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Au camp de Dachau, Merkel exprime sa « tristesse profonde » et sa « honte »

Le Vif

La chancelière Angela Merkel a exprimé mardi sa « tristesse » et sa « honte » « profondes » au camp de concentration de Dachau où elle a fait une visite historique mais controversée, à près d’un mois des élections législatives.

« Le souvenir des destins (fracassés des détenus) me remplit d’une tristesse et d’une honte profondes », a souligné la chancelière allemande au cours d’une brève allocution pendant sa visite, la première d’un chef de gouvernement allemand dans ce camp proche de Munich (sud).

« Chaque détenu du camp de Dachau ou d’autres camps de concentration avait évidemment une histoire personnelle qui a été interrompue ou même anéantie », a souligné Angela Merkel, qui a également déposé une gerbe de fleurs avant de s’entretenir avec des survivants au cours de cette visite d’une heure.

Le camp de Dachau, où figure à l’entrée la sinistre devise des nazis « Arbeit macht frei » (« le travail rend libre »), incarne « un chapitre effroyable et sans précédent de notre histoire », selon elle. « En même temps, cet endroit est un avertissement insistant : comment a-t-on pu en arriver en Allemagne à ce qu’on retire le droit de vivre à des gens en raison de leur origine, de leur religion (…) de leur orientation sexuelle ? » a interrogé la chancelière, qui prononçait ce discours sur la place d’appel du camp où périrent plus de 43.000 personnes, selon les responsables du Mémorial.

La dirigeante, en tailleur anthracite, le visage fermé et la voix empreinte d’émotion, a également rappelé qu’une « immense majorité des Allemands » avait fermé les yeux ou n’avait rien fait contre la déportation des Juifs ou des opposants politiques.

Cette visite, accompagnée de survivants, « est un pont de l’Histoire vers le présent et vers l’avenir que nous voulons continuer de bâtir », a-t-elle conclu.

Ce déplacement de la chancelière, en pleine campagne électorale pour les législatives du 22 septembre, devait se poursuivre par un meeting électoral sous une « tente à bières » dans cette localité, ce qui a suscité des critiques.

Les Verts allemands et certains médias avaient ainsi jugé maladroite la concomitance de ces deux événements dans une même journée.

Le camp de Dachau avait ouvert en mars 1933, peu après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, pour des prisonniers politiques. Ce fut le premier des camps nazis, et il a servi de modèle.

Plus de 200.000 opposants politiques, homosexuels, Juifs, handicapés, Tziganes ou prisonniers de guerre y furent internés, dont l’ancien Premier ministre français Léon Blum, qui était juif. Plus de 41.000 d’entre eux y furent tués, ou moururent d’épuisement, de faim ou de maladie avant que le camp ne soit libéré par les Américains en avril 1945.

Aujourd’hui il accueille quelque 800.000 visiteurs par an.

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