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Iran : les États-Unis mettent la pression sur Bruxelles

Les Etats-Unis mettent la pression sur la Belgique pour que SWIFT, l’organisation internationale qui a son siège à La Hulpe et qui règle 80 % à 90 % des transactions financières internationales, coupe tout contact avec l’Iran.

SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est le point central du système bancaire international. D’après certaines évaluations, SWIFT règle quotidiennement des transactions financières pour un total de 6.000 milliards de dollars ; des milliers d’entreprises et d’institutions financières sont connectées sur ce réseau.

La commission bancaire du Sénat américain a adopté un amendement visant à obliger SWIFT à bloquer toutes les transactions avec l’Iran. Les sénateurs ont approuvé le projet sous l’influence du puissant groupe de pression United against nuclear Iran (Uni contre un Iran nucléaire) et financé depuis les Etats-Unis et Israël. Tous les dirigeants de SWIFT ainsi que les gouverneurs des banques centrales européennes ont reçu une lettre stipulant qu’ils feraient l’objet de poursuites judiciaires si l’Iran dégainait l’arme nucléaire.

En coupant tout lien entre SWIFT et l’Iran, les Etats-Unis souhaitent mettre fin au programme nucléaire iranien qui, aux yeux de l’Occident, ne vise qu’à développer l’arme nucléaire.

Pour éviter que SWIFT, qui a son siège à La Hulpe près de Bruxelles, élude cet amendement, la diplomatie américaine met la pression sur la Belgique et la Commission européenne afin qu’elles obligent la société à couper tout lien avec l’Iran. Près de 40 banques iraniennes utilisent SWIFT : isoler ces banques pourrait porter un coup fatal au trafic financier dans le payer.

Une tactique risquée
Selon les spécialistes, couper brutalement tout lien entre SWIFT et l’Iran est une tactique dangereuse puisque cela pourrait faire grimper les prix du pétrole vers des sommets vertigineux. Et c’est la dernière chose dont a besoin une économie mondiale déjà chancelante.

Alors que la diplomatie belge réagit avec prudence, Catherine Ashton, la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, semble prête à réagir positivement aux exigences américaines. Une position qui entraîne de nombreuses frictions au sein de la Commission elle-même.

Les tensions entre les Etats-Unis, Israël et l’Iran ont déjà eu comme conséquence une présence accrue de la marine américaine dans le détroit d’Ormuz, le passage vers le golfe Persique où transite près de 20 % de la production de pétrole.

Un combat géopolitique
La tentative de blocage des relations entre SWIFT et l’Iran signifie une nouvelle étape dans la bataille géopolitique en cours. C’est également dans cette optique que certains services mettent l’accent sur le fait que l’Iran reste l’un des principaux pourvoyeurs de fonds du terrorisme international. En 2006, SWIFT avait déjà été impliqué dans la lutte américaine contre le terrorisme : on avait alors appris que le Trésor américain et la CIA avaient eu accès à toutes les transactions passant par ce système.

Rik van Cauwelaert

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