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L’Expo universelle de Milan, miracle ou calvaire italien ?

Le Vif

Elle doit symboliser une Italie innovante, élégante et audacieuse. Jusqu’ici pourtant, Milan 2015 a surtout réveillé les stéréotypes qui entachent la réputation du pays hôte : lenteur administrative, corruption, nonchalance. Mais le défi ne fait que commencer et l’Italie s’apprête à s’installer dans les starting-blocks. S’ils sont livrés à temps.

Dans son numéro du 17 avril dernier, le très sérieux magazine italien L’Espresso démontre à quel point il serait « facile » de commettre un attentat lors de l’Exposition universelle de Milan, qui se tient de ce 1er mai au 31 octobre prochain. Travesti en James Bond du dimanche, le journaliste Fabrizio Gatti a pénétré à six reprises dans l’aéroport civil de Milano Bresso en à peine quelques semaines. Il s’est glissé dans la peau d’un terroriste et a tranquillement examiné les avions stationnés sur le tarmac. Pas de vigiles, pas d’alarme. Seules « trois minutes et quelques secondes » seraient donc nécessaires pour y dérober un avion et l’écraser sur le site de l’Expo, assure-t-il photos et vidéos à l’appui. Le manuel est écrit, il ne reste plus qu’à l’appliquer.

Réelle menace ou journalisme sensationnaliste? L’enquête de L’Espresso souligne surtout le fossé entre les promesses sécuritaires et la réalité du terrain. Les organisateurs de l’Expo attendent quelque 20 millions de personnes sur les 110 hectares qui accueilleront la manifestation. De nombreux chefs d’Etat et de gouvernement déambuleront également entre les 53 pavillons nationaux. La sécurité constitue donc un enjeu majeur, mais il n’est peut-être pas le problème le plus épineux de l’Expo milanaise.

L’Italie ne veut pourtant pas rater son examen. Premier grand événement organisé dans la « botte » depuis la crise économique, l’Expo de Milan doit permettre au pays de retrouver sa place dans la cour des grands. L’Italie n’a pas lésiné sur les moyens pour concrétiser ce prestigieux projet : la deuxième Exposition universelle organisée dans le chef-lieu de la Lombardie – la première remonte à 1906 – a nécessité un investissement global de 3,2 milliards d’euros, dont 1,3 milliard d’argent public. Le thème choisi par Milan, « Nourrir la planète, énergie pour la vie », ne manque pas non plus d’ambition. L‘Expo 2015 constituera « le plus grand événement jamais réalisé sur l’alimentation et la nutrition », selon ses organisateurs. Durant six mois, plus de 140 pays, dont la Belgique, exhiberont leurs meilleures technologies destinées à « garantir une nourriture saine et suffisante pour tous les peuples ». Rien que ça.

En essayant de sauver le monde, l’Italie espère aussi profiter des retombées financières générées par l’événement international. D’après les calculs de Giuseppe Sala, son commissaire unique, l’Expo de Milan devrait générer une valeur ajoutée d’environ 10 milliards d’euros, dont cinq pour le tourisme. « Ce sera un développement important non seulement pour Milan et la Lombardie, mais aussi pour le pays tout entier », confirme Giuliano Pisapia, le maire de la ville. « Au moins 200 000 nouveaux emplois seront créés sur tout le territoire national et on prévoit une augmentation du PIB à hauteur de 1,5 %. Cette progression se poursuivra encore les années suivantes. » L’aménagement du site installé dans la commune de Rho, au nord-ouest de Milan, la construction de pavillons futuristes et durables ont d’ailleurs donné du travail à près de 7 500 personnes. Dix millions de billets ont également déjà été vendus, preuve de l’engouement international. Un beau tableau, donc. En théorie.

David De Matteis

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • les énormes retards de chantier
  • corruption politico-financière
  • le pavillon belge, identitaire et durable
  • l’interview de Leo Delcroix, commissaire général belge à l’Expo de Milan

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