Un homme à Alep © Reuters

Ces oeuvres inestimables détruites par la bêtise

Muriel Lefevre

Des djihadistes de l’EI ont détruit jeudi des oeuvres inestimables datant de l’antiquité. Ce n’est pas la seule destruction lamentable que l’on doit à la stupidité humaine. Voici une liste non exhaustive.

En saccageant le musée de Mossoul et en détruisant des fleurons de l’art pré-islamique, dont un taureau ailé daté du VIIe siècle avant Jésus-Christ, les djihadistes de l’EI ont commis une tragédie culturelle à la hauteur des bouddhas de Bamiyan, saccagés par les talibans en Afghanistan, en 2001. On ne peut malheureusement pas parler d’une première : au début du mois de février, ils avaient déjà brulé près de 2000 livres et en 2014 ils avaient également détruit le tombeau de Jonas (lire plus bas). Cependant, ce ne sont pas les seuls monuments, parfois millénaires, qui ont été détruit par les guerres et le vandalisme ou, plus crûment, la bêtise de l’homme.

La tombe de Jonas

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En 2014, les djihadistes d’EI ont littéralement fait exploser la tombe du prophète Jonas à Mossoul. Celui qui, selon la légende, fut avalé durant trois jours par une baleine avant d’être recraché sur le rivage est présent dans trois religions. Il est un signe christique couramment utilisé chez les chrétiens des premiers siècles, un prophète chez les musulmans et un « petit » prophète dans la tradition juive. Lieux de pèlerinage pour les trois religions, son tombeau a été détruit par les djihadistes uniquement au nom d’un fanatisme iconoclaste qui vise à détruire toute représentation de l’islam.

Les géoglyphes du désert d’Atacama

Ces oeuvres inestimables détruites par la bêtise
© Reuters

C’est l’endroit le plus sec au monde. C’est cela qui a permis aux immenses dessins seulement visibles du ciel de rester intacts durant des millénaires. Jusqu’à ce que le Dakar passe par là en 2009. Les organisateurs ont été « légèrement » négligents sur le tracé de la route. Ce qui a entraîné l’irréversible destruction de six sites dans le désert d’Atacama. Sur certains on retrouve des traces du passage d’une voiture et un camp précolombien a été réduit en poussière. Plus graves, les éditions suivantes n’ont fait qu’empirer les choses. Selon le Santiago Times, l’édition de 2011 a irrémédiablement détruit 44 % des sites qui ont été inspectés par les scientifiques.

Les mausolées de Tombouctou

Ces oeuvres inestimables détruites par la bêtise
© Belga

En 2012, des islamistes se lancent dans la destruction des mausolées de saints musulmans de Tombouctou. Classée patrimoine mondial en péril, la ville historique « aux 333 saints » ou « la perle du désert » est un ancien centre culturel et intellectuel d’Afrique. Désormais « libérée » des djihadistes, la reconstruction de Tombouctou est néanmoins en bonne voie selon N’Diaye Ramatoulaye Diallo, le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme.

Bénin City

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Jusqu’au 19e siècle, Bénin City était un grand ensemble urbain mondial. Son palais royal était l’un des plus importants complexes culturels d’Afrique et la cité avait l’importance d’une ville européenne. Elle disposait de squares, de galeries et les murs des maisons étaient décorés de nombreuses fresques. Le palais des Obas, la dynastie régnante, était si beau que les Hollandais l’ont reproduit en gravure comme il l’aurait fait de Florence. Et Puis, en 1897, les Anglais sont venus et l’ont réduite en cendre en moins de 17 jours lors d’une expédition punitive.

Les anciens sites syriens

La mosquée d'Alep.
La mosquée d’Alep. © Belga

Au-delà des nombreuses vies humaines qu’elle a déjà fauchées, la guerre civile qui sévit en Syrie est peut-être le conflit moderne qui va causé les plus importantes pertes de trésors mondiaux. Des sites de première importance comme Alep ou Damas sont en ruines. L’incendie du Souk d’Alep en 2012, lieu historique de la route de la soie, n’en est qu’un triste symbole. Tout comme la destruction de sa mosquée. Les combats ont aussi créé une zone de non-droit qui laisse le champ libre aux pilleurs. En décembre 2014, les Nations Unies ont déclaré que 300 sites à travers le pays avaient déjà été irrémédiablement endommagés ou totalement détruit.

L’Arabie saoudite efface et réécrit son histoire

Ces oeuvres inestimables détruites par la bêtise
© Reuters

Selon le Gulf Institute basé à Washington, depuis 1985, la famille régnante aurait détruit volontairement près de 95% de l’héritage du royaume islamique. Et ce dans l’indifférence générale. Souvent les sites sont détruits durant la nuit, et à l’aube il n’y a plus aucune trace de leur existence. Des destructions qui visent à transformer les lieux de pèlerinage comme la Mecque en centres touristiques de luxe, mais aussi pour empêcher l’idolâtrie de ces mêmes lieux, celle-ci étant contraire aux croyances des Wahabites. Un projet immobilier prévoit même de démolir la maison du prophète à la Mecque pour la remplacer par un nouveau palais royal et un centre commercial de luxe. Un chantier qui risque de changer radicalement le visage de la Mecque.

La pierre de Singapour

Ces oeuvres inestimables détruites par la bêtise
© Capture d’écran du musée de Singapour

Cette pierre pourrait être considérée, en simplifiant fortement, comme une grande soeur de la pierre de Rosette. Elle faisait 3 mètres de haut sur trois mètres de large et était couverte d’une ancienne écriture que personne ne savait décrypter lors de sa « découverte » en 1819. On pense aujourd’hui que c’était du vieux javanais ou du sanskrit. Lorsqu’en 1843 l’armée britannique décide de construire un fort à cet endroit, elle va faire exploser le bloc et utiliser les fragments pour des constructions ou le terrassement des routes. Seuls quelques fragments ont survécu et se trouvent désormais au musée de Singapour où elle est considérée comme un trésor national.

Hélas, pas toujours besoin d’aller si loin

La maison du peuple
La maison du peuple © Belga

La ville de Bruxelles aussi a subi de nombreux dommages durant les années 60 et 70 avec comme point de départ l’exposition 58. Au point que lorsqu’on amoche une ville sous couvert de modernisation, les urbanistes du monde entier utilisent désormais le terme de bruxellisation. La destruction du mont des arts n’en est qu’un exemple. Néanmoins, l’un des cas le plus emblématiques de destruction stupide est sans aucun doute la maison du peuple à Bruxelles. Le bâtiment art nouveau construit par Victor Horta pour le Parti ouvrier belge fut détruit en 1965 malgré de vives protestations internationales. En 1966 une tour monolithique en béton de 26 étages sera construite au même endroit. Certaines parties du bâtiment d’origine furent néanmoins démontées, mais mal conservées, et attendent encore un éventuel et de plus en plus hypothétique remontage.

Et dans le genre vraiment débile: la grotte de Mayrière

En 1992, de jeunes éclaireurs de France ont effacé les peintures rupestres de la grotte de Mayrière supérieure, car ils les ont confondus avec des graffitis…

>>> Lire également 15 sites disparus à tout jamais (en images)

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