Film anti-islam: 19 morts dans les manifestations au Pakistan

Alors que Le Figaro annonce que le film L’Innocence des musulmans semble n’avoir jamais existé, on apprend qu’au moins treize personnes ont été tuées et près de 200 autres ont été blessées lors de manifestations violentes vendredi contre le film américain anti-islam dans de grandes villes pakistanaises.

Alors que Le Figaro annonce que le film L’Innocence des musulmans semble n’avoir jamais existé, on apprend que les violences au Pakistan, principal foyer musulman de manifestations contre le film américain anti-islam, ont fait 17 morts et plus de 200 blessés vendredi après la grande prière.

Dans les autres pays musulmans, les protestations anti-américaines ou anti-françaises, à la suite de la publication de nouvelles caricatures de Mahomet en France, sont restées limitées et sans violences après la prière du vendredi.

Les autorités pakistanaises avaient décrété cette journée fériée, baptisée « Jour de l’amour du Prophète », afin de permettre à la population de manifester pour la défense de l’islam et de Mahomet, tournés en ridicule dans le film américain à petit budget « L’innocence des musulmans », diffusé sur internet.

Le bilan était vendredi soir de 17 morts – douze à Karachi, la mégalopole du Sud, et cinq à Peshawar, la plus grande ville du Nord-Ouest – et de 229 blessés au total en comptant ceux recensés à Islamabad, la capitale, où les manifestants étaient tenus à distance des ambassades occidentales.

Ces décès portent à 19 le nombre de morts recensés au total au Pakistan depuis le début des manifestations contre le film américain la semaine dernière.

Alors que les marchés et autres commerces étaient totalement fermés, les manifestations se sont multipliées et ont pris de l’ampleur dans l’après-midi, après la prière, sous l’impulsion des influents partis islamistes et de certains groupes extrémistes.

Les premiers incidents graves ont éclaté dans la matinée à Peshawar, la principale ville du Nord-Ouest, région très conservatrice frontalière de l’Afghanistan, où des milliers de personnes ont manifesté contre le film.

Cinq personnes ont été tuées et 79 blessées dans des heurts avec la police après que les protestataires eurent saccagé et incendié deux cinémas.

12 tués à Karachi
Douze personnes, dont un policier, ont aussi perdu la vie et plus de 100 ont été blessées au cours d’affrontements à Karachi, capitale économique du pays, où des manifestants ont aussi incendié trois cinémas, trois banques et un établissement d’une chaîne américaine de restauration rapide, selon la police.

Les forces de sécurité étaient particulièrement en alerte à Islamabad où des barrages avaient été disposés pour éviter tout assaut contre l’enclave diplomatique où sont notamment installées les ambassades des Etats-Unis et de France.

Près de 20.000 personnes ont manifesté aux cris de « Les Américains sont des chiens » et « Les amis des Américains sont des traîtres » près de l’enclave, en jetant pour certains des pierres à la police, qui a répliqué en tirant des grenades lacrymogènes. Les manifestants s’étaient dispersés en milieu de soirée.

Jeudi, des échauffourées au même endroit avaient fait 50 blessés.

Le Premier ministre pakistanais Raja Ashraf avait pourtant appelé en début de journée la population à manifester pacifiquement, tout en condamnant fermement le film américain, une « attaque inacceptable » contre « le Prophète ».

Les manifestations anti-américaines sont fréquentes au Pakistan, pays de 180 millions d’habitants, où les puissants groupes islamistes dénoncent régulièrement l’alliance du gouvernement d’Islamabad avec Washington.

Mais une telle vague de manifestations simultanées et pour les mêmes motifs y est plus inédite. Plus de 4.000 personnes ont également manifesté à Lahore (est), la seconde ville du pays, plusieurs milliers à Multan (centre), et 30.000 à Muzaffarabad (est), la capitale du Cachemire pakistanais, selon la police.

Si les manifestants y ont affirmé leur hostilité envers les Etats-Unis et le film américain, ils n’ont pas mentionné les caricatures de Mahomet publiées en France par l’hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo ».

Les Etats-Unis ont répété vendredi qu’ils n’avaient rien à voir avec le film dénigrant le prophète Mahomet, produit sur leur territoire il y a un peu plus d’un an.

Dans le reste du monde musulman, aucun mouvement violent n’a été recensé alors que la grande prière avait pris fin, même à Kaboul, où seuls quelques petites manifestations anti-américaines et anti-françaises pacifiques ont été enregistrées.

Les manifestants étaient des centaines devant le consulat de France à Surabaya (est de Java), aux cris de « Mort à l’Amérique, mort à la France! « , au Yémen, et au Maroc. Ils étaient un millier à Moroni, la capitale des Comores, plusieurs milliers à Bassora (Irak) et au Liban, et jusqu’à 10.000 personnes, qui ont brûlé une effigie du président Barack Obama et un drapeau français, au Bangladesh. Une cinquantaine de personnes ont enfin manifesté devant l’ambassade de France au Caire pour protester contre les « atteintes à l’islam ».

Lybie: des milliers de manifestants à Benghazi

Des milliers de Libyens ont manifesté vendredi à Benghazi (est) contre les milices armées, dix jours après l’attaque du consulat américain, éclipsant un rassemblement de salafistes qui protestaient contre un film et des caricatures jugés offensantes pour l’islam.

« Non aux groupes armés », « oui à l’armée en Libye », pouvait-on lire sur
les pancartes brandies par les manifestants qui s’étaient réunis devant l’hôtel Tibesti avant de marcher sur la place d’Al-Kich, agitant le drapeau national rouge, noir et vert.

D’autres pancartes rendaient hommage à l’ambassadeur américain Chris Stevens tué, avec trois autres Américains, dans une attaque contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi le 11 Septembre: « la Libye a perdu un ami », « nous voulons la justice pour Stevens ».

La manifestation avait pour objectif de dénoncer l’extrémisme et la violence et exiger le remplacement des milices par une armée et une police, qui n’ont pas encore été remises sur pied depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011.

Les organisateurs ont réclamé par ailleurs le retrait de tous les groupes armés des bâtiments et établissements publics. Dans la foulée de la manifestation, des habitants de l’avenue Jamal Abdennasser ont délogé pacifiquement une milice connue par le nomnde la « Brigade des martyrs d’Abou Slim » qui occupait un bâtiment de la sécurité libyenne.

Des éléments de l’armée et de la police régulière sont arrivés par la suite pour prendre possession des lieux, selon un journaliste de l’AFP. Une manifestation organisée en même temps sur la place d’Al-Kich par le groupe jihadiste Ansar Al-Charia a rassemblé quelques centaines de personnes.

Avec Belga

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