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Grèce : « Passer l’éponge ? Très mauvaise idée »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Luc Coene, l’ex-gouverneur de la Banque nationale aujourd’hui lié à la Banque centrale européenne, n’envisage pas un Grexit sans un certain soulagement. Une sortie de la Grèce aurait valeur d’exemple et de rappel à la discipline.

Le Vif/L’Express : La Grèce sur le point de quitter l’euro, c’est le bon scénario ? C’est celui qui a en tout cas vos préférences.

Luc Coene : J’ai effectivement déclaré au parlement wallon, il y a deux mois, que laisser partir la Grèce serait une bonne chose, mais ces propos étaient destinés à rester en interne. Bon, soit… Laisser dans la zone euro un pays qui conteste constamment la nécessité d’une politique de convergence économique revient à attaquer les fondements mêmes du système et finira par mettre en péril la zone euro. Vouloir garder à tout prix la Grèce dans le système peut solutionner un problème à court terme mais créera un gigantesque problème à moyen terme.

Il n’y a donc pas d’alternative ?

A défaut d’union politique, le maintien d’une union monétaire exige une politique de convergence économique et le respect d’une discipline de la part de ses Etats membres. L’Union européenne ne souhaite pas le départ de la Grèce mais elle ne peut accepter son refus de la logique du système. L’Union ne peut se le permettre. L’euro jouerait son avenir dans cette crise mal résolue.

Le but est donc de faire un exemple ?

Le cas grec doit effectivement avoir valeur d’exemple. Mais la balle est dans le camp des Grecs.

Le départ de la Grèce ne poserait, selon vous, pas de problème pour la zone euro. Il y aurait même du positif…

Oui, parce que les conséquences d’une telle éventualité pourraient être mieux absorbées que ce n’était encore le cas en 2012. Il existe à présent des mécanismes et des procédures pour maîtriser ces conséquences. Les pays comme l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande, ont depuis lors pas mal corrigé les déséquilibres importants qu’ils connaissaient il y a trois ans.

Les Grecs ne méritent-il pas un peu d’indulgence, des circonstances atténuantes ?

Passer l’éponge serait une très mauvaise idée. Car en fin de parcours, quelqu’un devra payer la facture. Il ne faudrait pas oublier que tous les pays du centre de la zone euro financent le Mécanisme européen de stabilité, y compris le contribuable belge. Il faut un minimum de discipline. Il n’appartient qu’aux Grecs de vouloir rester dans la zone euro, mais pas pour y faire tout ce qu’ils ont envie de faire. Quand vous devenez membre d’un club, vous en acceptez les conditions. Si vous n’êtes plus d’accord avec ces règles, vous finissez par vous faire évincer.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de ce jeudi.

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