Des réfugiés qui longent la frontière hongroise © Reuters

Cinq mesures pour faire face à la crise des réfugiés

L’organisation Human Right Watch énonce à l’égard des dirigeants européens cinq moyens concrets pour sauver des vies et protéger les nombreux réfugiés et demandeurs d’asile étrangers.

Ce lundi 14 septembre, les dirigeants des 28 États membres de l’UE se réunissent à Bruxelles afin d’agir dans l’urgence face à l’actuelle crise humanitaire. Pour l’organisation Human Right Watch, des décisions audacieuses doivent être prises lors de ce sommet extraordinaire. « Le seul impératif qui devrait guider les dirigeants de l’UE est celui de protéger des vies et de faire en sorte que les migrants soient traités humainement « , a déclaré Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. Voici les 5 mesures énoncées par l’organisation humanitaire.

1. Mettre en place de moyens sûrs et légaux

Les personnes qui demandent l’asile en Europe ne devraient plus devoir faire appel à des passeurs clandestins et ne devraient plus être obligées d’emprunter des itinéraires dangereux. Pour HRW, cela implique d’accroître de manière significative les relocalisations de réfugiés d’autres régions du monde et l’adoption de mesures pour faciliter les réunifications familiales. L’engagement actuel de relocalisation de 22 000 personnes pris par l’UE est insuffisant, selon l’organisation qui propose d’ « étendre l’utilisation de visas humanitaires pour permettre aux personnes de gagner le territoire de l’UE pour une période temporaire ou pour faire une demande d’asile pourrait s’avérer positif. »

2. Réformer le système d’octroi de l’asile de l’UE

Selon HRW, ce système est « défectueux ». En dépit de l’existence de règles et de normes communes, de grandes disparités existent entre les États membres de l’UE en ce qui concerne les conditions d’accueil, les taux de reconnaissance de la qualité de réfugié et les mesures d’intégration, avance HRW.

3. Dresser une liste de pays « à risques »

Actuellement, l’UE s’efforce de s’accorder sur une liste commune de pays « sûrs », la présomption étant qu’elle refuserait les demandes d’asile présentées par leurs ressortissants et que les migrants originaires de ces pays pourront être plus facilement et plus rapidement renvoyés dans leur pays d’origine. L’organisation humanitaire est dès lors pour le raisonnement inverse en proposant l’élaboration d’une liste de « pays à risques ». Les réfugiés originaires d’un des pays répertoriés sur cette liste auraient droit à une protection internationale. Leurs demandes d’asile pourraient être traitées selon des procédures simplifiées et plus rapides.

4. Renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée

Suite aux drames récents vécus en Méditerranée, l’accroissement des efforts entrepris dans cette zone depuis mai 2015 a permis de faire des progrès, ces efforts devraient être soutenus sur le long terme. Pour Amnesty International, il est aussi crucial que cette action coordonnée soit poursuivie. « Pendant les premiers mois de cette année, un migrant sur 16 est mort lors de la traversée. Ce chiffre est descendu à un migrant sur 427 ces derniers mois « , a déclaré l’ONG en juillet. Selon l’Organisation internationale des migrations, plus de 350 000 personnes ont atteint le territoire de l’UE par la Méditerranée cette année. Plus de 2 000 sont mortes en essayant d’y parvenir. Il n’existe pas encore de chiffres sur le nombre de victimes aux frontières terrestres de l’UE en 2015

5. Élaborer un plan de relocalisation permanente

C’est le point qui sera probablement le plus discuté lors du sommet des 28. L’UE veut, au total, répartir 160 000 demandeurs d’asile dans les différents états membres. Des pays comme la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie ou encore la Slovaquie ont déjà annoncé qu’elles étaient contre ce genre de répartition. Pour le ministre tchèque Lubomir Zaoralek: « les états membres doivent pouvoir garder le contrôle sur le nombre de réfugiés qu’ils veulent accepter ».

Cette répartition est pourtant nécessaire selon HRW, ce plan de relocalisation permettrait de régler les problèmes fondamentaux créés par le Règlement de Dublin selon lequel il incombe au pays de première entrée sur le territoire de l’UE d’effectuer les procédures d’examen des demandes d’asile. « Une règle qui place un fardeau injustement lourd sur les pays membres situés aux frontières extérieures de l’UE, tels que la Grèce où les flux actuels de réfugiés et leur gestion défectueuse ont créé une crise humanitaire « , est d’avis l’ONG qui plaide pour une réforme de ce règlement afin que la responsabilité soit basée sur les capacités d’accueil et sur d’autres critères pertinents plutôt que sur l’emplacement géographique. Les paramètres personnels de chaque demandeur d’asile doivent aussi être pris en compte. Le Secrétaire d’État à l’asile et à la migration Theo Francken (N-VA) a avoué qu’il y avait des lacunes à ce règlement, mais jusqu’à ce qu’une alternative soit trouvée, la Belgique est contrainte de l’appliquer comme tel.

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