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En Syrie, Homs est coupée du monde

L’armée syrienne a lancé depuis mardi soir un assaut terrestre sur Homs. Privés de nourriture, de soins médicaux et d’électricité, les habitants craignaient cet assaut final.

Après une nuit relativement calme en apparence, le pilonnage a repris ce mercredi sur plusieurs quartiers de Homs. « Le pilonnage sur Baba Amr a repris ce matin d’une manière intermittente », a affirmé Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne, ajoutant que des obus tombaient également sur les quartiers de Khaldiyé et al-Bayyada.

Dans la nuit, l’armée syrienne a lancé un assaut terrestre contre la ville, assaut que les habitants craignent depuis des jours. « Le secteur est sous contrôle. L’armée a déjà procédé à un nettoyage bloc par bloc, maison par maison, et maintenant les soldats fouillent chaque cave et tunnel à la recherche d’armes et de terroristes », a indiqué une source de sécurité à Damas. Une citation qui n’est pas sans rappeler l’une des apparitions télévisées du colonel Kadhafi pendant la crise libyenne: il promettait alors de « purger la Libye maison par maison, ruelle par ruelle », son fameux « Zenga Zenga ».

D’après la même source de sécurité de Damas, il « reste encore quelques poches à réduire ». L’armée tente notamment de pénétrer dans le quartier Baba Amr « avec l’infanterie depuis le terrain de football d’Al Bassel, et nous assistons à de violents affrontements à l’arme automatique et à la mitrailleuse », a déclaré à Reuters le militant de l’opposition Mohammad al Homsi, présent à Homs. Mais elle ne serait pas encore « entrée » précisément dans ce quartier rebelle, soumis à d’intenses bombardements, note l’activiste Omar Shakir sur Twitter.

Privés de nourriture

L’armée syrienne a notamment coupé une route d’approvisionnement clandestine conduisant vers le quartier rebelle, selon des militants. Les forces du régime avaient découvert mardi une voie secrète qui liait les vergers de Baba Amr et ceux d’un village voisin. Ils l’ont dynamitée, blessant des personnes qui s’y trouvaient.

« Des produits alimentaires et médicaux étaient acheminés par cette route clandestine, qui est en fait une canalisation d’eau de 2700 mètres de long où l’on avance très difficilement, à genoux », a expliqué Hadi Abdallah. Cette voie était également empruntée pour évacuer les blessés. « C’était notre lien unique avec l’extérieur, maintenant nous en cherchons un autre », a ajouté le militant. « L’électricité est coupée dans la plupart des quartiers », ont affirmé de leur côté des militants sur leur page Facebook « Syrian Revolution 2011 ».

Plusieurs chefs de groupe de combattants de l’Armée syrienne libre (ASL) -qui regroupe des déserteurs- postés autour de Homs, ont confirmé que l’accès à la ville était désormais complètement coupé.

Une émissaire de l’ONU chargée de l’humanitaire empêchée d’entrer en Syrie

Les autorités syriennes ont refusé ce mercredi à la responsable des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos l’autorisation d’entrer en Syrie pour évaluer la situation humanitaire dans ce pays. « Je suis très déçue de ne pas avoir pu me rendre en Syrie, en dépit de mes demandes répétées pour rencontrer des responsables syriens au plus haut niveau afin d’évoquer la situation humanitaire et la nécessité de donner accès sans entraves aux populations affectées par les violences », a déclaré Valérie Amos dans un communiqué.

« Etant donné la situation humanitaire en rapide aggravation (..) améliorer cet accès pour que les secours puissent parvenir à ceux qui en ont un besoin urgent est une priorité absolue », a-t-elle ajouté.

Damas a envoyé une unité d’élite

Les rumeurs sur un assaut final imminent s’étaient renforcées ces dernières heures avec l’envoi de nouveaux renforts à Homs. Le régime syrien a dépêché mardi la 4e Brigade, une unité d’élite de l’armée régulière commandée par le général Maher al-Assad, selon un militant sur place.

Mardi, les violences avaient fait au moins 48 morts dans le pays, dont 33 civils tués pour la plupart à Homs, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). La répression en Syrie a fait depuis onze mois « certainement beaucoup plus que 7500 morts », a déclaré un haut responsable de l’ONU, au moment où les initiatives diplomatiques se multiplient pour obtenir que la population syrienne puisse être secourue. « Nous ne pouvons pas donner de chiffres précis, mais il y a des informations crédibles selon lesquelles le bilan excède désormais souvent les cent morts civils par jour, dont beaucoup de femmes et d’enfants », a affirmé Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires politiques.

Le journaliste espagnol Javier Espinosa est arrivé au Liban

Le journaliste espagnol du quotidien El Mundo Javier Espinosa est arrivé de Syrie au Liban, a annoncé mercredi soir le journal sur son site internet.

Le correspondant d’El Mundo « est sorti de Syrie et se trouve au Liban en parfait état de santé », écrit le journal.

Javier Espinosa, qui était le dernier journaliste espagnol travaillant à Homs, selon El Mundo, avait survécu au bombardement dans lequel ont été tués la journaliste américaine Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik le 22 février dans cette ville.

Deux autres journalistes, tous deux français, Edith Bouvier et William Daniels, étaient probablement toujours bloqués mercredi à Homs.

La France a appelé mercredi la Syrie à instaurer un cessez-le-feu à Bab Amr, un quartier de Homs bombardé depuis près d’un mois par l’armée syrienne, pour permettre une « évacuation sûre et rapide » d’Edith Bouvier, indiquant ainsi implicitement que cette dernière se trouvait bien dans la ville.

Egalement blessé à Homs, le photographe britannique Paul Conroy est, quant à lui, arrivé mardi au Liban après avoir été exfiltré de la ville syrienne.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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