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Crash A320 : « les passagers et l’équipage se sont probablement tous endormis »

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Les raisons du crash de l’Airbus A320 dans les Alpes hier restent encore un mystère aujourd’hui. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Maxime Wauters, pilote et officier de sécurité pour la compagnie de jet privé ASL. Selon lui, ce crash ressemble très fort à un précédent accident.

Quelle est, selon vous, l’hypothèse la plus plausible qui expliquerait le crash ?

Même si c’est très tôt pour avancer des hypothèses, ce crash me fait penser à un autre accident qui a eu lieu en 2005. Il s’agissait d’un Boeing 737 de la compagnie chypriote Helios qui avait fait 121 morts en s’écrasant près d’Athènes.

L’avion avait subi une dépressurisation. En raison du manque d’oxygène, tout le monde s’est endormi dans l’appareil, y compris les membres d’équipage. Des avions de chasse avaient été envoyés pour voir ce qu’il se passait dans l’avion puisque les pilotes ne répondaient plus aux appels radio. Les chasseurs avaient alors constaté que tout le monde était inconscient à l’intérieur et n’avaient rien pu faire. L’avion s’est écrasé lorsqu’il est tombé en panne de carburant. Le crash de l’avion Germanwings et la descente régulière de l’avion me font penser au même genre de problème technique.

Une dépressurisation n’est-elle pas censée faire exploser l’avion ?

Il existe deux types de dépressurisation. Une explosive et une lente. Si la dépressurisation est explosive, qu’une porte s’ouvre ou qu’un hublot casse par exemple, il y a un grand boum dans l’avion, un brouillard envahit l’habitacle et les oreilles explosent à cause du changement de pression soudain. Mais dans ce cas, les pilotes sont formés pour réagir.

Lors d’une dépressurisation lente, le système est conçu pour alerter le pilote, car elle n’est pas visible de prime abord. En 2005, la dépressurisation était due à une erreur. Les pilotes avaient oublié d’enclencher la pressurisation automatique et tout le monde s’était endormi. Mais il s’agissait d’un avion moins avancé que l’Airbus A320.

Pour quelles raisons une panne de pressurisation peut-elle survenir ?

Il est possible que les vannes du système soient restées bloquées en position ouverte ou semi-ouverte. Ce qui signifie que la pression s’échappe plus vite de l’avion.

Il est également possible qu’une fissure, suffisamment solide pour ne pas devenir un trou, soit apparue dans la carlingue.

Enfin, une double panne de moteur pourrait également expliquer cette panne, mais c’est fort peu probable.

Comment expliquez-vous qu’aucun signal de détresse n’a été envoyé par les pilotes ?

Quand on apprend à piloter un avion, la première chose qu’on nous dit c’est qu’en cas de panne, communiquer est la dernière chose à faire. D’abord il faut gérer la panne et s’assurer que l’avion vole. Ensuite, il faut naviguer, donc déterminer la route à suivre. En dernier lieu, il faut communiquer avec le sol. Il est probable que les pilotes n’aient pas eu le temps d’envoyer un signal de détresse.

Pourquoi l’avion a-t-il entamé une descente cette fois-ci alors que ça n’a pas été le cas en 2005 ?

Il y a deux explications. Soit les pilotes ont eu le temps d’amorcer un atterrissage d’urgence avant de s’endormir. Soit l’avion a lui-même entamé une descente, car il a constaté un problème de pressurisation dans l’habitacle.

Les avions sont assez intelligents aujourd’hui pour faire ce genre de manoeuvre seuls. Malheureusement, l’avion n’est pas capable de tenir compte du relief environnant. Dans les Alpes, l’altitude minimum de sécurité est très élevée, c’est entre 14 et 16.000 pieds, soit plus de 4.000 mètres.

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