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Cristiano Ronaldo, l’homme qui ne savait pas être aimé

Le Vif

Le nouveau Ballon d’Or, Cristiano Ronaldo, est beau, riche, fort et en couple avec une déesse russe. Mais le Portugais est un homme qui souffre. Il a programmé sa vie pour être toujours numéro un et doit souvent supporter la deuxième place. Alors qu’on ne voit chez lui qu’arrogance et superficialité. Et si on grattait sous le vernis?

Cristiano Ronaldo naît dans une famille « football ». Le père, Dinis, est à la fois jardinier et dirigeant/homme à tout faire d’Andorinha, club amateur de Madère pour lequel vibre toute la famille, dont la maman, Maria Dolorès, cuisinière de profession. Les premiers crochets du petit seront évidemment pour Andorinha. Il avait à peine 10 ans quand le club le céda au Nacional pour 500 euros et des équipements usagés.

Cristiano est un ouvrier ambitieux. Ambitieux, parce qu’il vise haut, ouvrier parce qu’il ne jure que par le travail. Il est Stakhanov. Mais au service de sa propre promotion. Du Sporting Lisbonne à Manchester en passant par le Real, les anecdotes racontent toujours la même histoire : celle d’un garçon qui arrive tôt, repart tard et ramène du travail à la maison. « C’est le plus gros bosseur avec qui j’ai travaillé, résume Mike Clegg, responsable du programme de musculation de Manchester United entre 2000 et 2011. Sa vie est dédiée au football. Il avait recruté un chef pour s’assurer de bien manger tout le temps. Il avait aussi demandé une maison avec piscine. Pas pour s’y amuser, hein. Chaque jour, il arrivait en avance à l’entraînement. Il commençait par une séance de renforcement, puis une séance d’activation musculaire, avant l’entraînement. Après l’entraînement, il revenait dans la salle, pour travailler encore ses cuisses. Ensuite, il rentrait chez lui, mangeait, faisait une sieste, puis il nageait. Pour récupérer et se développer. Tout ça pendant cinq ans. Personne ne s’entraînait aussi bien que lui. »

Cristiano Ronaldo est, quelque part, l’exact opposé de Leo Messi. Quand l’Argentin préfère le match à l’entraînement, confiant dans ses dons reçus à la naissance, son rival a dédié son existence à maximaliser et améliorer un capital de départ pourtant pas insignifiant. C’est la thèse de Jorge Valdano, argentin mais ancien directeur sportif du Real Madrid. « Messi, c’est un talent supérieur. Mais si on parle de valeurs, Cristiano, qui ne doit pas autant de choses à son papa et à sa maman, est un monument au football, au perfectionnisme, c’est un exemple sur deux jambes. Il ne doit rien à personne. Il a quitté son foyer très tôt, ensuite il s’est fabriqué tout seul. »

Cristiano a toujours pressenti sa valeur. La fausse modestie apparaît très vite comme un concept extrêmement vulgaire chez lui, ce qu’il résumera un jour par cette maxime bien sentie : « Trop d’humilité, ce n’est jamais bon. Au Portugal, on dit qu’un excès d’humilité est une vanité. » Pour lui, le succès n’a pas à s’excuser puisqu’il découle du travail. Suivant cette logique, Ronaldo exhibe sa réussite comme un gosse tout fier de montrer son cadeau à Noël.

Ramon Calderon, le président qui a négocié le transfert du Portugais avec le Real Madrid en 2009, résume ainsi la situation : « Son style lui a causé du tort. Les gens préfèrent la modestie à l’arrogance et Ronaldo a ce petit défaut : il est arrogant. Lui-même le dit :  »Je suis le plus beau, le plus fort, le plus grand, je plais aux femmes… » D’une certaine manière, Ronaldo a raison. Mais le dire ne le rend pas aimable, surtout en Espagne où le péché capital, c’est l’envie. » Et plutôt que de s’excuser, Cristiano préfère enfoncer le clou. Le jour où Forbes a estimé sa fortune à 160 millions de dollars, il s’est immédiatement plaint : « Ce qu’a écrit ce journal est faux, ma fortune s’élève à 245 millions. »

Par Alexandre Pedro, William Pereira et Javier Prieto Santos / © So Foot

Le portrait intégral dans le Vif/L’Express de cette semaine

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