Des publicités à la gloire d’Allah sur les bus anglais

À partir du 23 mai, des bus avec des publicités marquées du slogan « Subhan Allah » (gloire à Allah) rouleront dans certaines des plus grandes villes anglaises. Une campagne lancée par l’association caritative musulmane Islamic Relief dans le but de profiter du mois du ramadan pour encourager les Britanniques à faire des dons pour soutenir les victimes de la guerre en Syrie.

Cette campagne se déroulera pendant deux mois, de fin mai à fin juillet, à Londres, Birmingham, Manchester et Bradford, des villes où la communauté musulmane est particulièrement importante. Près de 640 bus vont se parer de cette publicité en accord avec la société Transport for London (TFL) durant l’étendue de cette campagne.

Une décision injuste selon la communauté chrétienne

La communauté chrétienne a rapidement réagi à cette annonce. Bien qu’elle ne s’oppose pas à cette publicité, cette autorisation est injuste, selon elle. Fin 2015, l’Église d’Angleterre s’était vue refuser la diffusion d’un clip publicitaire dans les cinémas de la capitale afin de promouvoir son nouveau site internet JustPray et inciter les Britanniques à plus prier. À l’époque, le maire de Londres, Boris Johnson, et le premier ministre britannique David Cameron, avaient jugé ridicule cette interdiction et avaient rappelé l’importance de la liberté d’expression.

Dans les colonnes du Daily MailAndrea Williams, directrice de l’association Christian Concern, déclare que « si nous autorisons ces publicités pour l’Islam, alors nous devons donner beaucoup plus de liberté aux chrétiens pour s’exprimer ». De son côté, Simon Calvert, directeur de l’Institut chrétien, espère que cette publicité en faveur d’Allah « signale le début d’une nouvelle ère d’expression de la foi chrétienne qui semble être devenue persona non grata ».

Certains politiques sont aussi montés au créneau comme la porte-parole des libéraux-démocrates, la baronne Hussein-Ece, qui explique au Huffington Post que la religion devait rester au rang « d’affaire privée ». La société Transport for London précise quant à elle que les publicités liées à un parti politique sont bien interdites, mais pas celles faisant référence à la religion.

« Changer la perception de l’islam »

Pour le directeur de la branche britannique de Islamic Relief , Imran Madden, cette campagne est aussi l’opportunité de « changer et améliorer la perception de l’Islam ». « Il s’agit avec cette campagne de briser les barrières et récuser les idées fausses », a-t-il déclaré au média anglais Breibart. En parallèle, selon lui, cette campagne serait l’occasion de changer la perception négative qu’ont les gens de l’aide internationale. « L’aide internationale a permis de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté au cours des 15 dernières années et les musulmans britanniques sont une communauté incroyablement généreuse qui donnent plus de 100 millions de livres à des organismes de bienfaisance pendant le ramadan », ajoute-t-il.

Cependant certaines zones d’ombres persistent autour de cette association qui avait notamment vu au début de l’année la banque HSBC fermer ses comptes par peur que l’argent qui transite via ces comptes puisse financer des groupes terroristes à l’étranger.

Dans tous les cas, cette campagne reste bien moins controversée et provocatrice que celle qui avait parcouru les rues de New York l’année passée. En effet, en avril 2015, à l’initiative d’un groupe pro-Israël, la American Freedom Defence Initiative, le message « Tuer les juifs est un rite qui nous rapproche d’Allah » suivi de « C’est son Djihad. Quel est le vôtre ? » était placardé sur les bus et métros de la métropole américaine. Un message visant à dénoncer, selon eux, les pratiques du Hamas.

À l’époque en dépit des volontés du maire de la ville et de la Metropolitan Transportation Authority (MTA) de bloquer cette publicité, le Juge de District Jonh Koeltl n’avait pas empêché la diffusion de cette campagne controversée, arguant que cette publicité ne pouvait inciter à la violence contre les juifs.

Par F. Ca.