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L’Allemagne, pays du bonheur pour certains, des inégalités pour d’autres

« L’Allemagne, un pays où il fait bon vivre », clame la chancelière Angela Merkel sur les affiches de son parti, la CDU, à moins de deux semaines des élections fédérales en Allemagne. La chancelière a fait de la réussite économique du pays son principal argument de campagne, mais ses détracteurs pointent des inégalités sociales grandissantes.

Angela Merkel clôture sa 12e année à la chancellerie avec la plupart des indicateurs économiques au vert. Près de six millions de personnes ont trouvé du travail depuis 2005 et les revenus ont augmenté pour la majorité d’entre eux. Le taux de chômage est passé de 11,7% en 2005 à 5,7% en juillet dernier, un plus bas historique. La chancelière, qui brigue un quatrième mandat, a d’ailleurs promis d’atteindre le plein emploi d’ici 2025, soit un taux de chômage de 3%.

En parallèle, les Allemands ne se sont jamais sentis aussi satisfaits de leurs conditions de vie, comme le relève une enquête récurrente de l’institut de recherche économique DIW. Ils se montrent aussi plus optimistes que leurs voisins européens quant à l’avenir de leur pays, selon un récent sondage de l’institut Bertelsmann.

Paradoxalement, 70% des Allemands se disent aussi fortement préoccupés par les inégalités sociales. Pendant que la majorité a profité du redressement économique du pays, une partie a en effet vu ses conditions régresser, notamment en raison d’une flexibilité accrue sur le marché de l’emploi. L’institut statistique Destatis a calculé qu’un actif allemand sur cinq occupait un job « atypique » en 2016: temps partiels de moins de 20h par semaine, contrats intérimaires, emplois temporaires et autres mini-jobs à 450 euros par mois.

Les 40% de ménages aux revenus les moins élevés ont aujourd’hui un pouvoir d’achat moindre qu’il y a vingt ans, estime pour sa part le DIW.

Concernant les inégalités de revenus, l’embellie économique n’a pas permis de les résorber, tandis que le taux de pauvreté s’est même aggravé au cours des trois dernières années, selon les derniers chiffres de l’OCDE (2014). L’Allemagne se positionne ainsi derrière la France, la Belgique, l’Autriche ou encore la Slovénie.

Le candidat du parti social-démocrate, Martin Schulz, a bien compris l’importance de ces thèmes et leur potentiel auprès de son électorat, alors que certains observateurs reprochent à Angela Merkel de ne pas se soucier des publics précarisés. Dès son retour sur le terrain politique allemand début 2017, il s’est engagé pour davantage de justice sociale, l’argument-phare de son parti.

Cela ne l’a pas empêché, alors qu’il était interviewé par des « youtubers » début septembre, d’être embarrassé par une question: « Votre parti a été au pouvoir pendant 16 ans au cours des 20 dernières années, mais l’Allemagne n’est toujours pas devenue équitable. Le SPD a-t-il échoué? »

Martin Schulz espère toujours pouvoir échapper à une « grande coalition » CDU-SPD – que le pays a connue entre 2005 et 2009, et depuis 2013 – et arriver au pouvoir sans les conservateurs d’Angela Merkel. Mais si les sondages d’opinion disent juste, cela sera mathématiquement impossible.

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