Federica Mogherini, Henry, grand Duc Luxembourg et son épouse, la grande Duchesse Maria Teresa et les ministres des Affaires Etrangères, au Grande Duché du Luxembourg, 4 septembre 2015 © EPA

Crise des migrants: malgré la prise de conscience de l’urgence, l’UE ne trouve aucune solution concrète

Les 28 Etats membres sont conscients que la crise des migrants est la responsabilité de tous et qu’une solution commune doit être trouvée. C’est ce qui ressort clairement de la réunion informelle des ministres européens des Affaires étrangères qui s’est tenue vendredi et samedi à Luxembourg, a indiqué samedi Federica Mogherini, la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères. Malgré tout, aucune solution concrète n’a été prise.

« Le sentiment de chacun assis autour de la table est que quelque chose doit être fait. Une question persiste: quoi ? « , a noté un diplomate européen lors de la réunion. Plusieurs idées ont été lancées sur la répartition des demandeurs d’asile, sur le renforcement d’une politique européenne de migration plus large, mais aussi sur la contrôle des frontières extérieures. Mercredi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker proposera un nouveau plan pour la migration et l’asile, après que sa précédente proposition de répartition stricte des 60.000 demandeurs d’asile soit tombée aux oubliettes. Dans les jours et les semaines à venir, l’Union européenne et ses Etats membres devront travailler à des solutions concrètes.

Le débat qui a eu lieu au Luxembourg a, selon la chef de la diplomatie européenne, fait ressortir que le temps du « blame game » (culpabilisation) était révolu. « Chacun se rend compte que nous devons trouver un mécanisme pour répartir cette responsabilité », a-t-elle résumé. Une communication des pays du Triangle de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) a une nouvelle fois prouvé que les opinions divergeaient fortement. Ceux-ci ont souligné vendredi qu’ils continuaient à s’opposer à une clef de répartition des migrants, tandis que la France et l’Allemagne sont partisans d’un tel système. Federica Mogherini a finement souligné qu’en Turquie, des millions de migrants en provenance du Moyen-Orient sont accueillis, « alors qu’ici, au sein de la riche Europe, les ministres se disputent pour la répartition de quelque 60.000 demandeurs d’asile ».

Le lundi 14 septembre, les ministre européens des Affaires étrangères se réuniront à Bruxelles. La Haute représentante de l’UE et le ministre luxembourgeois Jean Asselborn espèrent qu’un premier pas concret dans la bonne direction pourra être effectué.

Un sommet réunissant les dirigeants de l’UE et les ministres des pays des Balkans occidentaux est prévu les 5 et 6 octobre, à Bruxelles ou à Budapest, a par ailleurs annoncé le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union. Lors du sommet européen des 15 et 16 octobre, la crise des migrants sera également abordée, tandis que les chefs d’Etat européens organisent un sommet international les 11 et 12 novembre à La Valette (Malte) pour examiner les questions relatives à la migration avec les pays africains et d’autres pays clés. « Mais nous ne devons pas qu’organiser des réunions, nous devons travailler à des solutions », a prévenu Jean Asselborn. Les deux responsables politiques ont encore répété l’obligation morale de l’Europe d’aider les nombreux migrants. « Chacun qui, comme la Convention de Genève le définit, est persécuté, peut toquer à notre porte et nous devons lui ouvrir cette porte ». La chef de la diplomatie européenne s’est enfin dressée contre l’idée qu’il s’agit principalement de migrants économiques. « Ce sont des réfugiés, envers lesquels nous avons des obligations morales et juridiques. »

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