Incendie à l'Institut d'information scientifique en sciences humaines de l'Académie des sciences de Moscou. © BELGAIMAGE/AFP

Autodafés : des pertes souvent inestimables

Stagiaire Le Vif

L’incendie d’une bibliothèque à Moscou, des livres brûlés par l’Etat islamique en Irak,… La destruction de livres, qu’elle soit intentionnelle ou non, se révèle toujours une perte inestimable en matière de savoir et de culture.

Le 31 janvier dernier, un incendie ravageait la plus grande bibliothèque universitaire de Moscou, celle de l’Institut d’information scientifique en sciences humaines de l’Académie des sciences (Inion), et provoquait la disparition de plus d’un million de documents historiques, rapporte le Courrier International. Les ouvrages, datés du XVIe au XXe siècle, comprenaient notamment des documents de la Société des Nations, de l’ONU et de l’UNESCO uniques en Russie. La perte est estimée à 15% des documents des réserves.

Si l’origine de cet incendie reste indéterminée, aucun doute sur les évènements récents en Irak. En effet, l’Etat islamique a brûlé 2000 livres provenant de la bibliothèque de la ville de Mossoul. Ces ouvrages étaient notamment des livres pour enfant, de philosophie et de sciences ainsi que des journaux du début du XXe siècle. Seuls les livres sur l’islam auraient été épargnés, selon une information d’Associated Press relayée par le Figaro.

Pas un phénomène nouveau

Dans le langage courant, on appelle ça un « autodafé », c’est-à-dire la destruction par le feu d’un objet qu’on condamne, bien souvent des livres. Et ce n’est d’ailleurs pas un phénomène nouveau, loin de là. Les livres sont un symbole et représentent l’ouverture sur le monde, la culture. C’est par définition en contradiction avec des courants qui souhaitent imposer une pensée unique.

Mais pourquoi les brûler et pas simplement les jeter ou les transposer dans un endroit inaccessible ? François Boespflug, spécialiste de l’histoire comparée des religions et professeur émérite à l’université de Strasbourg, interrogé par Le Figaro , explique : « Parce que c’est une manière exemplaire, impressionnante de manifester sa haine de la culture. Et, bien sûr, on choisit les livres éducatifs et scientifiques qui, selon eux, pervertiraient la notion de puissance divine. » Il ajoute que c’est aussi une façon montrer sa puissance.

L’Histoire est truffée de destruction des savoirs. C’était déjà le cas en 1933, où tous les livres en contradiction avec « l’esprit nazi » avaient été brûlés dans plusieurs bibliothèques allemandes. Plus récemment, en 2013 au Mali, des islamistes avaient tenté de brûler des manuscrits de Tombouctou, rares et classés au Patrimoine mondial par l’UNESCO. Heureusement, 90% d’entre eux ont pu être sauvés .

Peut-on estimer la perte des savoirs ?

Le Courrier International publiait déjà en octobre 2014 une infographie pour mesurer le savoir détruit par les différentes guerres et catastrophes . Cette infographie a été réalisée par un journaliste espagnol, Samuel Granados, qui a publié initialement cette infographie dans le supplément culturel du journal italien Corriere della Sera.

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