Göteborg © Getty Images/iStockphoto

Journée de travail de six heures : les absents aussi coûtent cher à la société

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Le conseiller communal suédois Patrik Helgeson a lancé l’expérience de la journée de travail de six heures à Göteborg. Ce vendredi, il vient parler de son projet au Conseil flamand des femmes (Vrouwenraad).

Conseiller communal pour le Left Party à Göteborg, Helgeson raconte son expérience sur la journée de travail de six heures au quotidien De Morgen. « Il y a un peu plus de deux, nous avons lancé l’expérience dans la résidence-services de Svartedalen. Celle-ci emploie septante personnes. Et comme partout dans le secteur de soins, le taux d’absentéisme y était très élevé. »

Pendant deux ans, les employés n’ont travaillé que six heures par jour au lieu de huit en conservant leur salaire. Pour pallier les manques, la résidence-service a engagé dix-sept employés supplémentaires. Les effets positifs se sont très vite ressentis : le personnel disposait de plus de temps à consacrer aux habitants de la résidence. Après le travail, les employés se sentaient plus en forme, moins stressés et plus aptes à effectuer leurs tâches. L’absentéisme a également baissé de 4,7%.

Malheureusement, et ce n’est guère surprenant, le coût de l’expérience s’est révélé exorbitant : le projet a coûté pas moins de 1,3 million d’euros, un budget intenable à long terme et à grande échelle. Helgeson admet que l’expérience a coûté très cher, même s’il nuance le montant : « Il faut relativiser le coût supplémentaire de 1,3 million d’euros. Nous avons engagé plus de personnes, ce qui signifie qu’on fait des économies d’allocations de chômage. Et les gens qui restent malades chez eux coûtent également beaucoup d’argent à la société. Selon nos calculs, l’expérience a plutôt coûté 700 000 euros. » Il admet toutefois avoir espéré que l’absentéisme diminue davantage.

Malgré ces déconvenues, Helgeson ne perd pas espoir. D’autres ont en effet suivi son exemple, et notamment une clinique de chirurgie de Mölndal, un peu en dehors de Göteborg. Il explique au Morgen que les jours de maladie y ont baissé, que le temps d’attente a diminué et que les coûts de personnel intérim ont chuté.

Dans le secteur industriel, le coût de la journée de travail de six heures de travail serait moins élevé. Depuis 2003, 37 ouvriers de Toyota à Mölndal travaillent six heures par jour en deux shifts. Il s’avère qu’en ces six heures, ils font pratiquement autant qu’avant en huit heures. Ils sont tout simplement plus efficaces. « Les gens qui y travaillent se sentent mieux et sont moins souvent absents. Cela peut donc bien fonctionner dans ce genre d’entreprises », estime le politique suédois.

Aussi le parti de Helgeson demande-t-il de lancer le projet dans toutes les communes de Suède afin d’aboutir à une semaine de travail de trente heures. « Les résultats de notre expérience à Göteborg et le fait qu’on instaure les journées de travail courtes à de nombreux endroits nous donnent de l’espoir », conclut-il.

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