Guy Verhofstadt © Reuters

Guy Verhofstadt: « Nous donnons les clés de l’Europe au sultan Erdogan »

Le Parlement européen a débattu mercredi matin de l’accord de principe que les chefs d’Etat et de gouvernement ont conclu avec la Turquie dans le cadre de la crise des réfugiés. Le chef de groupe libéral, Guy Verhofstadt (Open Vld), a descendu l’accord en flammes.

Presque toutes les familles politiques au Parlement à Strasbourg semblent – plus ou moins – critiques par rapport à l’issue du sommet UE-Turquie. Seul le PPE en prend la défense.

Du côté de l’ALDE, Guy Verhofstadt a demandé que le président du Conseil européen Donald Tusk « revoie sa copie » d’ici au prochain sommet, la semaine prochaine, où l’accord de principe devra être traduit en un accord définitif avec la Turquie.

« Ce que nous faisons en fait, c’est outsourcer le problème. Nous donnons les clés de l’Europe au sultan Erdogan. Nous, Européens, bloquons l’accès pour tous les Syriens et les réfugiés qui cherchent protection et ce sera la Turquie et son président Erdogan qui sur base individuelle décideront qui est réfugié politique et qui ne l’est pas, qui peut aller en Europe et qui ne peut pas. » Les Syriens pourront sans doute passer, mais pas les Afghans, craint Guy Verhofstadt. « Et les Kurdes qui viennent de Syrie ou d’Irak ne pourront pas du tout passer. »

Le chef de groupe PPE Manfred Weber, issu du même parti que la chancelière allemande Angela Merkel, considérée comme une des architectes de l’accord, est satisfait du résultat du sommet. Il a cependant mis un bémol: les milliards d’euros qui seront débloqués ne peuvent pas aller directement aux autorités turques. « Ce n’est pas un chèque en blanc », a-t-il mis en garde. « On parle de coopération, pas de dépendance. »

Le seul orateur à avoir évoqué la situation humanitaire dramatique en Grèce est le chef de groupe social-démocrate Gianni Pittella. Il craint que le pays devienne « une volière à réfugiés », « avec une entrée mais pas de sortie ».

De son côté, le coprésident du groupe des Verts, Philippe Lamberts, a fustigé une « faillite morale ». « On déroule le tapis rouge à un régime qui musèle sa presse (…) et bombarde sa propre population », a martelé M. Lamberts, en faisant allusion au conflit kurde en Turquie.

Dans les rangs europhobes, le Britannique Nigel Farage, leader de la campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE, a averti qu’un vote pour y rester, lors du référendum organisé le 23 juin, serait « un vote pour l’adhésion de la Turquie ».

Contenu partenaire