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L’Europe s’interroge sur la sécurité nucléaire

Suite à la situation critique dans laquelle se trouve le Japon face aux dégâts causés dans trois centrales nucléaires après le séisme de vendredi, l’Union européenne, ainsi que ses Etats membres, s’interrogent sur la sécurité de leurs propres installations.

Les ministres européens de l’énergie, des experts et des représentants de l’industrie nucléaire se retrouveront mardi à Bruxelles, à l’initiative de la Commission européenne, pour faire le point sur la sécurité des installations nucléaires à la lumière des événements récents au Japon. La réunion vise à « évaluer la situation au Japon et voir si des leçons doivent être tirées au niveau européen », selon un communiqué de la Commission.

La catastrophe japonaise a relancé le débat sur le nucléaire en Europe. L’Allemagne, qui avait décidé de prolonger la durée de vie des 17 centrales nucléaires du pays, pourrait conditionner cette décision à de nouveaux tests de sécurité.

La Commission européenne s’est pour sa part réfugiée lundi derrière la subsidiarité, en insistant sur le caractère national du choix pour le nucléaire. En cas de prolongation de la durée de vie des centrales, elle peut uniquement formuler un avis si de nouveaux investissements sont réalisés. En cas d’avis négatif, le projet ne peut accéder aux financements de la Banque européenne d’investissement.

Un expert de la Commission s’est toutefois voulu rassurant, soulignant qu’en dépit de la faible activité sismique en Europe des précautions étaient prises face à la possibilité de tremblements de terre.

La Hongrie réticente

La présidence hongroise de l’Union européenne a toutefois jeté un froid en refusant d’organiser une discussion sur ce sujet. « Il me semble que le Conseil environnement (réunion des ministres européens chargés de ces questions, ndlr) ne soit pas le lieu approprié pour une discussion sur ce point », a déclaré le ministre hongrois du Développement rural Sandor Fazekas.

L’Autriche veut des tests de résistance des centrales nucléaires Le ministre autrichien de l’Environnement Nikolaus Berlakovich a renouvelé lundi à Bruxelles sa demande de voir organisés des tests de résistance des centrales nucléaires en Europe.

« Je vais demander aujourd’hui l’organisation de tests de résistance pour les centrales nucléaires en Europe. Ca doit avoir lieu vite », a-t-il déclaré. « Sont-elles résistantes aux tremblements de terre? Comment fonctionnent leurs systèmes de refroidissement des réacteurs? Tout cela afin de rassurer la population », préoccupée par la situation au Japon, a-t-il ajouté, répétant ainsi une requête faite la veille.

L’Autriche, pays fortement opposé à l’énergie nucléaire, avait critiqué la décision de son voisin allemand fin 2009 de prolonger la durée de vie des 17 réacteurs nucléaires du pays, et les écologistes autrichiens réclament régulièrement la fermeture des centrales proches en Slovénie et Slovaquie.

La France veut « tirer les enseignements utiles »

La France va « tirer les enseignements utiles des événements japonais » pour son propre système d’exploitation d’énergie nucléaire, selon un communiqué diffusé dimanche à l’issue d’une réunion interministérielle autour du Premier ministre, François Fillon.

« La France, impliquée dans le développement de l’énergie nucléaire depuis de nombreuses années, a toujours privilégié le niveau maximum de sécurité dans la construction et l’exploitation de ses installations », souligne ce texte. « Elle sera attentive à tirer les enseignements utiles des événements japonais. »

A cours de cette réunion, à laquelle participaient les ministres de la Défense, de l’Ecologie, de l’Intérieur, de l’Economie, de la Santé et de l’Industrie, le Premier ministre a noté « la préoccupation du gouvernement français face aux événements survenus dans des centrales nucléaires japonaises ».

Une première réunion sur la situation au Japon, au niveau des conseillers, s’était tenue samedi à Matignon. Interrogé sur la situation du nucléaire français sur la chaîne LCI, le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Eric Besson, a assuré que « la France essaye de prendre toutes les précautions ».

« Nos centrales ont été conçues, exploitées, pensées, révisées en tenant compte des risques sismiques (…) et des risques d’inondation potentiels », a-t-il dit. Il a affirmé que les énergies éolienne et photovoltaïque étaient « beaucoup plus chères que le nucléaire civil » dont le prix est « particulièrement économique par rapport à d’autres sources ». Le nucléaire « assure une partie de notre indépendance énergétique », a-t-il ajouté.

Le Vif.be, avec Belga

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