Tin Oo, le patron du NLD, et Tin Tin Aye, la femme de Ko Ni, l'avocat musulman tué la veille. © AFP

Birmanie: choc après le meurtre d’un conseiller musulman d’Aung San Suu Kyi

Le Vif

La Ligue nationale pour la démocratie (NLD) d’Aung San Suu Kyi a dénoncé l’assassinat politique dimanche de Ko Ni, célèbre avocat musulman, conseiller juridique du parti et connu pour ses discours sur la tolérance religieuse.

De retour d’un voyage avec une délégation gouvernementale, ce dernier, âgé de 63 ans, a été abattu alors qu’il attendait une voiture à l’extérieur de l’aéroport de Rangoun, a expliqué à l’AFP Zaw Htay, porte-parole du président birman.

« Nous dénonçons avec force l’assassinat de Ko Ni qui représente un acte terroriste contre la politique de la NLD », a déclaré le parti dans un communiqué publié dimanche dans la nuit.

Le meurtrier, qui a également tué un chauffeur de taxi qui tentait de l’arrêter, a été par la suite appréhendé par les forces de l’ordre.

« J’ai entendu un ‘bang’, je pensais que c’était un pneu. Je me suis retourné et là j’ai vu mon père à terre avec mon fils. J’ai hurlé », a raconté Yin Nwe Khaing, la fille de Ko Ni, à une télévision locale.

« Beaucoup de gens nous détestent parce que nous avons une religion différente », a-t-elle ensuite ajouté.

La police n’a pour l’instant fourni aucune indication quant aux motifs du meurtre. Les funérailles de Ko Ni auront lieu lundi après-midi.

« Sa perte est immense pour Aung San Suu Kyi et la NLD car il a toujours soutenu le parti et la politique d’Aung San Suu Kyi et servait de conseiller juridique », a ajouté la NLD, qui a pris le pouvoir depuis mars 2016.

Alors que les tensions inter-religieuses sont fortes dans le pays, cet avocat de confession musulmane était une voix plaidant pour davantage de pluralisme et de tolérance religieuse.

Depuis l’ouverture du pays en 2011, les violences contre la communauté musulmane, qui représente moins de 5% de la population, sont récurrentes en Birmanie.

Ma Ba Tha, groupe de moines bouddhistes extrémistes qui se voit comme une vigie contre la menace d’une islamisation de la Birmanie, est accusé d’attiser la haine antimusulmane dans le pays.

Peu de temps après le meurtre de Ko Ni, Yanghee Lee, l’envoyée spéciale pour les Nations unies en Birmanie, qui l’avait rencontré il y a deux semaines, a réagi sur Twitter: « C’est terrible. Aung San Suu Kyi doit faire la lumière sur cette mort ».

Josef Benedict, d’Amnesty International, a dénoncé un « acte épouvantable ».

« Ko Ni était un militant infatigable des droits de l’homme, et sa mort marque la perte d’une voix importante », a-t-il ajouté, estimant que les « autorités devaient envoyer un message clair montrant que cette violence ne serait pas tolérée ».

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