation significative des votes pour des partis de droite autoritaires n’est quant à lui pas si manifeste et automatique outre-Manche.

En Grande-Bretagne, comme partout ailleurs en Europe, les populistes et les eurosceptiques ont rapidement joué la carte de la « récupération » après les attaques en France, en déclarant notamment que la radicalisation islamiste était une menace pour l’héritage judéo-chrétien européen et en calquant le problème du terrorisme et de la radicalisation sur les problèmes sociaux causés par l’immigration.

Des hommes politiques ont même été plus loin, à l’image de Nigel Farage, le leader du parti indépendantiste britannique « UKIP », qui a déclaré que la libre circulation des personnes avait permis « la libre circulation des Kalashnikovs ».

Avant Charlie Hebdo, les diverses attaques terroristes n’avaient guère eu d’influence sur les scores du UKIP ni sur ceux du Brexit. Un mois avant la tuerie à Paris en janvier 2015, les estimations donnaient 15% pour le parti de Farage tandis que le « Yes » avoisinait les 39%.

Dans le mois qui a suivi les attaques, le parti britannique eurosceptique était toujours crédité de 15% alors que le Brexit, lui… a chuté à 36%. Après les attentats au Bataclan et sur les terrasses parisiennes, le constat fut le même. UKIP stagnait et le « Leave Europe » perdait encore deux points dans les sondages.

L’électeur britannique moyen ne semble simplement plus choqué. Le fait que le pays ait longtemps connu le terrorisme nord-irlandais, combiné avec les attentats de Londres pourrait être une explication. Sans oublier que le légendaire « flegme » britannique pousserait plus facilement les gens vers des partis modérés plutôt que radicaux.

Le « Yes » remonte dans les sondages

Il ne faudrait pas non plus négliger les effets possibles à long terme, qui n’apparaissent pas de manière manifeste à première vue. Les attaques terroristes à Bruxelles pourraient avoir un impact important en contribuant calmement, mais sûrement à créer un climat politique toxique qui favoriserait le Brexit, même indirectement. L’immigration reste de loin l’élément central de cette élection outre-Manche. Les électeurs d’un parti comme UKIP par exemple mentionnent que l’enjeu principal du vote en juin prochain est selon eux de sécuriser et de contrôler l’immigration et les frontières du Royaume-Uni. Ces discours anti-immigration ne reposent pas uniquement sur les questions liées au travail ou au logement, mais les électeurs craignent également pour leur mode de vie, leurs valeurs et leur identité nationale.

Par conséquent, pour une grande partie de la société britannique, le vote du 23 juin est déjà devenu un référendum sur l’immigration. Les dernières attaques terroristes pourraient favoriser encore plus ce climat à terme. Un climat où les questions d’identité ont pris le pas sur l’économie et où le débat est bien plus concentré sur les menaces extérieures que sur les avantages et les opportunités à rester dans l’Union européenne.

Les débats actuels autour de l’identité et de la sécurité pourraient donc être bien plus favorables au « Leave » (quitter l’Union européenne), qu’au « Remain » (y rester), selon les derniers sondages. Même avant les évènements du 22 mars, les eurosceptiques avaient déjà le vent en poupe. Au cours des deux derniers mois, le « oui » au référendum aurait augmenté à 39% en février pour atteindre les 41% au mois de mars.

Il est loin le temps où le camp du « non » était largement en tête des sondages. Même les enquêtes téléphoniques, qui ont d’habitude toujours consacré le « Remain » battent de l’aile. Le soutien au « non » aurait perdu jusqu’à 5 points.

Pour rappel, le référendum sur le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne se tiendra le 23 juin prochain. Le pays est membre de l’UE depuis 1973.

Maxime Defays

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire