The shattered remains of a man's head from an Assyrian winged bull lies in the Iraq Museum in Baghdad. It was recovered from antiquities damaged by thieves who used a chainsaw to cut the head from the bull's stone body at an archaeological site in Khorsabad, north of Mosul © Reuters

L’État Islamique tire profit du patrimoine culturel du Moyen-Orient

Stagiaire Le Vif

Le patrimoine culturel et historique de l’Irak et de la Syrie est gravement affecté par les conflits armés qui règnent dans la région. L’État Islamique (EI) tire profit de la vente des antiquités au marché noir en exigeant une partie des bénéfices aux pilleurs qui se sont installés dans les zones contrôlées par les djihadistes.

La guerre civile en Syrie et le conflit armé en Irak ne provoquent pas seulement des dégâts humains considérables, il met aussi en péril le riche patrimoine culturel et historique millénaire de ces régions. Interrogé par le site Chasing Aphrodite, l’archéologue Amr Al-Azm, de l’université de Shawnee State, explique qu’il y a trois types de menaces sur ces biens culturels.

La première et la plus visible est la destruction des monuments à cause des bombardements. L’exemple le plus clair est la Grande Mosquée de la ville d’Alep. Son minaret servait comme point d’emplacement pour les tireurs embusqués et par conséquent il a été détruit.

Le patrimoine subit également des « dommages punitifs ». Il s’agit de destructions volontaires de monuments représentants l’identité d’un peuple. L’EI agit de la sorte surtout lorsqu’il conquiert de nouveaux territoires où il y existe des constructions symboliques d’autres religions.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Ces djihadistes participent à une troisième forme de dégât : le pillage. Pour Amr Al-Azm c’est le plus sérieux des trois. D’après les spécialistes en patrimoine culturel, Salam al-Kuntar et Brian Daniels, le système de dépouillage appliqué par l’EI est plus « complexe et insidieux » qu’on pourrait le croire.

L’État Islamique reprend le concept de Khum, qui signifie un cinquième. L’organisation exige le paiement de 20 % du bénéfice des pilleurs qui s’installent dans les régions contrôlées par l’EI. A l’origine, Le Khum, qui figure dans le Coran, est un impôt appliqué par l’État lorsqu’une personne tire profit de la vente d’un bien, surtout des pierres précieuses ou des trésors. Historiquement, les militaires musulmans devaient payer au calife le Khum des butins de guerre.

L’EI a réinterprété le concept et le pourcentage demandé peut varier selon le type d’antiquité, pouvant même aller jusqu’à 40 % à Racca, quartier général de l’EI.

Selon l’UNESCO, le groupe terroriste obtient de grosses sommes d’argent grâce à cette activité. Pourtant, le montant est difficile à calculer. Le journal The Guardian, citant des sources militaires, estime ces revenus à 30 millions d’euros. Le patrimoine culturel qui se trouve dans les zones dominées par l’État Islamique est évalué en presque un milliard d’euros.

« Si on n’arrête pas ces pillages, on aura dans les années à venir un grand vide dans notre histoire à cause de cette violence culturelle à échelle industrielle », regrette l’archéologue Amr Al-Azm.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire