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« Do it For Danemark » : quand le sexe devient un « devoir national »

Stagiaire Le Vif

Pour enrayer la baisse de son taux de natalité, le Danemark ne lésine pas sur les moyens. Campagnes publicitaires et incitations financières, tout est bon pour donner envie aux couples d’avoir un bébé.

Le Danemark a beau être l’un des pays où l’on est le plus heureux selon les Nations Unies, ses habitants ont un problème : ils ne font pas assez de bébés. Cela fait plusieurs dizaines d’années que le taux de fertilité est inférieur au seuil de renouvellement, qui serait de 2,1 enfants par femme. D’après la Banque Mondiale, il oscillerait dans le pays entre 1,7 et 1,9 environ, et ce depuis 2000. Le taux de natalité, lui, ne cesse de diminuer. De 13 pour 1000 au début du millénaire, il est passé à 11 pour 1000 en 2013. Le problème, c’est que si le Danemark continue ainsi, il n’y aura bientôt plus assez de jeunes travailleurs pour financer les retraites de leurs aînés.

Une « promotion ovulation » pour des vacances coquines

Pour remédier à ce manque de nouveau-nés, le pays tout entier s’est mobilisé. Entreprises privées et pouvoirs publics ont depuis 2013 lancé des campagnes d’incitation pour le moins étonnantes. Parmi elles, celle de Spies Travel, une agence de voyage et filière du géant Thomas Cook. Sous couvert d’humour, sa dernière publicité intitulée « Do It for Denmark » (« Fais-le pour le Danemark ») incite les couples à faire des enfants. Pour encourager de telles décisions, l’entreprise ne manque pas d’arguments. Elle promet des réductions aux femmes qui partent en vacances en pleine période de fécondité : c’est la « promotion ovulation« . Si elles tombent enceintes suite à ce petit séjour, elles peuvent gagner jusque trois ans de fournitures gratuites pour bébé, dont une poussette et des packs de couches à gogo.

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Si Spies Travel a pris de telles mesures, c’est parce qu’elle a remarqué que 10 % des Danois étaient conçus pendant les vacances. Et ce, explique la firme, grâce au fait que « les couples {s’y} voient sous un nouveau jour« . L’endorphine créée permettrait de multiplier les envies. En moyenne, les couples du pays auraient 46 % de relations sexuelles en plus lors de leurs congés qu’au quotidien. « Est-ce que le sexe peut sauver le futur du Danemark ?« , questionne la vidéo. Spies Travel lui mise dessus, quitte à y laisser un peu d’argent. « Après tout, dit l’entreprise, ça nous aidera dans notre business futur« .

Une campagne qui fait mouche au Danemark

L’agence peut en effet espérer avoir dans quelques années de jeunes clients. Depuis le lancement de ces campagnes qui ont érigé le sexe en un « devoir national« , la natalité a un peu augmenté. En 2014, ce sont 1000 enfants de plus que l’année précédente qui ont vu le jour.

D’autres surfent sur cette vague d’engouement. C’est le cas d’Emmanuel Limal, un acteur né en France qui vit aujourd’hui à Copenhague. Lassé de voir des femmes sur les sites de rencontres qui ne voulaient pas construire une famille, le jeune homme a lancé Babyklar.nu. Un site de dating qui se démarque par l’envie affichée et largement assumée par ses membres d’avoir bientôt un bébé. Ce qui pourrait en faire fuir certains cartonne au Danemark, et surtout chez les hommes, qui représentent 53 % de la fréquentation de la plate-forme.

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Certains pays pourraient bien s’inspirer de ce modèle, comme l’Allemagne et la Grèce qui craignent les conséquences d’un taux de natalité en berne. En Russie, en 2008, Vladimir Poutine avait lancé « l’Année de la Famille« . Cela consistait en une série de petites mesures, comme des bancs de forme originale, supposée favoriser les rapprochements amoureux dans les parcs de la ville. Un jour férié, le Family Contact Day avait même été mis sur pied la même année pour encourager les Russes à rester chez eux et partager des moments intimes. À Singapour, un rappeur a lui vanté, en musique, les bienfaits de la procréation patriotique. Sans succès pour l’instant…

Perrine Signoret

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