Brexit : merci Mme Merkel !

La question de la migration et des immigrations a pesé lourd lors de la consultation populaire sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

L’appel d’air d’Angela Merkel en vue de compenser la perte de 200.000 habitants par an en Allemagne par un accueil massif de migrants en provenance d’une civilisation en proie aux soubresauts permanents a vraisemblablement joué un rôle crucial en faveur du Brexit. La chancelière allemande a fait peur aux Britanniques.

Certes, le fonctionnement perçu comme opaque de l’Union européenne, réputée loin des peuples voire contre les peuples, son indigestion légistique, sa novlangue, son déficit démocratique, ses doublons, ont agi comme toile de fond. L’Union provoque aujourd’hui la nausée plutôt qu’elle n’entraîne l’engouement.

Pour Paul Magnette, si un référendum avait lieu en Wallonie, terre pourtant pro-européenne s’il en est, il ne donnerait pas cher de l’Europe en raison de sa politique (obsession ?) d’austérité fortement inspirée par le néolibéralisme, ce qui est peut-être discutable tant le ras-le-bol eurosceptique est multifactoriel.

Ce qui l’est moins, c’est le risque d’un effet domino.

Car il y a parmi le camp favorable au Brexit, deux types d’analyses :

Pour les « eurosceptiques raisonnables », le Brexit est une belle leçon pour les technocrates de Bruxelles.

Depuis le Brexit, il est minuit moins cinq sur l’Horloge de l’Apocalypse européenne.

Soit ceux-ci comprennent leur erreur et s’attèlent à un sursaut de grande amplitude pour sauver le rêve européen tout en restant sur le plancher des vaches (le principe de subsidiarité prescrit déjà que l’Europe ne doit s’occuper que de ce que les États membres ne font pas mieux seuls). Le Brexit aura été alors une gifle salutaire pour mieux avancer vers une construction européenne plus respectueuse des souverainetés voire des régionalismes.

Soit les bureaucrates aux salaires enviés qui squattent le Rond-Point Schuman confirment la perception qu’ils agissent contre ou en dépit des peuples et l’aventure s’arrête là. Message direct à Jean-Claude Juncker, trop souvent dans le déni et soudain matamore envers l’ambulance britannique en partance.

Pour l’autre camp, celui des eurosceptiques jusqu’au-boutistes, il s’agit maintenant d’encourager l’avènement d’autres « Exit », les uns après les autres et contempler notre continent imploser dans un chaos indescriptible, au risque que, comme le veut l’adage, il ne dévore ses propres enfants.

L’option de ces anti-européens ultras est mortifère : elle revient à se condamner à une Europe néo-moyenâgeuse des royaumes, duchés, comtés et principautés en conflit perpétuel.

Est-ce ce marasme que souhaitent les nombreux déçus de l’Europe ? Vraisemblablement pas.

Avant de ricaner, il conviendrait de se souvenir ensemble, sur ce continent souvent maudit par les guerres et les génocides, de tout ce que l’idée européenne nous a apporté, directement ou indirectement : stabilité, paix, libre circulation, protection sociale, inflation jugulée, absence de risque de change, approfondissement de l’identité européenne via l' »European English », programme Erasmus, exception culturelle, approche industrielle plus écologique, solidarité intra-européenne, taille critique pour peser face aux autres pays-monde (USA, Chine, Inde, Russie…), trains à grande vitesse, démocratisation du tourisme, Arianespace, Airbus, etc. (liste non exhaustive).

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