Manifestants installant une banderole demandant la fermeture d'un camp de détention pour migrants, Athènes, mars 2015 © EPA

Le sort de la Grèce et des migrants concentrent toutes les attentions du sommet européen

L’ébauche d’une politique migratoire européenne monopolise les échanges des chefs d’État et de gouvernement lors de leur première journée de travail au sommet européen Bruxelles, jeudi après-midi. Ce débat ne devrait pas être éclipsé par les premières annonces du David Cameron au sujet du référendum sur le ‘brexit’, ni par les derniers rebondissements dans le dossier grec, qui seront cependant abordés jeudi soir.

Vers des réponses à la crise migratoire?

Les leaders européens doivent arriver à un accord a minima sur les grandes lignes d’une réponse européenne à la crise migratoire. Les chefs d’État et de gouvernement doivent se positionner sur les propositions de la Commission, formulées début mai, pour établir un mécanisme de prise en charge de 40.000 migrants demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Erythrée ayant rallié les côtes italiennes et grecques depuis le 15 avril.

Les délégations européennes buttent sur le caractère contraignant de la formule de relocalisation des migrants. A son arrivée au sommet, le président du Conseil Donald Tusk, a admis l’absence de consensus pour imposer ce quota de répartition des demandeurs d’asile. Les pays baltes, ou encore la Slovaquie, y sont opposés. La Hongrie, autre porte d’entrée pour l’immigration illégale, souhaiterait aussi être incluse au programme au même titre que la Grèce et l’Italie.

Les négociations à ce sujet sont donc laborieuses. Les leaders devraient avaliser le principe d’une répartition volontaire, dont la clé par pays serait alors négociée ultérieurement au cours du mois prochain. « Nous espérons que les engagements pris ce soir seront concrétisés en juillet », analyse une source. La réunion informelle des ministres de l’Intérieur les 9 et 10 juillet prochains devrait y être consacrée.

Le Conseil doit en outre se pencher sur la réinstallation de 20.000 autres migrants demandeurs d’asile, issus de pays tiers de l’UE, dans le pourtour méditerranéen, sur l’installation de centres d’accueil – « hotspots » – enregistrant et identifiant les migrants éligibles à l’asile. La lutte contre les passeurs, le renforcement de la politique de retour via des incitants, et la coopération au développement seront également évoqués, avant le dîner des chefs d’État et de gouvernement.

La position de Charles Michel pour la Belgique

C’est, selon Charles Michel, « une bonne nouvelle » que l’exécutif européen prenne les choses en main, et formule de telles propositions. Il a d’emblée affirmé à son arrivée au Sommet qu’il fallait « être solidaire avec les migrants qui sont dans des situations désastreuses », ajoutant toutefois qu' »on ne peut évidemment pas être solidaire tout seul en Belgique. Il faut que chaque pays européen prenne sa part de responsabilité. » « La Belgique est depuis des années déjà un pays fort solidaire sur le terrain des migrations, je souhaite donc que ceux qui sont aujourd’hui autour de la table et qui sont réticents en termes de migration soient un peu plus solidaires à l’avenir », a-t-il encore appuyé.

Le Premier ministre estime en outre que des progrès ne pourront être engrangés que si « l’ensemble des pays européens acceptent leur part de responsabilités ». Le président français, François Hollande, a également fait valoir que « chaque pays doit prendre des engagements, il doit y avoir une solidarité face à un problème humanitaire non pas européen, mais mondial ». La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a exprimé une opinion similaire, affirmant attendre « une responsabilité partagée de la part de la part des Etats membres » en termes de politique migratoire.

La question du brexit

C’est au cours de celui-ci que le Premier britannique, David Cameron, devrait officiellement dévoiler ses intentions relatives à la renégociation de l’appartenance de son pays à l’UE. M. Cameron a en effet annoncé, lors de sa réélection en mai dernier, la tenue d’un référendum à ce sujet d’ici fin 2017.

Sa brève intervention jeudi soir, qui sera quelque peu éclipsée par la situation en Grèce, devrait porter sur les quatre axes qui méritent à son sens des réformes à savoir le commerce et le marché unique, l’intégration de l’Eurozone, le principe de subsidiarité et les prestations sociales garanties pour les migrants européens.

A cet égard, le Premier ministre belge a fait savoir à l’entame du sommet que la Belgique serait un partenaire positif du Royaume-Uni tant qu’il ne s’agissait pas de démanteler l’intégration européenne, ni de démanteler la zone euro.

Le sort de la Grèce

Les 28 leaders européens devraient également soulever les échecs répétés des négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers, ainsi qu’au sein de l’Eurogroupe, pour éviter à Athènes un défaut de paiement.

La journée de vendredi sera consacrée à la défense, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, participera à la réunion des chefs d’État pour évoquer les relations entre son organisation et l’UE ainsi que la sécurité.

Un autre tour de table sera dédié aux perspectives d’évolution de l’Union économique et monétaire, sur base d’un rapport présenté lundi par les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, du Conseil européen Donald Tusk, de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, de la BCE Mario Draghi et du Parlement européen Martin Schulz. Celui-ci formule des propositions pour renforcer la zone euro à l’horizon 2025 afin que cette union monétaire soit mieux à même de résister aux chocs économiques violents.

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