Camp réservé aux familles des combattants de l'EI, au sud de Mossoul © REUTERS

Le futur incertain des enfants de combattants de Daesh

Stagiaire Le Vif

Après la libération de la ville de Mossoul des djihadistes, certains s’inquiètent du sort réservé aux enfants des combattants de l’EI.

Plus d’une dizaine de milliers d’enfants venant de Mossoul ont été recueillis avec la fin des combats. Parmi eux, 75% viennent de famille de Daesh. Ces enfants sont souvent traumatisés, privés de leur innocence. Mais aux yeux des habitants de la ville, ils sont « considérés comme les rejetons du diable : des parias apatrides, qui ne méritent pas les soins les plus fondamentaux. »

En suivant cette logique, ils ne sont pas pris en charge par les organismes humanitaires et les systèmes publics de prestations sociales. Ils n’ont donc pas accès aux services psychiatriques ou psychologiques, un aspect pourtant fondamental.

De plus, ces enfants ne sont pas traités comme tels par le système judiciaire. Aux yeux de la justice, ce sont des causes perdues qui ne méritent pas un traitement ou une tentative de déradicalisation. The Guardian a interrogé Belkis Wille, une chercheuse irakienne travaillant pour Humans Right Watch, qui explique pourquoi.  » Parce qu’ils n’en voient pas l’intérêt : ces criminels vont être enfermés à vie ou être condamnés à mort, alors pourquoi se donner la peine de les réhabiliter ? Cela vaut aussi pour les enfants. Pourquoi se donner la peine « 

Si il est impossible d’avoir de chiffre exact, « car certains n’ont pas de pièce d’identité et on ne sait pas qui ils sont. », elle peut tout de même avancer un chiffre : 600 orphelins de Daesh au camp de réfugiés de Hammam Al-Alil.

Il est en effet très difficile de savoir combien d’enfants issus de famille de Daesh sont sur les sols irakiens et syriens. Entre les mineurs partis avec leurs parents, et ceux nés sur place, les chiffres sont loin d’être exacts.

Pour la Belgique, l’OCAM (l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace) a avancé le chiffre de 35 enfants belges emmenés par leurs parents, mais ils seraient environ plus de 80 enfants aujourd’hui, les femmes de combattants tombant habituellement très vite enceintes une fois sur place.

En France, le ministère de l’Intérieur parle de 78 mineurs partis avec leurs parents et de 400 enfants présents dans le califat.

En Grande Bretagne, la Quilliam Foundation, un « think tank » britannique spécialisé dans le contre-extrémisme, est arrivé au nombre de 50 enfants britanniques parmi les rangs de l’EI.

Tous les spécialistes tirent la sonnette d’alarme quant aux risques que peuvent représenter ces enfants endoctrinés dès le plus jeune âge, s’ils ne sont pas pris en charge à temps.

Pour Jean-Paul Laborde, directeur exécutif du Comité contre le terrorisme de l’ON

Eléonore Loisel

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