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J’étais avec les crocodiles de la Daintree Forest, et tout est vrai

Nicolas Vadot
Nicolas Vadot Dessinateur

Je vous présente Boris. En fait non, je vous présente Doris, un crocodile d’estuaire de 3 mètres de long (les plus grands mâles font jusqu’à 7 mètres et pèsent une tonne, leur morsure étant trois fois plus puissante que celle du requin blanc), vivant dans la Daintree Forest, l’une des plus anciennes jungles du monde, située à la pointe nord-est de l’Australie.

Je vous présente Boris. En fait non, je vous présente Doris, un crocodile d’estuaire de 3 mètres de long (les plus grands mâles font jusqu’à 7 mètres et pèsent une tonne, leur morsure étant trois fois plus puissante que celle du requin blanc), vivant dans la Daintree Forest, l’une des plus anciennes jungles du monde, située à la pointe nord-est de l’Australie. Avant d’être recueilli par un centre pour animaux maltraités, Boris avait été vendu, petit, comme animal de compagnie à un particulier qui, ne sachant plus quoi faire du saurien une fois que celui-ci avait grandi, l’avait enfermé dans… une buanderie, avant que la police ne mette fin au calvaire de la bête. Une fois tiré d’affaire, Boris allait beaucoup mieux et s’est mis… à pondre des oeufs. Si bien que Boris est devenu Doris, car personne n’était allé voir entre ses jambes pour vérifier l’adage que me sortait toujours mon père, selon lequel  » si ma tante en avait deux, on l’appellerait mon oncle « , ici en version inversée.

Le gentil monsieur qui s’occupe de Doris nous a expliqué que le crocodile – espèce antérieure aux dinosaures, ayant survécu à tout, y compris les ères glaciaires, ce qui laisse à penser que même Donald Trump et Kim Jong-un n’en viendront pas à bout – chasse 90 % de ses proies dans un rayon d’un mètre en bordure des rivières ou étangs dans lesquels il se cache. En arrivant sur place, la tenancière de notre B’n’B, une aborigène de la région, avait été catégorique :  » No swimming at all, and no walking on the beach at night.  » Oui, ça rend humble, de se confronter à la vraie nature.

Une femme s’était fait dévorer deux semaines plus tôt à trois plages de là. Un peu comme dans la scène d’ouverture des Dents de la mer, elle était allée se baigner un peu éméchée vers 22 heures. Le croco n’avait eu qu’à se servir. Pour lui, qui quitte en général sa rivière pour aller dans l’océan à la recherche d’une tortue ou d’un plat dans le genre, c’était  » half-way to the supermarket « , comme nous a dit un local.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que j’étais là-bas vers la fin juillet, au moment de la formation du nouveau gouvernement wallon. En vacances au fin fond de la jungle, sans Internet ! Coupé du monde. Et personne autour de moi ne semblait perturbé, alors que l’avenir de notre civilisation se jouait à L’Elysette. Bande d’inconscients !

Je ne pouvais pas m’empêcher d’extrapoler en voyant Doris, Madame la crocodile : elle attend des heures sans bouger, dans son marécage, avec juste les yeux qui dépassent, se faisant oublier comme un vulgaire tronc d’arbre, avant de choper la jambe d’une bestiole venue se désaltérer, et crac ! Elle la noie, la cache sous l’eau et la laisse pourrir sous une branche avant de la déguster à petit feu. Quelle métaphore ! Doris, c’est Olivier Maingain et la bestiole, c’est ce pauvre bougre de Lutgen. La couleur (verte) du crocodile est trompeuse, mais on n’a encore jamais vu de crocodiles amarante.

Vous savez pourquoi le crocodile chasse comme ça, sans trop se fatiguer ? Parce que c’est un animal à sang froid, qui doit réguler sa température corporelle en faisant le moins d’efforts possibles. Et ça fait 145 millions d’années que ça dure. C’est dire si Olivier Maingain a encore de beaux jours devant lui.

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