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Egypte : l’église d’Alexandrie sur une liste de cibles d’Al-Qaïda

L’église des saints d’Alexandrie en Egypte, visée par un attentat sanglant la nuit du nouvel An, figurait sur une liste de lieux de culte coptes désignés depuis début décembre comme cibles par un site internet d’Al-Qaïda.

La liste a été publiée le 2 décembre sur le site Choumoukh al-Islam, qui héberge la plupart des communiqués d’Al-Qaïda et des forums animés par des militants gravitant dans son orbite.

Sous le titre « Lève-toi et abandonne le sommeil. C’est un avis important qui concerne des attaques à l’explosif contre des églises pendant les célébrations de Noël », l’auteur appelle « tout musulman qui se soucie de la réputation de ses soeurs à faire exploser » ces lieux de culte au moment où « ils seront remplis ».

La liste comprend une cinquantaine d’églises coptes au Caire, à Alexandrie — où l’attaque a fait 21 morts et des dizaines de blessés — et dans d’autres régions d’Egypte, ainsi que des églises coptes dans plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

L’attentat n’a pas été revendiqué, mais la piste d’Al-Qaïda est évoquée par les autorités égyptiennes. Le réseau, qui avait revendiqué l’attentat meurtrier du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad (46 morts parmi les fidèles), avait proféré des menaces contre les chrétiens d’Egypte.

La branche irakienne d’Al-Qaïda avait menacé de s’attaquer aux chrétiens de la région si l’église copte ne « libérait » pas deux chrétiennes présentées comme « emprisonnées dans des monastères » pour s’être converties à l’islam.

45 policiers blessés dans des heurts dimanche au Caire

Des heurts entre chrétiens coptes et policiers dimanche au Caire au lendemain de l’attentat qui a fait 21 morts devant une église d’Alexandrie (nord de l’Egypte), ont fait 45 blessés parmi les forces de l’ordre, a-t-on appris lundi auprès de la police.

Les accrochages ont eu lieu en marge d’un rassemblement de plusieurs centaines de personnes qui s’étaient rassemblées dans l’enceinte de la Cathédrale Saint Marc, siège du patriarche copte orthodoxe Chenouda III.

Les manifestants s’en sont pris aux officiels qui venaient présenter des condoléances après l’attentat devant une église de la deuxième ville du pays durant la nuit du Nouvel An.

Des manifestants ont ainsi jeté des pierres sur Osmane Mohamed Osmane, secrétaire d’Etat au développement économique, après qu’il eût rencontré Chenouda III, alors que des affrontements opposaient d’autres manifestants aux policiers postés à l’extérieur de l’enceinte.

Plus tôt dans la journée de dimanche, plusieurs dizaines de manifestants avaient tenté d’encercler le grand imam d’Al-Azhar, Ahmad al-Tayeb, l’un des principaux responsables religieux musulmans du pays, donnant des coups sur sa voiture alors qu’il sortait d’une visite au patriarche.

Dans un quartier copte de la capitale, plusieurs dizaines de manifestants ont jeté des projectiles sur les policiers.

Selon la police, un millier de Coptes ont également manifesté dimanche devant le ministère des Affaires étrangères, et dans la province d’Assyout (sud), des Coptes ont pris à partie un musulman et détruit trois voitures dans le village d’Al-Izziya, selon un témoin.

Sécurité renforcée à l’approche du Noël copte

Les forces de l’ordre égyptiennes ont été mises en alerte renforcée aux abords des églises à l’approche des célébrations du Noël copte orthodoxe jeudi et vendredi.

La présence policière aux postes de contrôle devant les édifices religieux a été renforcée, et les congés de nombreux policiers annulés, ont annoncé lundi des sources au sein des services de sécurité.

La surveillance des ports et aéroports a également été renforcée après cet attentat commis, selon les autorités qui évoquent la piste d’Al-Qaïda, par un kamikaze agissant pour des terroristes étrangers.

Le massacre n’a cependant pas été formellement revendiqué. Selon le quotidien gouvernemental al-Ahram de lundi, la charge explosive, constituée de TNT et de morceaux de métal, était particulièrement sophistiquée.

Le patriarche copte orthodoxe Chenouda III a assuré que malgré les risques, il avait l’intention de célébrer la messe de Noël, comme chaque année le 7 janvier. « Ne pas prier voudrait dire que le terrorisme nous prive de la célébration de la naissance du Christ », a-t-il déclaré, cité par al-Ahram.

Le Noël copte orthodoxe a lieu vendredi, également jour de prière pour les musulmans. Les célébrations commenceront jeudi, avec les traditionnelles messes de veille de Noël.

Outre les risques d’attentats, les autorités redoutent de nouveaux heurts avec des manifestants chrétiens, ou des incidents entre chrétiens et musulmans.

Le Vif.be, avec Belga

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