© Image Globe / GERARD GAUDIN

Les armées européennes peinent à lutter ensemble contre l’austérité

La crise économique a relancé le débat sur la nécessité pour les Européens de coopérer sur le plan militaire pour compenser la baisse des budgets et le désengagement partiel des Américains, mais les obstacles s’annoncent difficiles à surmonter.

« Partage », « mutualisation » ou « coopération » ont été des mots très souvent prononcés ce week-end par les dirigeants européens et américains réunis à la Conférence sur la Sécurité de Munich.

« Les alliés vont coopérer davantage au cours des prochaines années. C’est la seule solution car tous les pays font face à des difficultés économiques et devront réduire leurs dépenses militaires », a ainsi affirmé le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen.

Cette contraction s’est encore accélérée en 2011 dans l’Union européenne, où les dépenses militaires totales sont tombées à environ 180 milliards d’euros, selon des estimations, contre plus de 200 milliards il y a cinq ans.

A cela, s’ajoute l’impact des nouvelles priorités stratégiques des Etats-Unis, qui vont retirer deux de leurs quatre brigades implantées sur le « Vieux continent ». Dans ce contexte, deux programmes ont été lancés pour promouvoir la coopération: « Smart defense » (« Défense intelligente ») par l’Otan et « Pooling and sharing » (« Partage et mise en commun ») par l’UE.

Le premier est devenu le grand slogan de l’Alliance atlantique, qui cherche à préserver l’union de ses 28 pays membres vingt ans après la fin de la Guerre froide qui l’a vue naître. Lancée dans la discrétion, l’initiative de l’UE part du constat que « les pays européens doivent être plus efficaces dans la manière de dépenser leurs budgets militaires », explique Claude-France Arnould, directrice de l’Agence européenne de la Défense, son maître d’oeuvre.

Mais, reconnaît-elle, « la coopération ne va pas forcément de soi » dans le domaine de la défense. En raison principalement « des craintes sur les abandons de souveraineté et sur la liberté d’opération, qui ne peuvent être levées qu’en établissant une forte confiance entre les pays », selon le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond.

La guerre en Libye a illustré ces défis. Bien que conduite par l’Otan, l’opération militaire ne s’est appuyée que sur les moyens de quelques pays, tandis que les Etats-Unis limitaient leur implication et que l’Allemagne refusait d’y participer, ce qui a posé le problème de l’utilisation des avions-radar Awacs basés sur son territoire.

Pour François Heisbourg, président de l’IISS (International Institute for Strategic Studies), « il faut soutenir ces projets sans se bercer d’illusion. Car les limites sont nombreuses ». L’une d’elles est le blocage des Britanniques, qui privilégient l’Otan à la défense européenne. « Envisager l’Europe de la Défense sans le Royaume Uni, c’est comme parler de la monnaie unique sans l’Allemagne », souligne M. Heisbourg.

Le PDG d’Airbus, Thomas Enders, se montre aussi « sceptique » face à de telles initiatives qui « étaient déjà sur la table il y a 20 ans ».

LeVif.be, avec Belga.

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