Deux mois de manifestations au Venezuela en dix photos emblématiques
Victor Salazar, 28 ans, se transforme en torche humaine après avoir été touché par l’explosion du réservoir d’une moto militaire qu’il vient d’incendier avec d’autres manifestants, le 3 mai à Caracas. « Le jeune courrait vers moi, enveloppé dans les flammes. Je ne pouvais pas l’aider. Je ne pouvais que montrer » l’horreur de la scène, raconte Juan Barreto. Le manifestant a survécu, le corps brûlé à 70%.
Enveloppée dans un drapeau jaune, bleu et rouge vénézuélien, Maria José Castro, 54 ans, bloque pendant de longues minutes l’avancée d’un véhicule blindé de l’armée, le 19 avril dans la capitale. Les militaires tentent de la dégager à l’aide de grenades lacrymogènes. Mais elle reste ferme, le visage couvert d’un foulard, sourde aux injonctions du mégaphone. C’est finalement une moto militaire qui l’évacuera. Elle sera relâchée quelques heures plus tard.
Le 13 mai, des centaines de retraités sortent protester lors de la marche des « grands-parents » et provoquent quelques bousculades avec les policiers. La manifestation finira dispersée.
Avec ces protections colorées et rudimentaires, ils sont en première ligne lors des affrontements avec la police. Sur les boucliers, qu’ils placent parfois en formation, comme les forces de l’ordre, on peut lire des messages tels que « paix » ou « plus de dictature ».
Muscles parfaitement dessinés, Caterina Ciarcelluti, qui manifeste en short et coiffée d’un casque de moto, lance des pierres vers les militaires ce 1er mai. Cette professeure de fitness de 44 ans devient virale et rapidement les Vénézuéliens la surnomment « Wonder Woman ».
Lors d’incidents entre manifestants et forces de l’ordre, le 3 mai à Caracas, Pedro Yammine, 22 ans, est renversé par un véhicule blindé de la garde nationale qui vient de foncer sur un groupe de jeunes. « J’ai tout de suite pensé qu’il était mort (…) Je prenais des photos, et il ressemblait à une poupée de chiffon. Je n’ai pas arrêté de shooter. Ca m’a beaucoup marqué », se souvient Federico Parra. Ce manifestant s’en sort avec de multiples fractures et un collapsus pulmonaire (affaissement).
En hommage aux victimes des premières semaines de protestation, la « marche du silence » de l’opposition traverse la capitale jusqu’à l’Ouest de Caracas, une zone considérée comme une place forte de l’opposition, généralement inatteignable car les forces de l’ordre font barrage. La marche parcourt 14km jusqu’au siège de la conférence épiscopale vénézuélienne, après une médiation des religieux avec les militaires.
Interprétant l’hymne vénézuélien, Wuilly Arteaga avance le 8 mai vers les militaires sous une pluies de cartouches de gaz lacrymogènes. Il tient à rendre hommage à un musicien de 17 ans tué quelques jours avant lors d’une manifestation.
« Ne lancez plus de bombes (lacrymogènes), s’il vous plaît! », a supplié Hans Wuerich, 27 ans, totalement nu, la Bible à la main, avant de grimper sur un véhicule anti-émeute entouré d’un nuage de gaz. Pour le faire reculer, les agents lui tirent des balles en caoutchouc dans le dos.
L’autoroute Francisco Fajardo, qui mène au centre de Caracas, est le théâtre régulier des heurts entre adversaires du président Maduro et gardes militarisés. Ils contiennent les manifestants à l’aide d’une faune de véhicules blindés: la « Baleine », qui lance de puissants jets d’eau, la « Chauve-souris », qui déploie ses barrières métalliques, telles des ailes, et le « Rhinocéros », qui lance des cartouches de gaz lacrymogène.
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