Hanan Al-Hroub est devenue la première Palestinienne récompensée du titre "d'institutrice de l'année", remis par le Sheikh Mohammed bin Rashid al-Maktoum, premier-ministre et souverain des Emirats arabes unis. © AFP

Hanan Al-Hroub, de réfugiée palestinienne à « Institutrice de l’année »

Stagiaire Le Vif

Hanan Al-Hroub, une institutrice primaire de Palestine, a remporté ce dimanche le Prix de l’enseignement international ( » Global Teacher Prize « ) parmi 8000 candidats issus du monde entier. Originaire d’un camp de réfugiés, elle prône depuis des années la non-violence et l’importance du dialogue en temps de guerre.

Hanan Al-Hroub, qui enseigne dans une d’école primaire de la banlieue d’Al-Bireh, située en bordure de Ramallah, a été récompensée dimanche par le deuxième « Global Teacher Prize »

Le prix, créé par la Fondation Varkey, a été décerné lors d’une fastueuse cérémonie à Dubaï, en présence du souverain des Emirats arabes unis, Mohammed Bin Rashid Al-Maktoum, du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de l’ancien président américain Bill Clinton et du pape François.

L’annonce du nom du vainqueur est revenue au souverain pontife lui-meme, dans un message vidéo où il rappele également l’importance de l’éducation et des professeurs, particulièrement pour les enfants qui ont grandi dans un contexte de guerre.

« C’est un sentiment incroyable et je n’en reviens toujours pas que le Pape ait cité mon nom, a déclaré Hanan Al-Hroub à l’Associated Press. Voir qu’une enseignante arabe et palestinienne comme moi puisse parler au monde et atteindre une telle apogée en matière d’enseignement peut être un exemple pour tous les professeurs dans le monde. »

Son mantra : « stop à la violence »

Hanan A-Hroub a grandi dans un camp de réfugiés palestiniens à Bethléem, un lieu où la violence était quotidienne. Son envie d’enseigner remonte au jour où elle et ses enfants ont assisté à une fusillade sur le chemin de l’école, une expérience marquante qui l’a convaincue de s’intéresser au traitement des enfants traumatisés et à faire en sorte que les écoles puisent mieux les aider.

« Elle privilégie le développement de la confiance, du respect, de l’honnêteté et de l’affection avec ses étudiants, et souligne l’importance de savoir lire et écrire, peut-on lire sur le site du Global Teacher Prize. Elle encourage les étudiants à travailler ensemble, se soucie particulièrement des besoins individuels de chacun et récompense les comportements positifs.

Son approche a contribué à réduire les comportements violents dans des écoles où cela était devenu commun. Elle a inspiré ses collègues à revoir leurs méthodes d’enseignement, la façon qu’ils ont de gérer leurs classes et les sanctions qu’ils utilisent. » Une croisade au nom de la non-violence qu’elle a résumé dans un livre « We play and learn » (« Nous jouons et apprenons »).

Un contexte sous tension

Ce prix de l’enseignement décerné à une candidate palestinienne intervient au moment où les relations israélo-palestiniennes connaissent un pic de violence comme rarement vu ces dernières années. Depuis cinq mois, des attaques au couteau perpétrées par des citoyens palestiniens ont tué 28 Israéliens et deux Américains. Israël y a répliqué en tuant pas moins de 179 Palestiniens, la majorité d’entre eux responsable des assauts, selon les autorités.

Depuis le début de cette vague de confrontations, les représentants israéliens pointent du doigt leaders adverses et réseaux sociaux comme les vecteurs d’une incitation à la haine, là où les leaders palestiniens y voient la manifestation d’une frustration et d’un désespoir causés par 50 ans d’occupation territoriale.

Des ressortissants palestiniens étaient d’ailleurs présents dans l’assemblée à Dubai et ont accompagné la remise du prix en chantant et brandissant le drapeau palestinien.

« Les enseignants palestiniens peuvent désormais s’adresser au monde. Main dans la main, nous pouvons influencer les changements et fournir une éducation saine qui apportera la paix », s’est exprimé Al-Hroub.

Elle faisait partie d’une liste de dix nominés originaires d’Australie, de Finlande, d’Inde, du Japon, du Kenya, du Pakistan, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Hanan Al-Hroub les a d’ailleurs conviés sur scène au moment de son speech, sous un tonnerre d’applaudissements.

Forte de cette reconnaissance, Mme Al-Hroub va désormais continuer à faire connaître ses méthodes dans des conférences et séminaires à travers le monde. Elle compte également investir une partie du million de dollars reçu en guise de prix pour créer des bourses d’étude, tout en continuant à enseigner dans l’école primaire Samiha Khalil, à Al-Bireh, une des conditions pour qu’elle reçoive la somme en question.

Le « Global Teacher Prize » a été créé il y a deux ans pour honorer une contribution exceptionnelle de la part d’un enseignant, la mise en place de méthodes innovantes ou bien l’encouragement à ce que d’autres rejoignent la profession. Le prix avait été décerné en 2015 à Nancie Atwell, une professeur d’anglais de l’état rural du Maine (USA).

Guillaume Alvarez

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