Le pape François, durant la messe pascale, place St Pierre au Vatican. © REUTERS/Alessandro Bianchi

Le pape François célèbre Pâques sur fond de violences au nom de la religion

Le pape François a présidé dimanche au Vatican la messe de Pâques, plus importante fête des catholiques qui y voient la résurrection de Jésus, dans un climat de violences dans le monde au nom de la religion encore assombri par le massacre de chrétiens au Kenya.

Jorge Bergoglio, le visage pâle et sévère, est arrivé sous une pluie battante pour cette messe solennelle qu’il a célébrée sous un dais blanc installé sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Comme chaque année, de grands parterres de fleurs fraîches de couleurs vives avaient été installés en bas du parvis. A gauche de l’autel, une grande icône du Christ.

La foule se pressait sous une forêt de parapluies multicolores entre les Colonnades du Bernin. Cette troisième Pâque célébrée par François depuis son élection en mars 2013 est assombrie par le massacre des jihadistes Shebab contre les étudiants, en bonne partie chrétiens, de l’université de Garissa dans l’est du Kenya, qui a fait 148 morts jeudi.

Le pape a parlé à plusieurs reprises ces derniers mois d’une « troisième guerre mondiale, par morceaux » qui se développe. « Aujourd’hui nous voyons nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux ou souvent avec notre silence complice », avait accusé d’une voix sombre Jorge Bergoglio à la fin du Chemin de Croix vendredi soir au Colisée, s’adressant au Christ, « prince de la paix ».

Les massacres et les cohortes de réfugiés de Syrie et d’Irak, le chaos en Libye ou en Somalie, qui se répercute au Kénya, les affrontements civils en Centrafrique, les attentats antichrétiens dans des pays comme le Pakistan, la répression contre eux en Chine et en Corée du Nord, etc: la liste est longue des pays où les chrétiens sont menacés et obligés de se cacher ou de fuir.

Jorge Bergoglio, 78 ans, devait donner ensuite sa « bénédiction à la ville et au monde » (« urbi et orbi ») de la loggia de la basilique Saint-Pierre, à la fin de la cérémonie retransmise en mondiovision.

Pour le pape argentin, qui semble parfois fatigué, la Semaine Sainte est un moment intense et harassant: il aura célébré deux messes jeudi, l’une pour les prêtres, l’autre pour les détenus de la prison romaine de Rebibbia, lavant les pieds à dix d’entre eux. Vendredi Saint, il a célébré le rite de la Passion dans la basilique Saint-Pierre et présidé au Chemin de Croix au Colisée. Samedi, il a célébré la très longue Veillée pascale (deux heures et demie) dans la basilique Saint-Pierre.

Lors de la veillée pascale, le pape invitait à « apprendre » des « disciples femmes » de Jésus

Le pape a célébré la Veillée pascale, samedi soir dans la basilique Saint-Pierre, invitant les catholiques à apprendre « des disciples femmes » de Jésus la connaissance du mystère de la foi.

« Cela fait du bien, en cette nuit de veillée, de prendre le temps de réfléchir sur l’expérience des disciples femmes de Jésus qui nous interpelle nous aussi », a-t-il dit en soulignant qu’elles avaient été les premières à se rendre au tombeau de Jésus et à le trouver vide, alors que les hommes étaient restés dans le Cénacle.

« Les femmes disciples de Jésus nous enseignent » le mystère de la résurrection du Christ, a-t-il souligné. Cette mention en italien des « discepole » est inhabituelle, comme si le pape voulait insister sur le rôle des femmes dans une Eglise dominée par les hommes.

La messe de la Veillée pascale, qui célèbre la résurrection de Jésus, est le point culminant de l’année chrétienne pour 1,2 milliard de catholiques.

Pour cette cérémonie très solennelle retransmise en mondiovision, le pape est entré cierge à la main dans la basilique après la bénédiction du feu sur le parvis. L’immense nef plongée dans l’obscurité s’est illuminée, pour signifier la résurrection du Christ.

François a administré, comme c’est la coutume, les sacrements du baptême et de la confirmation à dix catéchumènes d’âges et de nationalité diverses. Une Kényane de 66 ans, une Cambodgienne de treize ans, quatre Italiens, trois Albanais et un Portugais avaient été choisis pour recevoir l’eau du baptême des mains de François.

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