Peter Mertens

Cher Guy Verhofstadt, 40 familles grecques peuvent vivre avec votre salaire mensuel

Peter Mertens Président du PTB

Peter Mertens, président du PTB, est tombé de sa chaise lorsqu’il a entendu les discours donneurs de leçons adressés à Alexis Tsipras au Parlement européen. Un des plus virulents orateurs était Guy Verhofstadt…

Cher Monsieur Verhofstadt,

Cher Guy,

Mercredi, vous avez volé la vedette à tout le monde. Cette fois-ci, non pas sur les barricades en Ukraine, mais dans l’hémicycle du Parlement européen. « Ces dernières années, nous nous dirigions tout doucement, en somnambules, vers un Grexit, mais, cette fois, on y fonce au grand galop. Je suis en colère ! », avez-vous, entre autres, lancé dans votre flamboyant discours.

Eh bien, là, je suis d’accord. Avant 2010, la Grèce se caractérisait par un système bipartite corrompu, mis sur pied après la chute du régime d’extrême droite des colonels et marqué par un clientélisme politique et par la pratique des pots-de-vin. Toutefois, quand, en 1981, la Grèce est devenue membre de l’Union européenne, et quand, en 2002, elle est entrée dans le système de l’euro, on n’a entendu personne pousser de hauts cris. L’affaire n’a éclaté que lorsqu’il s’est avéré que l’élite grecque corrompue avait falsifié les livres de compte, avec l’aide bienveillante des banquiers de la Goldman Sachs. Pas de problème, l’Union européenne allait indiquer comment procéder. La Commission européenne et la Banque centrale européenne ont requis l’aide du FMI, et on allait désormais entendre parler de ces trois institutions sous le nom de « Troïka ». En mai 2010, cette Troïka installait ses quartiers à Athènes pour résoudre la question. Le résultat de cette politique de la Troïka est dramatique. Aucun problème n’a été résolu. Bien au contraire. Tous les problèmes se sont considérablement amplifiés. Le « parcours de somnambule vers le Grexit », comme vous qualifiez cette période, était en réalité une catastrophe au coût humain particulièrement élevé. Ce constat, je l’avais déjà fait en 2011, dans mon livre Comment osent-ils ?, un an à peine après l’entrée sur scène de la Troïka.

« Ce sont les citoyens grecs ordinaires qui vont payer la facture »

« Ce sont les citoyens grecs ordinaires qui vont payer la facture », disiez-vous mercredi dans votre discours enflammé. Cher Monsieur Verhofstadt, cela fait près de cinq ans que les Grecs paient fortement la crise. Je vous pose la question : Comment se fait-il qu’entre mai 2010 et décembre 2014, vous n’ayez jamais pipé mot de la catastrophe humanitaire, longue de quatre ans, subie par le « citoyen grec ordinaire » ?

Où était votre empathie lorsqu’il s’est avéré qu’un Grec sur trois vivait dans la pauvreté ? Où était votre empathie quand la Troïka a ordonné de supprimer les allocations au bout d’un an, de sorte qu’entre-temps, neuf chômeurs grecs sur dix ne reçoivent plus la moindre forme d’allocation ? Où était votre empathie quand la Troïka a imposé de réduire les pensions, ce qui fait qu’aujourd’hui, plus d’un million de pensionnés grecs doivent vivre avec une pension inférieure à 500 euros par mois ? Où était votre empathie quand la Troïka a enjoint de réduire les salaires, faisant en sorte qu’aujourd’hui, six salariés grecs sur dix gagnent moins de 1 000 euros par mois ? Là, nous n’avons rien entendu.

Le résultat de « l’opération de sauvetage » par la Troïka est catastrophique. Le pouvoir d’achat a diminué de 37 %. Plus de 100 000 entreprises ont fait faillite durant cette période. Entre-temps, malgré des efforts insensés, la dette grecque a grimpé jusqu’à 177 % du PNB, soit 57 % de plus qu’en 2009. Comme je l’écrivais en 2011, les sauvetages financiers signés à Francfort n’ont jamais été destinés à aider les simples citoyens grecs. L’argent a effectué un joli demi-tour une fois arrivé à l’Acropole pour retourner immédiatement chez les créanciers des grandes banques, surtout allemandes. La Troïka a plongé plus profondément encore dans les dettes un pays qui était déjà en faillite. Entre-temps, les Grecs ont dit deux fois « non » à cette aveugle politique d’étranglement. Une première fois en janvier 2015, avec la victoire électorale de Syriza. Et une deuxième fois en juillet 2015, avec le retentissant « OXI » lors du référendum grec. Le problème, c’est que l’aristocratie européenne est trop butée pour évoquer sa propre responsabilité dans le drame grec.

« Il n’y a pas trop peu de propositions, il y en a trop »

« Vous parlez de réformes, mais nous ne voyons jamais de propositions concrètes. Cela me fâche », avez-vous lancé mercredi avec force gesticulations à l’adresse du Premier ministre grec.

La vérité, ce n’est pas qu’il y a trop peu de propositions. La vérité, c’est qu’il y a trop de propositions sur la table. Ce dont les Grecs ne veulent plus, ce sont des économies aveugles. Le genre d’économies que la Troïka leur a imposées pendant quatre ans et qui ont envoyé par le fond et l’économie et la société grecques. Ce qui vous dérange le plus, vous et l’actuelle génération des dirigeants européens, c’est que la Grèce rejette le carcan que lui imposent l’Eurogroupe (les ministres européens des Finances) et la Commission européenne. Vous exigez des « réformes crédibles », mais refusez, en attendant, de parler de la question de la dette. Vous exigez des « réformes sérieuses », mais vous refusez de faire un bilan des réformes qui ont été appliquées ces quatre dernières années par la Grèce. Aucun autre pays européen n’a dû appliquer autant de réformes que ce petit pays de la mer Égée. Et quel est le résultat de cette politique ? Qu’en est-il du sérieux et de la crédibilité des réformes que vous voulez appliquer, si même aucun débat à propos des objectifs n’est possible ? La semaine dernière, le FMI même a publié un rapport dans lequel il admettait que la Grèce a sans doute besoin du rééchelonnement de la dette qu’elle réclame. Merkel sait cela, Hollande le sait, et vous le savez aussi.

Il est d’ailleurs absurde de se mettre à travailler en sens inverse et de mener d’abord une discussion technique sur les restrictions avant de parler des objectifs et de la question de la dette. C’est mettre la charrue devant les boeufs, et c’est ce que font l’Union européenne et le FMI depuis quatre ans déjà. Tous les précédents gouvernements ont bravement suivi toutes les recommandations de la Commission, de la Banque centrale et du FMI. Ils ont tous appliqué des « réformes crédibles et sérieuses » et, entre-temps, leur pays s’est retrouvé au trente-sixième dessous. Pour la première fois, il y a un gouvernement qui entend sortir de cette spirale, et l’obstination avec laquelle l’aristocratie européenne refuse de prendre cela en considération laisse augurer du pire pour l’avenir de toute l’Europe. Et cela, c’est aussi votre responsabilité.

La double morale

« Vous, Monsieur Tsipras, devez mettre sur la table une législation contre le clientélisme et faire cesser votre propre clientélisme », avez-vous déclaré hier. Vous-même, sur le site internet integritywatch.eu, vous n’obtenez pas un score très flatteur. Outre votre fonction de président du groupe libéral, vous exercez des mandats rémunérés au sein d’APG Pays-Bas, d’Exmar de la famille Saverys, de Sofina de la famille Boël, et d’EIPA. Ce qui vous vaut une jolie quatrième place sur la liste des plus gros cumulards de l’Union européenne et vous rapporte un revenu mensuel d’au moins 20 000 euros. Un minimum de 8 020 euros en tant que parlementaire européen et, en sus, un autre minimum de 12 503 euros pour vos autres mandats rémunérés. Savez-vous, Monsieur Verhofstadt, qu’actuellement, en Grèce, pas moins de 40 familles au sens large, avec enfants et petits-enfants, doivent survivre avec l’équivalent de votre salaire mensuel ? Ce sont des enfants et des petits-enfants qui sont retournés habiter chez leur grand-mère ou grand-père, qui eux-mêmes ne disposent que d’une dérisoire pension de 500 euros par mois comme seul et unique revenu pour toute la famille.

Il y a, dans cette double morale, quelque chose qui fâche énormément de gens en Europe. Le chef du groupe social-démocrate, Gianni Pittella, faisait hier la leçon aux Grecs : « Maintenant, le gouvernement grec doit décider de réformes en vue de combattre la corruption et l’évasion fiscale. Toutes des mesures qui sont nécessaires, non parce que l’Europe les impose, mais parce qu’elles seront profitables aux citoyens grecs. » On en oublierait presque que les architectes de la kleptocratie panhellénique, à savoir les politiciens du Pasok, font partie du groupe de Pittella et que, pendant trente ans, le groupe social-démocrate n’a pas pipé un seul mot sur la nécessité de la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale en Grèce. La même chose s’applique à Manfred Weber, de la CSU bavaroise, qui a pris la parole mercredi au nom du groupe démocrate-chrétien européen. Weber lui aussi a estimé nécessaire de passer un savon à Tsipras, mais il s’est bien abstenu de parler des scandales allemands autour du contrat Siemens lors des JO d’Athènes et des 5 milliards d’euros que la Grèce a dû payer en 2009 pour l’achat forcé de six sous-marins de la société allemande ThyssenKrupp.

Rousfeti et Fakelakia

Rousfeti en Fakelakia : c’est le titre d’un chapitre de mon livre Comment osent-ils ?. Il s’agit du système du clientélisme politique (rousfeti) et du pot-de-vin (fakelakia) introduit en Grèce en 1981, principalement par le Pasok. J’ai écrit sur cette corruption voici quatre ans et, à l’époque, personne n’a poussé les hauts cris au Parlement européen. Aujourd’hui, pour la première fois depuis la fin du régime des colonels, un gouvernement essaie de régler leur compte au clientélisme et à la corruption, et on voit quasiment tous les groupes européens s’effaroucher et s’égosiller. Même des politiciens comme les Verts allemands Katrin Göring-Eckardt et Anton Hofreiter et notre député de Groen Wouter De Vriendt s’y laissent prendre. Mardi, De Vriendt écrivait sur sa page Facebook : « Voilà pourquoi je suis Groen ! Pas de populisme, pas de slogans creux, mais un point de vue européen communautaire, non pas conservateur, mais partisan de réformes orientées vers des investissements modernes et durables, critique à l’égard de la politique d’austérité de l’UE, mais aussi lançant un appel à l’actuel gouvernement grec pour qu’il applique les quelques réformes qu’il a refusées jusqu’à ce jour : la cessation des nominations politiques et du clientélisme. »

« Refuser de mettre un terme aux nominations politiques et au clientélisme » ? Il faut oser ! L’un des quatre piliers du « programme de Thessalonique » de Syriza était de prendre à bras-le-corps le problème des nominations politiques aussi bien que de celui du clientélisme. Le nombre de conseillers et d’attachés de cabinet en tout genre a été drastiquement réduit dès les premiers instants, la moitié du parc de voitures des ministres a été immédiatement liquidé, un tiers du personnel attaché au palais Maximos (siège principal du gouvernement) a été licencié, et même 40 % du personnel du Premier ministre. En cinq mois à peine, le nouveau gouvernement a réalisé plus de choses contre le clientélisme et le népotisme que la politique de mémorandum de la Troïka pendant quatre ans. Reste-t-il beaucoup à faire ? Naturellement, car ce n’est pas en cinq mois qu’on change du tout au tout un système de népotisme et de corruption vieux de 35 ans. Mais prétendre, comme vous le faites, vous, ou Gianni Pittella, ou Wouter De Vriendt, que le gouvernement grec refuse de mener la lutte contre le clientélisme et les nominations politiques, c’est vraiment du grand n’importe quoi. Jamais vous n’avez tenu ce genre de propos quand, pendant 35 ans, le Pasok et la Nouvelle Démocratie ont distribué des petits postes un peu partout. Il est infamant d’utiliser aujourd’hui ce genre d’accusation contre le tout premier gouvernement qui prend vraiment des mesures pour faire un sort à Rousfeti et Fakelakia.

Partie directement concernée par la privatisation de l’eau grecque

« Vous devez réduire le secteur public. Vous devez transformer les banques publiques en banques privées, vous devez ouvrir les marchés », avez-vous recommandé après quatre minutes et demie de discours. Vous savez pertinemment que c’est précisément la privatisation de notre banque publique, la CGER, à votre ami Maurice Lippens, qui a été le point de départ de la crise financière chez Fortis. Les profits sont allés aux actionnaires, et lorsqu’on a trop spéculé, c’est le contribuable belge qui a pu payer les pots cassés.

Mais il y a ici bien plus, puisque vous-même êtes directement impliqué dans la vague de privatisations en Grèce. En particulier comme administrateur du holding Sofina de la famille Boël, l’un des plus grands actionnaires de GDF-Suez. Suez Environnement est dans l’un des deux consortiums qui ont réalisé la dernière phase de la privatisation de la société publique grecque des eaux EYATH – notamment pour ce qui est de l’approvisionnement en eau de Thessalonique, la deuxième plus grande ville de Grèce. Les 200 000 habitants de Thessalonique ont participé à un référendum sur la privatisation, et 98 % des gens se sont exprimés contre le fait de réaliser du profit avec l’eau publique. Et la privatisation se déroule quand même. Suez fait l’offre avec les oligarques d’Aktor, un des plus grands groupes d’affaires de Grèce qui se situe au carrefour des médias, du monde des affaires et de la politique. En grec, on appelle cela « diaploki », ce qui veut dire « acquérir des intérêts ».

L’administrateur d’Exmar sur les privilèges des armateurs

« Il faut mettre fin aux privilèges des armateurs », avez-vous fulminé hier dans l’hémicycle européen. Je suis presque tombé de ma chaise. Évidemment, en tant qu’administrateur d’Exmar Belgique de la famille Saverys, la famille qui a phagocyté les chantiers navals Boelwerf, vous en connaissez un bout sur les armateurs. Je commence d’ailleurs mon chapitre sur la Grèce en évoquant les armateurs. Karel De Gucht était membre de la Commission européenne pour votre groupe, dans la Commission Barroso 1 (2004-2009) et Barroso 2 (2010 – 2014). C’est ce même Barroso qui passe des vacances avec le richissime armateur Spiros Latsis, et qui a fait en sorte en 2004 que la Commission européenne approuve encore 10,3 millions d’euros de subside à l’empire maritime de la famille Latsis ! Qu’a dit votre groupe à ce sujet pendant dix ans ? Et vous, qu’avez-vous dit à ce sujet ?

Faire payer les grosses fortunes

Votre appel à supprimer les privilèges et à faire payer les grosses fortunes n’a absolument aucune crédibilité. Vous avez encouragé la dérégulation des marchés financiers, qui a mené aux fonds hyper-spéculatifs et aux produits toxiques. Avec votre gouvernement violet, vous avez vous-même aboli les plus hauts taux d’imposition, et votre bon ami Didier Reynders a instauré le système de la déduction des intérêts notionnels justement pour faire échapper les plus grandes multinationales à (une grande partie de) l’impôt des sociétés. Ce sont les sortes de privilèges dont vous ne voulez pas parler.

« Vous oubliez que c’est nous qui avons traîné les plus grands responsables d’évasion fiscale devant la justice. Les gouvernements précédents n’ont jamais fait cela », a souligné à juste titre mercredi le Premier ministre Tsipras dans sa réponse à votre intervention. « C’est nous qui avons conclu un accord avec la Suisse, afin que les Grecs qui planquent leur argent à l’étranger soient dans l’obligation de payer des impôts. Nous avons mis en place une législation pour lutter contre l’évasion fiscale. Nous instaurons une loi pour que les grands propriétaires de médias paient des impôts. Aucun des gouvernements précédents n’a fait cela. Nous avons établi des contrôles douaniers pour lutter contre la contrebande et la piraterie. »

Pourtant, le mythe du nouveau gouvernement grec sans réelle volonté d’agir est largement diffusé. Ainsi, Wouter De Vriendt, de Groen, écrit que le gouvernement grec a jusqu’à présent refusé de « taxer les grosses fortunes », et il appelle depuis Ostende le gouvernement grec à s’y mettre. La réalité, c’est que le gouvernement grec prend des mesures pour abolir les privilèges et pour faire payer les grosses fortunes. Mais que la plupart de ces mesures sont boycottées par ce qu’on appelle aujourd’hui « les institutions » (le nouveau nom de la Troïka).

Les réformes fiscales sont empêchées par les institutions

Dans sa lettre du 23 février à l’Eurogroupe, l’ancien ministre des Finances, Yanis Varoufakis, écrivait : « Nous voulons travailler à une nouvelle culture de l’obligation fiscale afin de faire en sorte que toutes les couches de la société, et spécialement les couches supérieures, contribuent de manière équitable aux finances publiques. Dans ce contexte, nous proposons de constituer une banque de données sur les fortunes en collaboration avec nos partenaires européens et internationaux, pour que celle-ci qui puisse aider les autorités fiscales à mesurer avec exactitude les revenus imposables. » L’aide des partenaires européens est entre autres nécessaire parce que les Grecs les plus riches échappent aux impôts entre autres via des constructions néerlandaises. Dans le compromis du 20 février, le principe de cette base de données a été accepté. Mais celle-ci n’existe toujours pas, et la faute n’en revient pas au gouvernement grec.

Plus encore, lorsque, fin juin, le gouvernement grec a à nouveau proposé de taxer plus lourdement les profits les plus élevés des entreprises, cela a été catégoriquement refusé par les « institutions ». À ce moment, je n’ai pas entendu un seul mot de voter part ou de votre groupe européen. Vous pouvez pourtant relire le refus figurant rouge sur blanc dans la réponse de Christine Lagarde aux propositions grecques. Elle a très proprement barré, comme une maîtresse d’école, la proposition d’augmentation de l’impôt des sociétés sur les bénéfices les plus hauts. Tout comme elle a biffé la proposition de rendre payantes les licences 4G et 5G que les gouvernements précédents mettaient gratuitement à disposition de leurs amis oligarques des médias. Comme cela se fait dans chaque pays. Barré par Mme Lagarde. En rouge. Barré par quelqu’un qui ne paie pas le moindre impôt sur son revenu annuel de plus de 380 000 euros.

Sens des responsabilités et leadership

« Montrez que vous êtes un vrai leader, et pas un faux prophète ! », avez-vous lancé à la figure du Premier ministre grec. Certes, en voilà une belle phrase. Mais, ce que je n’ai absolument pas constaté mercredi au Parlement européen, c’est précisément la présence de sens des responsabilités et de leadership. Les groupes se sont succédé pour faire la leçon à la Grèce, l’une plus dure que l’autre. Vous, Manfred Wever (PPE), Gianni Pittella (sociaux-démocrates), Rebecca Horms (Verts), tous pointant l’un après l’autre un doigt accusateur vers la Grèce. Mais qui a parlé de ceux qui ont tiré profit de cette dette ? Qui a parlé des marges existantes pour une véritable politique d’investissements dans l’actuelle Union européenne ? Qui a parlé de la manière dont on traite la démocratie en Europe ? Cela, j’aurais aimé l’entendre dans le Parlement européen, ici, au lieu de ce défilé interminable de donneurs de leçons qui, en plein milieu de la plus grande crise européenne depuis l’instauration de l’euro, sont uniquement préoccupés de refiler la carte du « valet puant » à la Grèce. Cela, ce n’est pas du sens des responsabilités, ce n’est pas du leadership.

Le gouvernement grec est prêt à entrer bien davantage dans une logique d’économies, s’il existe une perspective sur la charge de la dette et sur des investissements. Le gouvernement grec a déjà introduit des pages et des pages de propositions concrètes, comme les 8 milliards d’euros de mesures d’économies qu’il a acceptés le 22 juin, avec des concessions particulièrement nombreuses son propre programme. Mais, de l’Europe, on n’entend pas la moindre ouverture pour évoquer le remaniement de la dette. Au contraire, au lieu de vraies négociations sur la question de la dette et sur la politique d’investissements, le gouvernement grec reçoit ultimatum après ultimatum, sous l’épée de Damoclès du Grexit.

C’est une responsabilité très lourde, et vous ne pouvez pas la refiler au seul gouvernement grec. « Le gouvernement grec est sommé de mettre un pistolet sur sa tempe et d’appuyer sur la gâchette. Malheureusement, la balle ne tuera pas simplement le futur de la Grèce en Europe. La victime collatérale sera la zone euro en tant que havre d’espoir, de démocratie et de prospérité », écrivent Thomas Piketty et quatre autres économistes de premier plan. Ils ont raison. La question est donc plutôt comment vous, et la génération actuelle de dirigeants européens, voulez entrer dans l’histoire.

Meilleures salutations.

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