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Ce qu’il faut savoir sur l’élection législative française

Stagiaire Le Vif

A peine sortis des urnes après l’élection présidentielle, les Français sont à nouveau appelés à voter, ce dimanche 11 juin, cette fois pour des élections législatives. Les sondages prévoient une large victoire pour le parti du nouveau président.

Le fonctionnement des élections législatives

Le scrutin n’est pas national mais est organisé par circonscriptions. Il en existe 577 (dont onze à l’étranger), d’où sont donc issus les 577 députés qui siègent à l’Assemblée nationale. Chaque électeur est rattaché à une circonscription dans laquelle s’affrontent des candidats de toutes les formations politiques qui sont parvenues à en présenter un.

Le mode de scrutin est le même que pour toutes les autres élections; majoritaire (non proportionnel) ; à deux tours. Autrement dit, un seul candidat peut remporter la circonscription : celui qui a obtenu la majorité des voix. Il remporte alors un siège au nom de sa formation politique. Un candidat peut l’emporter dès le premier tour s’il obtient 50% des suffrages exprimés représentant au moins 25% des inscrits. Contrairement à l’élection présidentielle, le taux d’abstention est donc déterminant.

Le deuxième tour

Si aucun candidat ne remplit ces conditions, un deuxième tour est organisé et il peut être très différent de celui de la présidentielle. La règle pour se qualifier n’est pas d’obtenir l’un des deux meilleurs scores mais de réunir un nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % des inscrits. Il peut donc arriver qu’il y ait trois, voire quatre candidats au second tour. Le gagnant est celui qui arrive ensuite en tête.

L’objectif des partis est d’obtenir au moins 289 députés (donc de remporter le scrutin dans 289 circonscriptions) pour avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale et pouvoir ainsi appliquer leur programme sans avoir à négocier avec les autres formations politiques.

Des élections indispensables pour gouverner

Un président élu ne peut rien mettre en oeuvre sans avoir de majorité à l’Assemblée nationale. Selon la Constitution française, c’est bien le gouvernement qui décide de la politique du pays et c’est l’Assemblée qui vote obligatoirement les lois. Si la majorité des députés est d’une autre famille politique que celle du président, alors le gouvernement sera de la même couleur politique que l’Assemblée.

C’est pour cette raison, qu’au soir même de la victoire d’Emmanuel Macron, ses opposants politiques appelaient déjà leurs électeurs à se remobiliser pour les législatives. Mais, selon les premières estimations de vote des Français à l’étranger et des sondages, le parti du nouveau président semble disposer à atteindre une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale.

En Belgique, le vote, qui a déjà eu lieu, a donné le candidat de La République en Marche pour le Benelux, Pieyre-Alexandre Anglade, grand vainqueur. Il a obtenu près de 50 % des voix, selon des résultats provisoires. Il est suivi de très loin par la candidate de La France insoumise Sophie Rauszer (13 %) et Perrine Ledan d’Europe Ecologie Les Verts (10 %).

Selon une étude Odoxa pour Le Point, la République en marche obtiendrait la majorité absolue, avec 33% des intentions de vote au premier tour. En terme de sièges, la REM (République en Marche) obtiendrait jusqu’à 400 sièges, selon les dernières estimations. Bien plus que ce qu’il faut pour obtenir la majorité donc.

Les réactions des autres partis

Face aux sondages, les autres partis, de droite comme de gauche, estiment que ce manque d’opposition pourrait être problématique. François Baroin, le leader de la droite et du centre s’est exprimé à ce sujet sur une radio française : « On passe vers une stratégie de domination hégémonique. Je ne crois pas que ce soit une bonne chose pour le président de la République et je ne crois pas que ce soit sain pour le débat démocratique », analyse-t-il. « Avoir une majorité obèse à l’Assemblée crée plus de tensions, plus de difficultés et moins de capacités pour mettre en oeuvre la politique pour laquelle on a été élu ».

Où en sont les anciens candidats de l’élection présidentielle ?

En France, après les élections présidentielles, les principaux concurrents d’Emmanuel Macron pour cette législatives étaient Marine Le Pen, à la tête du Front national, et Jean-Luc Mélenchon avec son parti de la France insoumise. Dans leurs circonscriptions respectives, ces deux candidats sont en bonne posture pour l’emporter.

Marine Le Pen, serait en tête à Hénin-Beaumont, selon les sondages. Elle donc pourrait accéder pour la première fois à l’hémicycle.

Cependant, si son parti n’a pas assez d’élus à l’issue de cette élection, il ne sera pas possible de former une réelle opposition, ce qui selon Marine Le Pen, est la faute du système : « Si en ayant rassemblé plus d’un Français sur trois à la présidentielle nous n’aurions pas de groupe parlementaire par le jeu d’un système inique, en réalité ce ne serait pas le problème du FN, mais celui de la démocratie ! ».

Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, affirme encore pouvoir former une opposition. Il a affirmé ce vendredi au micro d’une radio française : « La France Insoumise est aujourd’hui le premier bloc d’opposition. Quand vous élisez un député PS (parti socialiste) ou LR (républicain), vous ne savez pas s’il sera avec Macron ou pas », ajoute-t-il. « Quand vous élisez un député France Insoumise, vous savez qu’il appliquera son programme. »

Benoît Hamon, lui semble beaucoup moins sûr de lui. Candidat à sa réélection dans la 11e circonscription des Yvelines, l’ancien candidat du PS à la présidentielle lancera son nouveau mouvement politique le 1er juillet. Aujourd’hui, il y a encore 284 députés socialistes, mais ce chiffre pourrait être divisé par neuf dans la prochaine Assemblée, selon plusieurs sondages. Le parti majoritaire est à la veille d’une déroute historique.

François Fillon, lui, n’est candidat nulle part. Le candidat des républicains avait, après les présidentielles, d’autres affaires à régler.

Océane Cordier

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