En juin dernier, des milliers de Rohingyas avaient été forcés de quitter leurs villages. © Soe Zeya Tun / Reuters

Birmanie : le gouvernement procède à un « nettoyage ethnique »

Stagiaire Le Vif

Selon un rapport de Human Rights Watch, la minorité musulmane des Rohingyas serait victime d’un « nettoyage ethnique » de la part des autorités birmanes. Déplacée de force, « la minorité la plus persécutée du monde », selon l’ONU, risquerait d’être touchée par une « crise humanitaire ».

« Le gouvernement birman s’est livré à une campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas », affirme le rapport accablant de Human Rights Watch (HRW) publié le 22 avril. Intitulé « Tout ce que vous pouvez faire, c’est prier », il accuse l’État bouddhiste de refuser l’aide humanitaire et d’imposer des restrictions de liberté de circulation à la minorité musulmane des Rohingyas.

Déplacés de forces et privés d’aide humanitaire

Selon l’ONG, des violences encouragées par des responsables birmans et des moines bouddhistes auraient été perpétrées à l’encontre de quartiers et de villages musulmans, en octobre dernier dans l’État d’Arakan . Déplacés de force, obligés de vivres dans des camps de fortune, le gouvernement leur refuse « l’accès à l’aide humanitaire », selon Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de HRW.

Au moins 211 personnes auraient été tuées, mais ce bilan serait largement sous-évalué estime l’ONG qui évoque notamment l’existence de quatre charniers permettant aux forces de sécurité de dissimuler les preuves de leurs crimes. Meurtres, persécutions, expulsions et déplacements forcés de population ont lieu en Birmanie depuis juin dernier, selon Human Rights Watch qui alerte : « une crise humanitaire totalement prévisible et évitable risque de se produire dans quelques semaines seulement ».

Le jour même de la publication de ce rapport, l’Union européenne levait toutes les sanctions à l’encontre de la Birmanie sauf l’embargo sur les armes. Elle n’ignore pourtant pas les difficultés humanitaires dans l’État d’Arakan touchant notamment les Rohingyas. Une décision « prématurée », pour Phil Robertson, qui limiterait les moyens de pression à l’encontre du gouvernement birman.

« La minorité la plus persécutée au monde »

Les violences à l’encontre de cette minorité des Rohingyas ne sont pas inconnues de la Communauté internationale. L’ONU la considère même comme la minorité la plus persécutée au monde. Musulmans dans un pays en majorité bouddhiste où les violences religieuses ne sont pas rares, les Rohingyas sont avant tout considérés comme des intrus sur le sol birman. « Ils sont entrés illégalement dans le pays et ils ne font pas partie du système ethnique », estimait le Président birman Thein Sein devant le commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, en juillet dernier.

Et de fait , selon la loi de 1982 sur la nationalité, les Rohingyas ne font pas partie des huit « ethnies nationales » reconnues. Apatrides, ils ne peuvent devenir birmans qu’en prouvant que leurs ancêtres étaient présents sur le sol birman avant l’indépendance du pays, en 1948.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire