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L’Affaire du petit Grégory: après les tests ADN, la voix du corbeau

26 ans après les faits, les recherches sur des traces d’ADN n’ont pas permis la percée espérée dans l’enquête de l’une des plus grandes énigmes criminelles des dernières décennies..

Grégory Villemin a 4 ans lorsque la police retrouve son corps sans vie dans la rivière de la Vologne le 16 octobre 1984. Les enquêteurs n’ont jamas pu identifier l’auteur des faits.

Mardi, le quotidien français L’Est républicain annonçait que des analyses avaient été effectuées à partir d’empreintes génétiques retrouvées sur les vêtement de Grégory Villemin, ainsi que sur des lettres envoyées par un « corbeau », qui harcelait la famille de l’enfant, par courrier ou par des coups de téléphone anonymes.

Après vérification, ces prélèvements ADN effectués sur des scellés ne correspondent à aucun profil génétique parmi quelque 150 protagonistes de l’affaire, et ne mènent donc à aucune piste, a affirmé mardi soir le quotidien. « Deux possibilités s’offrent désormais à la justice (…): élargir le cercle des personnes qui ont fait l’objet d’un prélèvement ADN (ou) chercher à extraire, avec une autre technique, des empreintes génétiques « exploitables » sur les cordelettes et les courriers », selon L’Est Républicain.

Selon un autre journal, Le Parisien/Aujourd’hui en France, l’enquête s’oriente désormais vers une nouvelle analyse de la voix du corbeau.

Les enregistrements avaient déjà été analysés dans le passé par des experts, sans résultat concluant. Mais l’article évoque mercredi « un avocat du dossier », qui a la « certitude » que les progrès de la science permettront une « analyse plus pertinente aujourd’hui ».

L’affaire de tous les excès

Le 16 octobre 1984, vers 17 heures, Grégory, quatre ans, disparait de la maison familiale à Lépanges-sur-Vologne, où il vit avec ses parents, Jean-Marie et Christine Villemin. A peine 30 minutes plus tard, Michel Villemin, le frère de Jean-Marie, reçoit un appel anonyme : « J’ai pris le fils du chef [surnom donné au père, ndlr], je l’ai mis dans la Vologne. »

Le soir même, à 21h15, le corps sans vie de Grégory Villemin est découvert à l’endroit présumé. Le petit garçon a les mains et les jambes liées. S’en suit la lettre du mystérieux corbeau adressée à Jean-Marie Villemin : « J’espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n’est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con ». Mais le corbeau est-il aussi l’assassin du petit Grégory? Rien n’est moins sûr.

L’Affaire Villemin a ensuite pris un tournant digne des plus grands films policiers. Le cousin de Jean-Marie Villemin, Bernard Laroche, est très vite dans le collimateur des enquêteurs. Sa belle-soeur Murielle Bolle, le dénonce comme étant l’assassin du petit Grégory. Il est inculpé le 5 novembre 1984. Faute de preuves, il sera relâché le 4 février 1985 et abattu quelques mois plus tard par Jean-Marie Villemin, persuadé qu’il est l’assassin de son fils.

Le père de Grégory sera condamné en 1993 à 5 ans de prison dont un an avec sursis mais il sera libéré quelques semaines plus tard.

Autre rebondissement de l’affaire, le 5 juillet 1985, le juge d’instruction inculpe Christine Villemin, la mère de la victime. Elle est désignée comme éventuel corbeau par les graphologues. Elle bénéficiera d’un non-lieu en appel pour « absence totale de charges » le 4 février 1993.

L’enquête piétine et en 2001, le dossier tombe dans l’oubli avant d’être réouvert en 2008.

Durant toutes ces années, l’affaire a été le fruit d’excès en tous genre: violations du secret de l’instruction et de la vie privée ; partis-pris de la presse; indécision des magistrats; manque de précautions des enquêteurs dans la collecte d’indices … Mais 26 ans plus tard, l’affaire du petit Grégory déchaîne encore et toujours les passions.

LeVif.be

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