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Des islamistes présumés ont attaqué une base aérienne indienne près du Pakistan

Le Vif

Une attaque menée par des combattants islamistes présumés sur une base aérienne indienne proche de la frontière pakistanaise a pris fin samedi, 14 heures après que des hommes armés et portant l’uniforme militaire indien avaient réussi à s’inflitrer dans la base.

Au moins quatre hommes armés, soupçonnés d’appartenir au groupe islamiste Jaish-e-Mohammed basé au Pakistan et vêtus d’uniformes de l’armée indienne, ont infiltré la base aérienne de Pathankot, dans l’Etat du Pendjab (nord de l’Inde), vers 03H30 (22H00 GMT), selon des responsables sécuritaires.

Cette base revêt une importance stratégique car elle abrite des dizaines d’avions de combat et est située à quelque 50 km seulement de la frontière pakistanaise.

Des tirs se poursuivaient une dizaine d’heures après l’assaut audacieux — une attaque rare contre une base indienne en dehors du Cachemire — alors que des unités spéciales de la police quadrillaient les lieux à la recherche des assaillants, selon les chaînes de télévision.

« Nous voulons la paix mais si les terroristes mènent des attaques sur le sol indien nous répondrons de manière appropriée », a averti le ministre de l’Intérieur, Rajnat Singh, à la télévision.

Cette attaque survient une semaine après une visite surprise du Premier ministre indien, Narendra Modi, au Pakistan — la première d’un chef de gouvernement indien en 11 ans — et menace de faire dérailler le début de détente se dessinant entre les deux puissances nucléaires.

« Nos hommes ont été pris sous les tirs pendant les opérations de ratissage (de la base) alors que les coups de feu avaient cessé depuis plusieurs heures. Nous les affrontons dans une des zones de la base », a expliqué à l’AFP le chef de la police régionale Kunwar Vijay Partap Singh.

« L’opération vient de prendre fin. Les quatre terroristes sont morts », a déclaré à l’AFP Kunwar Vijay Partap Singh, Inspecteur général adjoint de la région de Pathankot, dans l’Etat du Pendjab (nord de l’Inde).

Les forces spéciales de la National Security Guard ont été déployées face aux islamistes présumés et des hélicoptères survolaient la base.

Une manifestation sur la route conduisant à la base a eu lieu en début d’après-midi: des habitants ont brûlé des effigies apparemment censées représenter des militants pakistanais, a rapporté l’AFP.

Un responsable sécuritaire de haut rang, qui se trouve sur place, a indiqué sous le couvert de l’anonymat que les militaires avaient pour l’instant réussi à empêcher les assaillants de faire des dégâts importants dans la base.

« Ils sont lourdement armés et l’attaque vise à provoquer un maximum de dégâts au matériel de la base, mais nous avons réussi pour le moment » à les en empêcher. « Nous pensons que ce sont des terroristes du Jaish-e-Mohammed », a précisé ce responsable.

Le Jaish-e-Mohammed, interdit au Pakistan, combat l’Etat indien dans la région himalayenne du Cachemire, disputée par l’Inde et le Pakistan, où un conflit séparatiste a fait quelque 100.000 morts.

Trois guerres pour le Cachemire

L’Inde avait accusé le groupe islamiste d’avoir attaqué en décembre 2001 le parlement indien, faisant 11 morts et entraînant une escalade militaire à la frontière indo-pakistanaise au point d’amener les deux pays au bord de la guerre.

En juillet, trois hommes vêtus d’uniformes de l’armée avaient tiré sur un bus puis attaqué un poste de police dans le district voisin de Gurdaspur (Etat du Pendjab), tuant sept personnes dont quatre policiers. L’Inde avait attribué cette attaque aux insurgés du Lashkar-e-Taiba, basés au Pakistan.

Depuis leur indépendance du Royaume-Uni en 1947, l’Inde et le Pakistan ont déclenché trois guerres pour le Cachemire, dont chaque pays occupe une partie et dont les deux veulent le contrôle total.

L’Inde accuse régulièrement l’armée pakistanaise d’effectuer des tirs de couverture pour les rebelles qui infiltrent la frontière et organisent ensuite des attaques dans le Cachemire indien, où ils visent souvent la police locale.

Mais l’Etat du Pendjab, en majorité sikh, avait jusque-là été quasiment épargné par les violences.

New Delhi avait suspendu toute discussion avec le Pakistan après l’attaque de la ville de Bombay par des islamistes armés en novembre 2008, qui avaient tué 166 personnes. L’enquête avait établi que l’opération avait été planifiée au Pakistan.

Les deux pays avaient relancé un processus de paix en 2011, mais les tensions ont atteint des sommets ces deux dernières années. Des bombardements transfrontaliers dans le Cachemire ont fait des dizaines de morts depuis l’an dernier.

Depuis la visite de M. Modi au Pakistan la semaine dernière, les deux pays ont décidé de lancer un dialogue visant à résoudre les problèmes en suspens. Des rencontres bilatérales à haut niveau sont prévues courant janvier à Islamabad.

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