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Cinq préjugés sur les migrants

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

L’association française la Cimade, qui « défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes », vient de publier un « petit guide pour lutter contre les préjugés sur les migrants ». En voici les grandes lignes.

« Ils vont nous envahir »

Selon les chiffres de la Cimade, à l’échelle planétaire moins d’une personne sur quarante réside dans un pays étranger. Cela représente 200 millions de personnes à travers le monde. Contrairement aux idées reçues, dans la moitié des cas les migrants se déplacent d’un pays du Sud vers un autre pays du Sud, tandis que l’autre moitié va du Sud vers le Nord.

La crainte de l’invasion viendrait surtout, salon la Cimade, d’une répartition inégale des migrants sur le territoire. L’effet d' »appel d’air » qui pourrait être provoqué par des régularisations massives est un mythe. Il ne faut pas oublier que ce qui pousse les gens à migrer c’est « la situation économique, politique ou écologique de leur pays d’origine et non pas la politique migratoire du pays d’accueil ».

« Ils ont tous les droits »

Pour entrer dans n’importe quel pays européen, un migrant doit obtenir un visa. L’attente est souvent très longue et le durcissement des conditions d’obtention pousse parfois certains étrangers à payer un passeur pour entrer illégalement en Europe, parfois au péril de leur vie.

Pour les demandeurs d’asile, qui fuient les persécutions subies dans leur pays, « trouver un refuge est un véritable parcours du combattant », selon la Cimade. En effet, aujourd’hui il est très difficile pour un étranger d’obtenir des papiers, même s’il est malade, si sa famille est en Europe ou s’il y vit depuis longtemps.

« Ils prennent notre travail »

« Si les migrants viennent travailler en Europe, c’est qu’il y a des emplois disponibles », affirme la Cimade. La population immigrée des pays du Sud occupe d’ailleurs essentiellement des emplois peu qualifiés et pénibles. Même avec un diplôme, il est souvent difficile pour eux d’accéder à un métier qui correspond à leur spécialité.

Les migrants en situations irrégulières sont par ailleurs généralement obligés d’accepter de faibles rémunérations et des conditions de travail précaires. Contrairement aux idées reçues, beaucoup d’immigrés ne travaillent pas dans l’illégalité. Selon une étude allemande, un migrant apporte en moyenne tout au long de sa vie une contribution nette de 50 000 euros aux finances du pays qui l’accueille.

« Ils sont tous délinquants »

La surreprésentation des immigrés parmi les détenus s’explique par des facteurs sociaux et par le fonctionnement de l’appareil judiciaire, selon la Cimade.

En France, 25 % des ménages dont le chef de famille est maghrébin vit sous le seuil de pauvreté. La délinquance est généralement relative au sexe, à l’âge et à l’origine sociale. « Or, la population étrangère en France est en moyenne plus jeune, plus masculine et plus pauvre ».

Les étrangers, plus exposés aux contrôles des policiers, sont aussi plus souvent arrêtés. Les étrangers sont aussi jugés plus sévèrement et écopent de peines d’emprisonnement ferme plutôt que d’une amende de peur qu’ils échappent à leur jugement en regagnant leur pays.

« Ils sont trop différents »

« Les statistiques montrent que les comportements des immigrés ont tendance à se rapprocher de ceux des non-immigrés », affirme la Cimade. N’oublions pas non plus que de nombreuses nouvelles habitudes culturelles nous viennent de l’immigration : la cuisine arabe, la médecine chinoise, le jazz, le hip-hop, la samba, etc.

Si beaucoup d’immigrés sont de confession musulmane, « la religion ne peut pas être considérée comme un obstacle à leur insertion », selon la Cimade. En effet, la proportion des pratiquants chez les musulmans est relativement comparable à celles des catholiques, des juifs ou des protestants. Ils ne sont que 4 % de plus.

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