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Charlie Hebdo détruit par des islamistes intégristes ?

Le siège du journal français Charlie Hebdo, qui publie ce mercredi un numéro rebaptisé « Charia hebdo » avec en Une la caricature du prophète Mahomet hilare, a été détruit dans la nuit par un incendie criminel, le ministre de l’Intérieur dénonçant un « attentat » peut-être commis par des musulmans intégristes.

Le site internet de l’hebdomadaire satirique a en outre été piraté. Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, qui s’est rendu au siège du journal dans le XXe arrondissement, a condamné « ce qu’il faut bien appeler un attentat », sans exclure qu’il ait été commis par des musulmans intégristes.

Il a appelé « tous les Français à se sentir solidaires » d’un journal né en 1970 et relancé en 1992, qui « exprime par son existence et par sa façon d’être la liberté de la presse ».

Le Premier ministre François Fillon a fait part de son « indignation » et demandé « que toute la lumière soit faite ».

L’incendie, provoqué par un jet de « cocktail molotov » selon une source policière, a été aussi dénoncé par des personnalités de droite et de gauche, des associations antiracistes et par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Le CFCM a toutefois rappelé que « caricaturer le prophète », nommé « rédacteur en chef » du numéro de mercredi de Charlie Hebdo, « est considéré comme une offense pour les musulmans ».

Le dessinateur Charb, directeur de la publication, et le médecin urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur, ont lié le sinistre à ce numéro spécial destiné à « fêter la victoire » du parti islamiste Ennahda en Tunisie et « la promesse du président du CNT que la charia serait la principale source de législation de la Libye ».

Charb et M. Pelloux ont accusé des activistes « islamistes », notamment pour le piratage informatique. L’incendie, parti « aux alentours de 01H00 » au 62 bd Davout et maîtrisé en tout début de journée, n’a fait « aucun blessé », a-t-on indiqué de source policière. Personne n’a été interpellé, mais « tout sera fait pour retrouver les auteurs de cet attentat », a assuré M. Guéant.

« Deux personnes (auraient) été vues en train de partir peu de temps avant le déclenchement de l’incendie », a précisé Charb.

Le journal a « coupé » dans la matinée l’accès à son site, « hacké à 05H00 depuis l’étranger », selon Eric Torcheault, directeur administratif. Peu avant 07H30, sa page d’accueil était encore remplacée par une photo de la mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ce slogan: « No god but Allah » (« Pas d’autre Dieu qu’Allah »), a constaté l’AFP. « Sur Twitter, sur Facebook, on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d’insultes », que la direction du journal s’apprêtait à transmettre à la police, a expliqué Charb.

Celle-ci avait déjà reçu des menaces en 2006 lors de la publication des caricatures de Mahomet, qui avaient fait scandale, mais elles n’avaient « jamais abouti à rien », a souligné Charb. Le directeur de la publication de l’époque, Philippe Val, avait été définitivement relaxé en 2008 après une plainte de la Grande Mosquée de Paris et de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), la justice ayant jugé que les caricatures ne constituaient pas « une injure » à l’égard des musulmans car elles visaient « clairement une fraction » – les terroristes – de la communauté musulmane.

Dans une déclaration à l’AFP, la rédaction a assuré « être contre tous les intégrismes religieux, mais pas contre les musulmans pratiquants ». Elle organise « une conférence de rédaction publique » jeudi à 15H00 au Théâtre du Rond-Point (VIIIe), et a précisé que le numéro de mercredi, tiré à 75.000 exemplaires, s’est retrouvé rapidement en rupture de stock.

Le Vif.be, avec Belga

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