George W. Bush en 2002 © Reuters

Guerre de l’acier: le précédent américain de 2002

Le Vif

Les menaces du président Donald Trump d’imposer des taxes douanières de 25% sur les importations d’acier aux Etats-Unis évoquent le précédent de 2002 lorsque son prédécesseur George W. Bush avait fait de même avant de devoir battre en retraite.

Le 5 mars 2002, George W. Bush –républicain comme Donald Trump– impose un an après son arrivée au pouvoir –tout comme Donald Trump– des surtaxes allant de 8% à 30% pour dix catégories de produits importés tels que l’acier plat laminé, les fils pour machines ou les tubes soudés entre autres, pour une durée de trois ans et un jour.

Cette décision prévoit une réduction des taux chaque année et d’éventuelles dérogations. Ces mesures de sauvegarde pour soutenir la sidérurgie américaine en pleine restructuration face à la concurrence mondiale touchent environ 29% des importations en volume.

Washington exclut cependant ses partenaires du Canada, Mexique, Israël et de Jordanie, avec lesquels des accords de libre-échange existent à l’époque.

En annonçant jeudi qu’il allait appliquer la semaine prochaine des taxes de 25% sur les importations d’acier (et de 10% sur celles aluminium), Donald Trump n’a pas spécifié sur quelles catégories de produits elles s’appliqueraient et si des pays en seraient exemptés.

George W. Bush avait affirmé que « les mesures de sauvegarde sont expressément prévues par les règles de l'(organisation mondiale du commerce) qui reconnait que les importations peuvent parfois causer des dégâts si importants aux industries nationales que des restrictions temporaires peuvent être décidées. Nous sommes dans cette situation ».

La suite des événements lui avait toutefois donné tort: l’Union européenne notamment avait immédiatement déposé plainte auprès de l’OMC et publié en mai suivant une liste de produits américains frappés en rétorsion de droits de douane pouvant aller jusqu’à 100%, dont les jus de fruit, les T-shirts ou encore les slips.

– Guerre de tranchées –

Une guerre de tranchées s’était ensuite ouverte entre Washington et ses partenaires, chacun tentant d’utiliser les armes autorisées par le gendarme du commerce international. L’administration américaine avait également tenté d’amadouer certains partenaires en élargissant la liste d’exemptions.

Mais la politique protectionniste de George W. Bush avait parallèlement provoqué une forte baisse du dollar, aggravée par le creusement des déficits du fait des réductions d’impôts qu’il avait également octroyées, une situation très similaire à celle qui existe actuellement.

Finalement, après avoir perdu devant l’OMC qui avait donné raison aux quinze pays de l’UE et à sept autres (Japon, Chine, Brésil, Nouvelle-Zélande, Norvège, Corée du Sud, Suisse),le président américain s’était finalement résolu à supprimer ses taxes en décembre 2003, quinze mois avant leur échéance théorique.

Il capitulait ainsi devant la menace de ses partenaires, forts du soutien de l’OMC, d’imposer des droits de douanes allant jusqu’à 2,2 milliards de dollars sur des produits américains, dont les fruits et légumes, textiles, chaussures ou motos, certains choisis en fonction des régions dont le soutien était nécessaire au président américain en vue de la campagne pour sa réélection en 2004.

Pour expliquer son volte-face, M. Bush avait fait part de sa « conviction que les consommateurs américains, l’économie américaine seront mieux servis par des échanges commerciaux mondiaux libres et équitables ».

Selon certaines études, les conséquences économiques de ces taxes imposées pendant 21 mois auraient coûté quelque 200.000 emplois à l’économie américaine.

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